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“Cette crise va remettre les valeurs essentielles au premier plan”, estime le président des Traiteurs de France

3 min de lecture
Traiteur organisateur de réceptions avec bouchées

Depuis le 1er mars, le réseau des Traiteurs de France (37 entreprises leaders en région, 1800 collaborateurs, 204 millions de chiffre d’affaires annuel) a perdu 16 millions de chiffre d’affaires. Son président, Alain Marcotullio – qui dirige une entreprise à Nancy (Meurthe-et-Moselle) – revient sur la précipitation des événements depuis un mois, accélérée par le confinement. Il présente sa vision de l’avenir du secteur dans une longue tribune publiée sur le Web.

Quels ont été les premiers signes de l’arrêt de l’activité ?

Nous avons senti que les activités étaient à l’arrêt bien avant le confinement et la fermeture des restaurants. Dès le 2 mars, nous avons été prévenus par les traiteurs du sud de la France, les premiers impactés par l’annulation du Mipim, le salon de l’immobilier prévu à Cannes. Le lendemain, les autres régions étaient concernées. Dans ma région du Grand-Est, l’entreprise a enregistré vingt-quatre annulations en quarante-huit heures.

Comment chiffrez-vous l’impact de la crise sur votre réseau ?

A la date du 10 avril, nous recensions 2264 opérations annulées par nos clients dans le réseau depuis le 1er mars, soit 16 millions d’euros de chiffre d’affaires perdu. Le réseau des Traiteurs de France perd entre 600 000 et 800 000 euros en moyenne par jour. 92% des effectifs sont au chômage partiel. 68% des entreprises assurent une permanence commerciale, pour faire le lien avec leurs clients (la saison des mariages arrive notamment en mai-juin). Les laboratoires sont fermés à hauteur de 94% : nous avons encore des adhérents qui ont des boutiques, et d’autres qui assurent de la livraison.

Qu’en est-il des autres prestataires ?

Un traiteur organisateur de réceptions emploie en moyenne 40 à 80 personnes, sans compter les contrats d’extras : dès lors qu’une réception est annulée, les serveurs, les cuisiniers, les hôtes, les agents de sécurité, les livreurs de boissons… sont à l’arrêt. L’écosystème évènementiel est très important.

“Il faut accompagner les professionnels qui se battent pour sauver des vies”

Quelle organisation avez-vous mis en place pour accompagner les entreprises ?

Nous avons créé une cellule de crise, avec des groupes de travail par adhérents. La banque, les assurances : nous sommes toujours six à sept adhérents, accompagnés d’un membre du bureau et d’un expert avant d’envoyer les informations à l’ensemble du réseau. Nous devons inclure les cas de force majeure dans les conditions générales de vente. Nous avons également mis en place un groupe de travail sur l’après-crise : nos clients seront impactés aussi par le confinement. On travaille collectivement sur des sujets d’urgence d’aujourd’hui, et quel sera le métier de traiteur de demain.

De quelle manière avez-vous participé à l’élan de solidarité ?

Plus de 40% des entreprises ont donné leurs équipements de protection (blouses jetables, charlottes, masques, sur-chaussures…), et plus de 40% des traiteurs ont fourni des denrées alimentaires, pour amener un peu de joie à nos soignants. Mon entreprise a livré des repas aux deux hôpitaux de Metz et Nancy ainsi que dans les casernes de pompiers de la région de Nancy. Nous avons préparé des plateaux, des box… De nombreux professionnels se battent au quotidien pour sauver des vies. Par ailleurs, les Traiteurs de France ont signé de longue date un pacte anti-gaspillage.

Que peut-on entrevoir pour la reprise ?

Cette crise va remettre les valeurs essentielles au milieu de tout. Nous redémarrerons par de petits groupes, en famille. Les plateaux-repas, les coffrets-repas d’entreprise vont redémarrer, puisque tous les restaurants ne seront pas ouverts. Je pense que les congrès ne reprendront pas avant la fin du mois de septembre. Cette crise m’a appris beaucoup de choses : même dans notre métier, travailler encore plus avec des producteurs locaux est essentiel, Quand ce n’est pas la saison des asperges, on n’en propose pas. C’est logique. Nous irons plus loin dans le sourcing, avec nos producteurs locaux.

Photo par stempow de Pixabay

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Journaliste dans la presse professionnelle, j'édite Business & Marchés à titre personnel depuis 2007.
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