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Green business: les nouveaux conquérants du véhicule électrique

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Chaque mois, focus sur l’actualité du green business. De nouveaux acteurs bousculent les modèles économiques classiques du secteur automobile pour imposer leurs véhicules électriques.

Jusqu’à 86 % des ventes américaines de véhicules pourraient concerner des modèles électriques, selon une étude de la Berkeley University. Pour arriver à un tel niveau, il ne s’agirait non pas d’agir de manière massive sur les prix ou de prendre des mesures contraignantes envers les acheteurs, mais d’appliquer d’ici 2030 le modèle de la société israélienne Better Place, en pleine expansion.

Les automobilistes, après avoir fait l’acquisition d’un véhicule adapté, louent une batterie à Better Place, facturée en fonction du nombre de kilomètres parcourus. Le calcul initial est simple: sans batterie spécifique, la voiture se situe dans une gamme tarifaire aux modèles traditionnels, tandis que le coût de la batterie reste compétitif dans la limite d’un baril de brut à maximum 200 dollars. Les concepteurs du système disposent d’un autre argument, imparable celui-ci: la limitation des rejets polluants pourrait générer l’économie de 210 milliards de dollars de dépenses de santé.

Le PDG de Renault-Nissan, Carlos Ghosn, confirme son adhésion pour une telle initiative. Il le rappelait récemment au Figaro magazine: « Nous pensons que le consommateur n’acceptera pas de payer plus cher pour le zéro émission », expliquait-t-il. « Tout l’enjeu réside dans le fait que la voiture électrique sans la batterie soit à un tarif comparable à la voiture diesel, et que la location de la batterie et le coût de la charge soient inférieurs au prix de l’essence ». Le constructeur, dont les ventes se sont effondrées sur ces principaux marchés à la faveur de la crise, fait le pari du low-cost et de l’électrique pour redresser la barre.

Ce constat semble tirer à la hausse l’engouement pour des véhicules davantage respectueux de l’environnement, une tendance déjà initiée par les mécanismes de fiscalité verte appliqués dans de nombreux pays. En France, le bonus écologique instauré par Jean-Louis Borloo a dépassé les espérances, au risque de devenir financièrement désavantageux pour l’Etat ! Un million de Toyota Prius se sont écoulées sur le globe l’an dernier, preuve que l’idée d’allier écologie et économies séduit les consommateurs. Notons qu’il aura néanmoins fallu du temps pour imposer le concept: la première voiture électrique a circulé en 1891.

Commercialisation: Bolloré et Dassault innovent

Après les échecs rencontrés auprès du grand public à la fin des années 1990, deux groupes industriels jusqu’alors absents du secteur automobile prennent la relève, Bolloré et Dassault. Le premier, connu pour ses activités liées à la logistique et aux médias, a développé une batterie lithium permettant à un véhicule de rouler 230 kilomètres à une vitesse maximale de 130 km/h. Pas de quoi faire un bolide, mais une voiture adaptée aux exigences du monde urbain. Louée 330 euros par mois dans moins d’un an selon le calendrier prévisionnel, la BlueCar ne sera pas en concurrence directe avec les concessionnaires classiques. Les capacités de production semblent démesurées par rapport au marché actuel: jusque 30.000 véhicules par an pourront être produits en 2012.

Du côté de Dassault – en pointe dans l’aéronautique – et de son partenaire Heuliez (récemment en dépôt de bilan), associés dans la Société de véhicules électriques, c’est le marché des flottes automobiles professionnelles qui a d’emblée été visé, avec une quarantaine d’exemplaires déjà en circulation dans des entreprises telles que Veolia, La Poste ou EDF. Le dispositif Cleanova, conçu originellement en deux versions (une version tout électrique et une version hybride rechargeable), ne devrait donc pas de suite se retrouver entre les mains du grand public. Les stratégies de commercialisation mises en place par Bolloré et Dassault, contournant la simple vente aux particuliers, seront suivies de près par les acteurs du secteur déjà établis.

Outre-Atlantique, la jeune société Coda Automotive s’oriente pour sa part vers le grand public, mais à des prix ultra-compétitifs (le premier modèle coûtera l’équivalent de 32.000 euros). La fabrication de la batterie est sous-traitée en Chine par le biais d’une co-entreprise, et les forces commerciales et logistiques s’appuieront sur la maison-mère, le loueur Miles Electric, qui élargit ainsi son champ d’activité.

Aux Etats-Unis, l’administration s’apprête à débloquer 8 milliards de dollars pour la production de véhicules à technologie avancée et économes en carburant: si l’Etat peut concourir au développement de projets dans le secteur, c’est là aussi un autre modèle économique et d’autres acteurs qui se frottent au prometteur monde du véhicule électrique…

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A propos de l'auteur
Journaliste dans la presse professionnelle, j'édite Business & Marchés à titre personnel depuis 2007.
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