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France Télévisions face à la rigueur budgétaire

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Le financement du service public de télévision est suspendu à la réalisation d’importantes économies, qui toucheront notamment les programmes.

Bruno Patino, directeur général délégué aux programmes, aux antennes et aux développements numériques de France Télévisions, a été clair : le plan d’économies présenté vendredi 23 mars au conseil d’administration « va toucher tout le monde et impacter les programmes. Il va y avoir des arrêts d’émissions ». La refonte de France 4, dont le souhait du gouvernement est de la transformer en chaîne jeunesse, et la fiction font néanmoins partie des priorités du dirigeant.

Jusqu’à 300 millions d’euros d’économies devront être réalisées en 2015, dans un contexte d’incertitude sur la publicité, le deuxième poste de recettes (451,1 millions d’euros en 2010) derrière les ressources publiques (2.472,2 M€ en 2010). Huit acteurs de l’audiovisuel (RTL, NRJ, la nouvelle chaîne Numéro 23, L’Equipe, Lagardère Active, TF1, M6 et NextRadioTV) ont écrit à François Hollande pour lui demander de ne pas rouvrir les écrans publicitaires de France Télévisions après 20 heures. Cette piste a été explorée par le groupe public de télévision pour conforter son financement, qui comporte notamment 1,1 milliard d’euros annuel consacrés aux programmes.

Le lancement, lundi 25 mars, du « Grand Soir 3 » sur France 3 constitue le premier signe visible de cette évolution. Pour relancer les audiences en berne de la chaîne à moyens constants, décision a été prise de supprimer les programmes (composés de films et de documentaires) de seconde partie de soirée pour rallonger la tranche d’informations, les seuls investissements résidants dans l’agrandissement du décor et dans l’habillage. « De l’ordre d’une dizaine de millions d’euros » selon Rémy Pfimlin, président du groupe, les économies sont relativement faibles, mais le symbole est fort.

Le tournoi de Roland-Garros pourrait en revanche constituer un élément plus visible du plan d’économies. France Télévisions dépense environ 15,5 millions d’euros par an pour la compétition de tennis diffusée sur France 2, France 3 et France 4. Selon Le Monde, TF1 (par ailleurs actionnaire majoritaire d’Eurosport) serait intéressée, l’hypothèse ayant également été explorée par la banque Natixis. M6 n’a pas exclu de s’y intéresser, si l’occasion se présentait.

Le risque de ce plan d’économies est, du point de vue des programmes, de fragiliser des audiences déjà en baisse : en février 2012, France 2 était créditée de 15,1 % de parts de marché contre 13,9 % en février 2013, tandis que France 4, dont l’initialisation est totale depuis l’an dernier, affichait elle aussi des audiences en recul, passant de 2,2 % à 1,6 % de parts de marché. Cette dernière chaîne devrait évoluer en un nouveau concept hybride, accordant davantage de place aux programmes jeunesse mais s’intéressant également aux nouvelles écritures.

Les économies se réaliseront également en coulisses, à travers un plan de départs volontaires compris entre 600 et 800 personnes selon Le Figaro. Il devrait s’échelonner sur trois ans. France 3 pourrait par ailleurs faire l’objet d’une rationalisation de ses implantations régionales, mais ne ferait pas l’objet d’une mutation immédiate en chaînes régionales dotées de décrochages nationaux (l’inverse du fonctionnement actuel), qui a fait l’objet de nombreuses rumeurs. Seule la Corse est dotée avec succès, d’une telle antenne depuis 2007.

Seul point positif à l’heure actuelle, le rattrapage du retard dans l’univers numérique. Impulsée par Bruno Patino, la refonte de l’ensemble des sites est quasiment achevée, tandis que des sites transversaux dédiés à l’information, au sport et à l’éducation ont été crées. Ces nouveaux développements ne suffiront pas toutefois à résorber les pertes dont le groupe prévoit d’être victime.

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A propos de l'auteur
Journaliste dans la presse professionnelle, j'édite Business & Marchés à titre personnel depuis 2007.
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