Focus, au Salon international de l’agriculture, sur les tendances du marché de la bière, et des nouveautés à suivre.
Dans un contexte parfois jugé trop festif, nombreux sont les brasseurs à avoir repris le chemin du Salon international de l’agriculture, organisé du 25 février au 5 mars à Paris. L’occasion de mettre en avant l’extraordinaire développement du secteur (2600 brasseries), mais aussi de faire le point sur ses enjeux. “L’inflation est la grande inconnue de 2023. 85% des TPE-PME estiment que le coût de l’énergie sera supérieur à 3% du chiffre d’affaires, contre 59% en 2022. Les verriers et les malteurs sont gazo-intensifs, et sont fortement concernés”, souligne Alicia Botti, directrice de la communication de Brasseurs de France, le premier syndicat professionnel du secteur.
Des préoccupations à relier aux apports pouvant être apportés par une politique environnementale soutenue. “En vingt ans, les brasseurs ont réduit leur consommation d’eau de 40%”, avec un objectif de parvenir à -50% en 2030. 30% des bières sont transportées à l’aide de véhicules électriques, trains ou bateaux, estime le syndicat. 3 millions de fûts ont été réemployés dans le circuit cafés-hôtels-restaurants. De nouveaux débouchés sont par ailleurs trouvés pour les drèches, les résidus de brassage, historiquement utilisés dans l’agriculture. Des aides à l’investissement ont été sollicitées afin de poursuivre cette transition environnementale.
Meteor sort de ses codes
A Hochfelden (Bas-Rhin), la brasserie Meteor, déjà en pointe sur la consigne dans la grande distribution, lance quatre bouteilles au format 33cl (dont l’IPA, la Triple et la bière de Noel), permettant de passer à douze références en bouteilles consignées. “Ces nouvelles références seront plus attractives que la moyenne des bouteilles 33 cl perdues”, précise l’entreprise créée en 1640. L’occasion de déguster sa bière saisonnière à la cerise (5,5%), lancée au printemps 2022. Une recette très accessible, juicy, dotée d’une belle sucrosité. Du jus de cerise griotte a été intégré après la fermentation, et avant centrifugation. Un moyen d’apporter une pointe d’acidité, “comme une petite friandise”, illustre Sébastien Duban, brand ambassadeur.
Nouveauté à venir dans les prochaines semaines, la Kalaman’Sour (5,7%), également en édition limitée. Un univers graphique très seventies identifie cette bière sour, au jus de kalamansi et au gingembre, disponible uniquement dans le réseau CHR. “Elaborée dans l’esprit d’une Berliner weisse, elle vise à rendre les sour accessibles. Nous avons travaillé son côté lactique”, explique Sébastien Duban à propos de cette bière qui casse les codes de Meteor. Une bière de fermentation haute très épaisse, finement épicée, à base de kalamansi, un agrume originaire des Philippines, et de gingembre.
La Triple (8%) se rapproche davantage des recettes traditionnelles de la brasserie. Une belle robe, cuivrée, permet d’appréhender cette bière dont l’attaque est portée sur la rondeur et la céréale, avant de découvrir la subtilité de la recette : de la coriandre infusée à froid. “La rondeur de l’alcool se mêle aux subtiles notes citronnées et épicées apportées par la coriandre”, décrit la brasserie. L’amertume est discrète, permettant d’élargir, sans doute, le vivier de consommateur de cette triple qui cache bien son jeu, puisqu’il est difficile de détecter son taux d’alcool.
La brasserie Perle en mouvement
Toujours en Alsace, la brasserie Perle, relancée en 2009, va rester à Strasbourg (Bas-Rhin) mais emménager au printemps dans de nouveaux locaux, construits sur-mesure, après huit ans passés à son implantation actuelle. Une phase de transition qui illustre son succès, notamment construit par sa pils, Dans les vignes (excellente bière au jus de raisin d’Alsace) et de nombreux brassins éphémères. Pour accompagner les travaux, une série de recettes éphémères (“Une bière à l’édifice”) a aussi été lancée. Pour accompagner les travaux hivernaux (électricité, plomberie), une double IPA, Hop Réseaux (8%), a été brassée. Une attaque très fraîche (fleurs blanches, orange), avant de monter en puissance sur les céréales, pour se rapprocher de l’alcool en fin de bouche.
La Perle florale, une blonde de printemps (4,8%) aux orges de printemps et fleurs de houblon de la dernière récolte, est pour sa part très herbacée, avec de belles notes proches du foin, et présente des arômes fruités. A découvrir aussi,dans la gamme permanente, Blanche perle et les 7 grains (4,8%), une bière blanche multi-céréalière très dense, qui invite à la dégustation.
Une triple et des nouveautés chez Newbeers
Fidel Sabro – Page 24
La structure commerciale Newbeers profite pour sa part du salon pour poursuivre ses efforts sur les brasseries Mélusine (Vendée), Page 24 (Pas-de-Calais) reprise l’an dernier et Parisis (Seine-et-Marne). Trois médailles (or, argent et bronze) ont été décernées par les jurés du Concours général agricole à des bières signées Mélusine dont, pour la deuxième année consécutive, Mélusa dans la catégorie “bières à dominante houblonnée”. Chez Page 24, le salon est l’occasion de remettre en avant la Black IPA maison, Fidel Sabro (5%), très réussie.
Parisis, qui a récemment déménagé à Combs-la-Ville, dans un bâtiment conçu sur-mesure, a lancé la Berry Bad Triple (8%), une bière triple disposant d’un ajout de purée de framboises en fin de fermentation. Objectif : conserver les arômes tout en limitant le taux de sucres dans cette bière très douce, proche d’un bonbon, qui ne fait pas ressortir l’alcool. Disponible en bouteilles 33cl et à la pression.
Moisson de médailles dans l’Hérault
A Béziers (Hérault), la brasserie La Gorge fraîche, qui écoule près de 60% de sa production dans les restaurants du département, a été récompensée d’une médaille d’or pour sa Barriquade lager, et de quatre médailles au total cette année. Elle vient de lancer une session IPA (4,5%), proche d’une saison, ainsi qu’une incroyable imperial stout (Triple barriquade, 13%) vieillie neuf mois en barriques de fine des caves de Saint-Chinian, très vineuse, avec de petites notes d’agrumes en fin de bouche. Autre nouveauté, la Blonde épicée (5%) infusée aux herbes et aux épices utilisées dans l’élaboration des vermouths Noilly Prat, à Marseillan, dans le département. Noilly Prat (Bacardi-Martini France) s’occupe exceptionnellement de sa distribution.
Quand cidre, bière et rhum font bon ménage
En Ille-et-Vilaine, à Saint-Suliac, Pierre Lorand et son frère Simon ont quant à eux lancé en juin 2020 Ti-Lo, avec deux recettes magiques qui leur ont permis de traverser la crise : un cidre brut, et un cidre IPA (5%). A l’occasion du départ de la Route du rhum à Saint-Malo, où l’entreprise était présente en partenariat avec Damoiseau, un Cidre+rhum (8%) a été élaboré, et de nouveau présenté au visiteurs du salon de l’agriculture. Le rhum est immédiatement perceptible au nez, avant, à la dégustation, d’être séduit par la pomme, qui arrondit le produit et contribue à sa rondeur, avec une base de cidre doux. Résolument adapté à une consommation en pintes s’il arrive un jour à la pression, Cidre+Bière (5%) constitue pour sa part la jonction du cidre et de la bière (blonde bio, de la brasserie Maison Domani, dans le Morbihan). Un produit hybride qui vaut le détour!
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération.