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Belgique: la Wallonie, lanterne rouge de l’économie

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La Belgique présente une situation économique relativement satisfaisante après un an de crise politique, mais peine à conduire les réformes nécessaires à sa compétitivité.

Après un an sans véritable gouvernement, la Belgique constitue un terrain d’observation privilégié pour décortiquer les conséquences d’un exécutif en « affaires courantes ». Alors que les agences de notation tirent la sonnette d’alarme sur le danger d’une telle situation, force est de constater que les indicateurs se révèlent plus positifs qu’annoncé… A l’exception notable de problèmes récurrents depuis plusieurs années.

« Depuis le début de la crise politique, l’économie belge a été fermement soutenue par la croissance globale. Néanmoins, nous nous attendons à une croissance moindre au second semestre de l’année », explique à l’AFP Philippe Ledent, économiste chez ING. La croissance du PIB devrait atteindre 2,3% cette année, mais la prise de décisions nécessaires à l’assainissement de la situation financière du pays devient chaque jour plus urgente.

La Commission européenne est intervenue dans le débat en pointant une batterie de points devant être révisés: l’insuffisance des efforts budgétaires et de la concurrence, la fragilité des banques, la trop grande rigidité du marché du travail, l’indexation des salaires sur l’inflation et le régime d’allocations-chômage y figurent en bonne place. Ces remarques, qui concernent aussi bien les échelons fédéraux que régionaux, ont fait l’objet de vives réactions outre-Quiévrain, les personnalités politiques s’emparant de ses remarques pour renforcer leurs positions.  « Si nous faisons cet effort, collectivement et sérieusement, nous pourrons tourner le dos à la crise », s’est justifié le président de la Commission européenne José-Manuel Barroso.

La Wallonie tente de se relancer

Au-delà de ces réformes globales, la situation de la Wallonie interpelle. Si l’économie de cette région, qui représente plus de 32% de la population belge, devrait croître de 2% cette année, elle ne figure pas pour autant parmi les modèles à suivre. Alors que la région de Bruxelles-Capitale bénéficie de sa position centrale et que la Flandre peut s’enorgueillir d’un taux de chômage moindre,  la Wallonie reste encore marquée par le déclin de son industrie, notamment minière et métallurgique.

Selon le dernier rapport du Conseil économique et social de la Région wallonne, les performances de la région restent en-deçà de quinze autres régions de tradition industrielle en Europe. Le chômage de longue durée, le taux d’emploi des 15-64 ans ou le PIB par habitant témoignent de ce retard. Signe de la gravité de la situation, l’administrateur délégué de l’Union wallonne des entreprises, une organisation patronale, évoque une possible accélération des délocalisations : « l’idée qui consiste à voir la Wallonie comme une terre de centres de développement est un leurre. Pourquoi garderait-on chez nous un centre de développement si toutes les activités industrielles sont ailleurs ? », s’interroge Vincent Reuter dans La libre Belgique.

Egalement chef d’entreprise, il fait référence aux deux « Plans Marshall » initiés par la région wallonne pour redresser l’économie et l’orienter vers des secteurs plus porteurs. Depuis 2004, un ensemble d’actions a pour objectif d’améliorer significativement les performances du territoire, avec des premiers résultats plutôt positifs. 27.000 emplois incomberaient à ce  plan, qui a également eu pour but de développer les pôles de compétitivité et la recherche scientifique. Entre 2004 et 2008, le taux d’emploi est passé de 55,1% à 57,2%. Depuis 2010, pour une période de quatre ans, 3 milliards d’euros ont été débloqués pour une nouvelle phase, baptisée « Plan Marshall 2.Vert ». Résolument tourné vers l’environnement, il vise à conjuguer valorisation du capital humain, emploi, environnement et bien-être social.

Pourtant, malgré ces résultats encourageants, la Wallonie souffre encore d’un déficit d’attractivité. Après un fort accroissement en 2009, les investissements étrangers sont retombés. Selon le cabinet Ernst&Young, 57 projets se sont concrétisés il y a deux ans… et seulement 39 l’an dernier. Alors qu’ils se sont accrus de 14% en Europe, les investissements étrangers ne se sont appréciés que de 9% en 2010, poussés par la contribution non-négligeable de la Flandre. Les coûts salariaux et, dans une moindre mesure, l’influence de la crise politique pourraient expliquer ce recul.

En dépit d’une situation géographique stratégique, la Belgique devra accentuer ses efforts pour gagner en compétitivité.

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A propos de l'auteur
Journaliste dans la presse professionnelle, j'édite Business & Marchés à titre personnel depuis 2007.
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