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TNT : les nouvelles chaînes se plient à un contexte économique difficile

3 min de lecture

L’élargissement de l’offre de la TNT intervient dans un marché publicitaire en recul.

Lancées mercredi 12 décembre, les six nouvelles chaînes de la TNT, exclusivement diffusées sur ce réseau en haute définition (HD) suscitent autant l’intérêt que l’inquiétude de nombreux professionnels, optimistes ou circonspects sur leur viabilité économique future.

Leur déploiement intervient à un moment phare pour l’univers de la télévision, sommé de s’adapter à une crise qui perdure, sans compter l’impact d’Internet et des nouveaux canaux de diffusion, qui ouvrent la voie à d’autres applications que la télévision linéaire – France télévisions, avec Pluzz, ou le groupe M6 avec M6 Replay et ses déclinaisons s’y sont déjà préparés.

Des coûts de grille maîtrisés

En tirant la sonnette d’alarme sur les coûts de diffusion facturés par TDF, qui représenteraient la moitié de son budget compris entre 30 et 35 millions d’euros, Pascal Houzelot, président de Numéro 23, a indirectement mis en garde sur le difficile équilibre financier de sa chaîne, pourtant soutenue par de prestigieux actionnaires tels que le fondateur de Free Xavier Niel, le président de LVMH Bernard Arnault ou encore le PDG du distributeur Casino Jean-Charles Naouri. Seule nouvelle chaîne n’étant pas adossée à un groupe audiovisuel, Numéro 23 proposera essentiellement des séries, la production étant pour l’heure concentrée sur trois magazines avant une montée en charge progressive.

Même prudence de la part d’acteurs bien établis, tels M6 qui n’a pas dédié d’équipe spécifique à sa nouvelle chaîne 6Ter, qui peut déjà se targuer de belles audiences avec ses programmes familiaux, un créneau peu investi par ses concurrentes. Les premières productions de RMC Découverte (NextRadioTV) ne seront pas diffusées avant la fin de l’année prochaine, tandis que HD1, dédiée à la fiction, comble son fond de grille avec des programmes émanant du groupe TF1 pour se concentrer sur ses soirées.

En 2015, le coût de grille de HD1 devrait s’élever à 32 millions d’euros, celui de Chérie HD (NRJ Group) à 23 millions d’euros, et celui de RMC Découverte à 11 millions d’euros selon les chiffres présentés en mars dernier au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA).

Le difficile enjeu de la publicité

Dans un marché publicitaire en baisse de 2,7 % en 2013 selon l’agence ZenithOptimedia, les nouvelles chaînes devront batailler pour atteindre l’équilibre puis devenir rentables, et ce d’autant plus qu’elles ne pourront être captées sur l’ensemble du territoire par la TNT que dans trois ans. Pour leur permettre d’affronter cette période, le CSA a prévu un accroissement progressif des obligations dont elles sont affublées, tant en termes de productions que de programmes inédits, d’où le grand nombre de rediffusions pouvant actuellement être constaté.

Le groupe Amaury, dont la chaîne L’Equipe TV, créée il y a quatorze ans sur le câble et le satellite avec un modèle mixte intégrant une redevance des différents opérateurs, a migré sur le canal 21 de la TNT HD en dépendant exclusivement de la publicité, table sur l’arrivée de nouveaux annonceurs en télévision : la thématique sportive était jusqu’alors absente de l’offre gratuite à l’échelle d’une chaîne.

Même calcul chez NextRadioTV, dont la chaîne RMC Découverte sera au moins consacrée à hauteur de 80 % au documentaire. Des synergies avec RMC et BFM, qui lui appartiennent, sont prévues pour atténuer les coûts. Ces deux chaînes tenteront de capter un public CSP + plutôt masculin, tandis que Chérie 25 s’adressera prioritairement aux femmes.

Elargissant le choix des téléspectateurs et permettant à deux nouveaux acteurs de s’essayer au monde de la télévision gratuite, ces nouvelles chaînes devront donc faire preuve de pragmatisme pour devenir des affaires profitables. L’instabilité économique actuelle ne semble pas non plus effrayer les acteurs en place, comme l’a montré le groupe Canal+ en lançant début octobre, après un an de tractations, les chaînes D8 et D17, acquises auprès de Bolloré sous forme d’une prise de participation de 60 %, estimée fin 2011 à 279 millions d’euros.

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A propos de l'auteur
Journaliste dans la presse professionnelle, j'édite Business & Marchés à titre personnel depuis 2007.
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