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A vingt ans, le whisky breton Eddu, à base de blé noir, cultive sa singularité

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Avec le lancement d’Eddu Tourbé, la Distillerie des Menhirs fête les vingt ans de son emblématique gamme de whiskies, au blé noir. La PME se développe dans un contexte chahuté.

Pour ses vingt ans, le whisky Eddu voit double. Une édition spéciale, baptisée Eddu Anniversaire, sera proposée le 11 juin prochain, suivie d’un événement à la Distillerie des Menhirs, à Plomelin (Finistère). En attendant, Eddu Tourbé (43%), lancé à hauteur de 3500 exemplaires, doit combler les attentes des fidèles clients de l’entreprise :  trois ans en fûts français, puis deux ans en fûts de whisky tourbé.

L’Eddu Tourbé, pas encore mis en bouteille à l’heure où nous écrivons, est finement mentholé, cendré également. “Ajouter de la tourbe nous-mêmes est compliqué, et il serait très difficile de s’approvisionner en tourbe bretonne, ou bien il aurait fallu demander à une malterie de réaliser cette opération”, précise Loig Le Lay, directeur commercial. L’équipe a recherché des fûts ayant contenu du whisky tourbé, achetés auprès d’une tonnellerie écossaise.  Les produits sont disponibles dans le réseau cavistes en Bretagne, ou par l’intermédiaire de La Maison du Whisky (LMDW), distributeur depuis 2004. Eddu a été le premier whisky français commercialisé par LMDW.

Les notes de tourbe restent discrètes, constituant une bonne introduction aux whiskies dotés de cette matière. “La tourbe ne devait pas prendre le pas sur le blé noir”, précise Guillemette de Raymond, brand ambassadrice. Un whisky bien différent d’Eddu Silver (42%), vieilli cinq ans en fûts de chêne ayant contenu du cognac, floral et fruité, première référence de la gamme, ou d’Eddu Brocéliande (depuis 2013, 43%), passé durant cinq ans en fûts de chêne du Limousin avant une maturation en fûts de chêne neuf de la forêt de Brocéliande – ancrage local oblige. Eddu Gold (43%) est, lui, vieilli dix ans en fûts de chêne du Limousin.

Les seuls whiskies au monde à base de blé noir

Autant de produits qui ont changé le destin de la Distillerie des Menhirs (14 personnes), créée en 1986, et qui réalise aujourd’hui 80% de son chiffre d’affaires (4,1 millions d’euros en 2021) sur le whisky, les 20% restants étant le fruit de produits à base de pommes (pommeau, lambic, cidre, jus de pommes) sur lequels la famille Le Lay était jusqu’alors spécialisée. Avec Kévin et Erwan, Loig Le Lay représente la cinquième génération, l’activité étant, avant la création de la distillerie par leur père Guy, organisée sous forme de bouilleur ambulant.

170 000 bouteilles de whisky sont vendues chaque année : 100 000 en grande distribution et 70 000 chez les cavistes. Eddu dispose d’une gamme “Grey rock” (70% d’orge et 30% de blé noir) pour la grande distribution, le 100% blé noir étant réservé au réseau traditionnel. “Mon père a eu l’idée de produire du whisky en revenant d’Ecosse, mais l’idée était de ne pas copier les autres, d’où le recours au blé noir, céréale emblématique de la région”, s’enthousiasme Loig Le Lay.

En Bretagne, 5000 tonnes de blé noir sont produites, et la distillerie en utilise 200. Celle-ci travaille avec la même coopérative (Eureden) depuis vingt ans. Les étuis sont achetés auprès d’un fournisseur breton; les bouteilles chez Saverglass. Le blé noir coûte huit fois plus cher à produire de l’orge, l’entreprise a renoncé à disposer de ses propres cultures. En revanche, la distillerie possède 40 hectares en propre. Ces deux dernières années, 1200 tonnes de pommes.

Des matières premières orientées à la hausse

Ce fort ancrage local ne protège pas, toutefois, la distillerie des fluctuations du marché. Même si le blé noir est cultivé dans un rayon de 40 kilomètres autour de la distillerie, la tonne va passer de 800 à 880 euros. “Les rendements sont quatre fois moindres que pour l’orge”, rappelle Loig Le Lay. Le malt d’orge est lui aussi orienté à la hausse. Côté responsabilité environnementale, les drèches de blé noir et de pommes sont envoyées en méthanisation. Des panneaux solaires ont été installés. Prochaine étape : préparer le terrain pour la sixième génération de distillateurs.

L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération.

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A propos de l'auteur
Journaliste dans la presse professionnelle, j'édite Business & Marchés à titre personnel depuis 2007.
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