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Green business: les fonds d'investissement passent au vert

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Chaque mois, focus sur l’actualité du green business. Un nombre croissant d’entreprises spécialisées dans le domaine de l’environnement font l’objet d’un accompagnement.

Fonds d’investisssement (3). La création d’une banque constitue, en soi, un événement qui ne passe pas inaperçu alors que la crise ne semble pas être totalement terminée. C’est pourtant le défi que viennent de relever d’anciens cadres dirigeants d’établissements tels qu’UBS ou Morgan Stanley, qui lancent Greentech Capital Advisors, la première banque américaine dédiée à l’investissement dans les cleantech. Alors que le cadre juridique et le marché sont encore naissants, l’environnement et les technologies vertes nécessitent, selon les créateurs, un établissement spécialisé dans ce domaine.

Ce lancement représente une des actions les plus fortes constatées ces derniers mois en matière d’investissement vert. Selon le programme des Nations Unies pour l’environnement, les investissements dans les énergies propres ont dépassé, en 2008, à ceux des énergies fossiles. 5,1 milliards de dollars ont déjà été investis au premier semestre, un chiffre en recul sur un an compte tenu de la crise, mais qui reste honorable. « Si on entre dans le détail, le green n’a pas encore pénétré tous les secteurs d’activité. Le pétrole reste la source d’énergie majoritaire dans le transport, tandis que les alternatives durables se développent dans le secteur du chauffage », tempère sur le site du Journal du Dimanche le directeur du Comité de liaison énergies renouvelables, Raphaël Claustre.

Dans ce jeu des prises de participation et de l’extension des activités liées à l’environnement, les fonds d’investissement apparaissent aujourd’hui comme des acteurs incontournables pour faciliter le développement de projets. Réputés frileux, les gérants de fonds considèrent aujourd’hui les critères écologiques – et aussi sociaux – comme des facteurs à part entière, susceptibles d’orienter leur stratégie d’investissement. Les souscriptions à des fonds axés sur le développement responsable et durable ont progressé de 51,3 % en trois ans: l’engouement pour cette thématique ne se dément pas.

Le rachat de quinze fermes éoliennes à la société australienne Babcock&Brown par Axa Private Equity prouve que ce secteur intéresse de plus en plus les acteurs émanant de la banque et de la finance. Quatre banques s’étaient à l’origine engagées dans ce projet pour un montant total de 220 millions d’euros, et quatorze ensembles sont déjà sortis de terre en l’espace d’un an. Situées dans un rayon de 300 km autour de Paris, ces fermes éoliennes représentent l’occasion pour Axa Private Equity de monter à 100 % dans le capital de Kallista Energies Renouvelables et de Kallista France, deux spécialistes qui seront détenus par un holding dédié à cette thématique.

Des investisseurs aux reins solides

Un autre signe de cette dynamique réside dans la poursuite du développement de Demeter Partners, une société de capital-investissement français spécialisée dans les cleantech. Un second fonds commun de placement à risques dédié aux firmes des secteurs des éco-industries et des éco-énergies vient d’être lancé, parrainé par un acteur aussi prestigieux que la Caisse des Dépôts. Les investisseurs, des compagnies d’assurance et des organismes de retraites ou des fonds de pension, constituent une base aux apparences solides pour accompagner les opérations menées dans un secteur où la consolidation est encore peu d’actualité.

Malgré des perspectives de rendements pas toujours évidentes à appréhender au premier abord, les fonds de capital-investissement semblent en bonne voie pour se convertir à l’investissement socialement responsable (ISR). Les Principes pour l’investissement responsable mis en place par l’ONU en 2006 sont en train de conquérir le monde, paraphés par nombre d’acteurs du monde financier. En France, le fonds Covéa Finance Espace ISR, crée en février dernier, met l’accent sur l’environnement, la santé, le pouvoir d’achat et la création d’emplois. En dépit de la crise, le nombre de fonds ISR s’est apprécié de 23 % en 2008: la finance durable est en passe de représenter l’avenir d’un secteur tourmenté.

L’appétit des gérants de fonds pour les sociétés spécialisées dans l’environnement, et leur intérêt pour des critères éthiques, reste toutefois contenu par des éléments d’ordre juridique, comme le rappelait à l’hiver dernier au site spécialisé Cleantech Republic l’avocat Frédéric Ichay: « les fonds d’investissements devront considérer le calendrier législatif, réglementaire et fiscal comme une contrainte majeure impactant le délai et le niveau de leur retour sur investissement ». Au-delà de l’importante quantité de capitaux à mobiliser, l’investissement vert nécessite une volonté sans faille et l’attention de solides acteurs.

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A propos de l'auteur
Journaliste dans la presse professionnelle, j'édite Business & Marchés à titre personnel depuis 2007.
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