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Couvre-feu : un affaiblissement supplémentaire d’un secteur des bars-restaurants déjà en difficulté

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Chaises, bar, restaurant

Après l’application de nouvelles règles, les restaurants et les bars devront se conformer par endroits au couvre-feu en vigueur cet automne. Déjà affaiblis par la chute de la fréquentation, du tourisme et de leur trésorerie, de nombreux établissements risquent de voir leurs difficultés s’aggraver, comme les professionnels de l’événementiel, de la culture ou du spectacle.

A partir de ce samedi 16 octobre, la région Ile-de-France et les métropoles de plusieurs villes (Toulouse, Grenoble, Lille, Lyon, Aix-Marseille, Saint-Etienne, Rouen, Montpellier) seront soumises, pour au moins quatre semaines (un délai qui pourra être rallongé à six semaines), à un couvre-feu entre 21 heures et 6 heures, avec le retour des attestations de déplacement horodatées. “Le couvre-feu va nécessairement impacter les entreprises de la restauration, les débits de boisson, les espaces culturels, les grands événements ou encore le tourisme”, reconnaît le gouvernement, qui prolonge le financement total du chômage partiel, facilite l’accès aux prêts garantis et élargit les modalités d’accès au fonds de solidarité.

Une nouvelle mesure qui vient après plusieurs semaines d’atermoiements : protocole sanitaire, fermeture anticipée en soirée des bars dans les agglomérations d’Aix-Marseille et de Paris, fermeture totale des bars et renforcement du protocole dans les établissements effectuant un service de restauration. Le couvre-feu à 21 heures affecte les clients qui doivent prendre le temps de rentrer chez eux (notamment en banlieue, à Paris ou autour des villes concernées) après un passage au restaurant, au théâtre, au cinéma, dans un centre commercial… Quand bien même les transports en commun continueront-ils à fonctionner normalement, les temps de trajet jusqu’au domicile constituent un enjeu clef de la réussite du couvre-feu.

Des établissements déjà mal en point

Avant l’annonce du couvre-feu, nombre d’établissements étaient déjà en difficulté. Boulevard Montmartre, sur les grands boulevards, à Paris, un important restaurant réalise 20% à 30%, chaque jour, de son nombre habituel de couverts. Ses effectifs sont au chômage partiel deux à trois jours par semaine. “Dans le quartier, les grandes brasseries sont également vides.Il n’y a aucune visibilité. Tant que certains pays limitent leurs vols ou qu’il n’y a pas de vaccin, nous serons en difficulté”, explique le responsable marketing et commercial de l’établissement, qui constate aussi “qu’il y a moins d’envie de venir au restaurant” et les effets du télétravail à l’heure du déjeuner. Il s’efforce de développer de nombreuses offres pour les familles et leurs enfants.

A proximité du Marais, le 153, un bar à cocktails bénéficiant d’une cuisine et d’une véritable offre de restauration a refondu sa carte food dès l’annonce de la fermeture anticipée à 22 heures. “Nous obligeons nos clients à consommer un vrai plat, sans que cela soit un prétexte, mais il faut le rappeler régulièrement”, explique son directeur, Hugo Vasquez. Rouvert fin août après les congés estivaux, l’établissement commençait, mi-septembre, à retrouver sa clientèle, et a bénéficié de l’apport de la terrasse éphémère. “Nous restons un établissement de vie et nous devons créer du lien”, insiste le manager. Le lieu fermera ce vendredi soir pour rouvrir une semaine plus tard, avec des horaires et une carte réadaptés en journée, de 12 heures à 20h45 a priori. La carte sera réorientée sur le sans-alcool (une demande émergente) et le sucré-salé.

A La Défense (Hauts-de-Seine), l’emblématique quartier d’affaires souffre de la désertion des bureaux. Au cours des premiers jours de la semaine prochaine, Octopus, bar-restaurant situé au pied de l’esplanade, ouvrira jusqu’à 21 heures et testera ce nouveau créneau horaire auprès de ses clients. Lesquels ont jusqu’alors répondu présents le midi. Son équipe a dû décliner les demandes de groupes de plus de six personnes. L’effectif est passé de 25 à 12 personnes pour s’adapter à une activité réduite à 50% du volume habituel. “Nous nous adaptons en permanence”, souligne Joseph Pinsault, directeur. Gel à l’entrée, cahier de rappel digitalisé, menus via QR Code : les mesures sanitaires sont respectées, et l’imposant volume de la salle facilite la distanciation. Début octobre, un menu dédié aux cocktails des années 1990 (nous y reviendrons longuement) avait été lancé, preuve de l’esprit d’initiative dans l’établissement.

Des réactions unanimes

“Cette nouvelle contrainte horaire qui condamne le service du soir a pour conséquence pure et simple d’obliger nos restaurants à fermer”, estime l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie. “L’interdiction des fêtes privées et mariages partout en France, finit d’achever tout espoir d’activité pour les traiteurs organisateurs de réceptions”, ajoute le Groupement national des indépendants hôtellerie-restauration.

Le gouvernement estime le coût du couvre-feu à 1 milliard d’euros par mois de compensations de sa part.

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