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Comment cet hôtelier a traversé la crise à Paris et en montagne

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Oh la la - Hôtel à Paris Bastille

A l’issue d’une belle saison hivernale, le confinement a stoppé la trajectoire d’Assas Hôtels, qui regroupe neuf hôtels en montagne et à Paris. Son PDG, Romain Trollet, revient sur la gestion de cette crise inédite.

Crée en 2011, le groupe Assas Hôtels maîtrise l’ensemble de la chaîne des opérations hôtelières – création d’établissements, exploitation, marketing, suivi administratif… Il regroupe deux hôtels à Chamonix, un à la Plagne, un aux Ménuires, un à la Clusaz, un à Val-Thorens, un à Grenoble, et trois à Paris, avec entre 350 et 400 salariés selon les saisons. Son président-directeur général, Romain Trollet, revient sur la gestion de la crise.

De quelle manière avez-vous appréhendé la crise ?

On a vécu l’arrivée de la crise assez différemment à la montagne et à Paris. A Paris, nous avions déjà eu les grèves, qui nous avaient déjà pénalisés. A la montagne, la saison était assez exceptionnelle, avec de la neige en altitude, du beau temps, un calendrier scolaire de bonne qualité. On a commencé sentir le vent tourner avec le cas de coronavirus aux Contamines-Montjoie, qui a fait des remous. Dès la fin février, les séminaires prévus en mars, un gros mois d’affaires en montagne, ont été annulés. La clientèle loisirs s’est bien maintenue.

Quelle a été votre première réaction face à la fermeture précipitée des établissements ?

Le 14 mars au soir, a suivi l’annonce de la fermeture des cafés-hôtels-restaurants. Les hôtels de montagne étaient pleins à craquer. Nous avions des visiteurs qui venaient du monde entier. On a eu besoin de quelques jours pour fermer les hôtels, le temps d’organiser le départ des clients. Nous avons des clients arrivés en voiture ou avion qui ont dû repartir le jour-même ! Nous avons dû trouver des vols, des trains… Nos équipes saisonnières s’inquiétaient aussi, de peur de rester bloquées en station.

Quelles sont les prochaines dates prévues pour la reprise de l’activité ?

A la montagne, notre saison se termine entre la mi-avril et la fin du mois d’avril. Très rapidement, nous nous sommes rendu compte que les stations ne rouvriraient pas. Pour un hôtel comme celui de la Plagne, nous avons fermé avant la saison prochaine. A Paris, nous nous sommes projetés soit sur la saison d’été, soit sur la saison prochaine. Le 19 et le 26 juin nous rouvrirons à Chamonix, et le 25 juin à la Clusaz. A Paris, le Oh la la la ! a rouvert la semaine dernière, le Square Louvois à Paris cette semaine, le Royal Madeleine le 26 juin. On continue avec une part de chômage partiel, compte tenu de la faible fréquentation.

“La reprise sera très lente à Paris, plus rapide en montagne”

Comment travaillez-vous sur les conditions de réouverture ?

Nous avons une équipe de trois personnes qui travaille sur le dossier de la réouverture depuis deux mois. C’est un travail à temps plein. Nous avons des affichages dédiés et des protocoles. Nos exigences sont poussées, sans avoir l’impression de se retrouver dans des lieux impersonnels. A l’hôtel Heliopic de Chamonix, nous avons 100 chambres, salles de séminaire, un restaurant et un spa par exemple. Nous avons organisé un sens de circulation au niveau des réceptions. Notre personnel aura des masques. Nous n’aurons plus, dans les chambres, de plaids ou d’oreillers décoratifs, compliqués à nettoyer en permanence, sans pour autant dépouiller les espaces. Nous avons placé des vitres sur les comptoirs de réception. Nous avons réduit le nombre de places assises dans nos restaurants, dont nous avons la chance qu’ils soient grands. Le spa sera ouvert, avec un nombre d’utilisateurs simultanés limité. Les clients devront porter un masque, conformément à la législation. A l’hôtel Oh la la !, nous exploiterons le bar en terrasse ; les petits-déjeuners seront servis en chambre ou à emporter.

Comment percevez-vous la reprise de la fréquentation ?

A Paris, la reprise de l’activité sera vraiment très lente, avec des taux d’occupation de 20 % à 30 % cet été. En montagne, les réservations sont encourageantes depuis deux semaines. On sait que l’on ne rattrapera jamais le retard qui a été pris. Beaucoup d’événements ont été annulés. La saison ne sera pas bonne. Je suis plus optimiste aujourd’hui, que je ne l’étais il y a deux semaines. Toutefois, il n’y a pas de frémissement sur l’activité entreprises et MICE. Traditionnellement, septembre est un gros mois de séminaires. Nous essaierons d’être attractifs cet été, mais sans casser le marché. Nous avons la chance d’avoir des employés qui travaillent partout : pour leur famille ou leurs amis, ils bénéficieront de réductions. Nous avons aussi essayé d’utiliser le maximum de leviers commerciaux. Il faut savoir redémarrer la machine, même doucement.

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Journaliste dans la presse professionnelle, j'édite Business & Marchés à titre personnel depuis 2007.
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