Économie

Après la crise, les professionnels des spiritueux doivent s’adapter aux bouleversements de la consommation

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La fermeture des cafés-restaurants et la limitation des déplacements a affecté l’activité des producteurs de spiritueux. Ceux-ci cherchent aujourd’hui à coller à une consommation moins fréquente, mais plus attentionnée.

Après deux ans de crise, les filières de l’alcool commencent à sortir la tête de l’eau. Entre mars 2020 et mai 2021, “les ventes ont reculé de 20% à l’export, notamment à cause du Covid et des tensions commerciales avec la taxe appliquée par Etats-Unis sous la présidence Trump”, rappelle Thomas Gauthier, directeur de la Fédération française des spiritueux, qui expose pour la première fois au Salon international de l’agriculture, organisé jusqu’au 6 mars à Paris.

Chaque année, près de 3 millions de tonnes de matières premières agricoles entrent dans la composition de ces boissons alcoolisées à plus de 15%, dont la France est le premier producteur européen. L’occasion de rappeler le poids économique de la filière; 250 entreprises, 800 marques, 100 800 emplois directs et indirects et près de 700 millions de litres produits par an. Les vins et spiritueux constituent le deuxième poste de la balance commerciale française (plus de 3,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires à l’export pour les spiritueux).

La fermeture des cafés-restaurants durant plusieurs mois en 2020, puis jusqu’à mai 2021, a engendré une chute des ventes de 45% en volume sur ce circuit (avec des proportions quasi-identiques en valeur). L’annulation de la majeure partie des vols a également affecté le travel retail. Les trois quarts des adhérents de la fédération ont accusé une perte de chiffre d’affaires (de 20% à 30% en moyenne, jusqu’à 50% pour les plus exposés au réseau CHR). La consommation de spiritueux n’a toutefois reculé que de 1,8% en 2020.

Une consommation en pleine transformation

Les professionnels doivent aussi s’adapter à l’évolution du mode de consommation. En moyenne, 10% des Français déclarent consommer des boissons alcoolisées quotidiennement, contre 25% il y a vingt ans. En 2021, 48% des Français déclaraient cependant s’intéresser à l’univers des spiritueux, un chiffre en progression de 11 points par rapport à 2018. 43% des consommateurs se disent “éclairés” ou “connaisseurs”. La part de consommateurs qui consacrent un budget de 21 à 50 euros pour une bouteille de spiritueux a progressé de quatre points en 2021.

“La consommation s’effectue davantage dans une optique de convivialité, avec plus de connaisseurs. On dépense plus dans les produits. Aux côtés des consommateurs traditionnels, des clients aspirent à déguster des produits moins forts en alcool, et souhaitent découvrir la filière à travers la fabrication ou le spiritourisme. Il faut aussi travailler sur la compréhension des spiritueux, et rappeler les principes d’une consommation responsable”, explique Thomas Gauthier. En 2019, 2 millions de visiteurs ont été accueillis dans les 120 entreprises du secteur ouvrant leurs portes.

A l’instar de la bière, de nombreuses créations d’entreprises sont le fruit de reconversions. “Nous avons des gens qui souhaitent changer de carrière, apprécient l’état d’esprit de la filière, et innovent”, observe Thomas Gauthier, soulignant notamment le large élan de créativité autour du gin. Concernant l’éventualité d’une terminologie adaptée aux spiritueux sans alcool, “il n’y a pas lieu de se précipiter”, estime par ailleurs le directeur.

L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération.

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Journaliste dans la presse professionnelle, j'édite Business & Marchés à titre personnel depuis 2007.
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