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Négociations climatiques de Bonn: les raisons d'un échec

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La réunion préparatoire au sommet de Copenhague, qui doit trouver un successeur au protocole de Kyoto, s’est soldée par de profondes divisions entre les Etats.

« Une des raisons pour prendre plus de temps est que l’administration américaine travaille sur des mesures nationales et qu’il lui est difficile de s’engager sur le plan international avant d’avoir défini un plan national. Or il n’est pas certain qu’il sera trouvé avant la conférence de Copenhague », a expliqué Karl Falkenberg, responsable de la direction générale de l’Environnement à la Commission européenne suite à l’échec des négociations de Bonn. Cette conférence, qui a réuni durant deux semaines 183 pays en vue de préparer le sommet de Copenhague, qui doit en décembre prochain permettre de trouver un successeur au protocole de Kyoto, se solde par un bilan mitigé.

Six mois avant l’échéance danoise, l’objectif était de dégager des positions communes afin de préparer un événement-clef dont l’objet est d’établir une relation entre les activités humaines et les émissions de gaz à effet de serre, afin de pouvoir instaurer un texte davantage consensuel que le protocole de Kyoto, et qui prend en compte la poussée des pays émergents et l’évolution des comportements au sein des pays industrialisés. L’après-2012 se joue dès aujourd’hui, a rappelé l’ONU, sous l’égide duquel se sont tenues les dernières négociations. L’objectif d’examiner la première version de travail de l’accord climatique censé être débattu à la fin de l’année a été malmené par la résurgence de considérations principalement nationales.

Un clivage entre pays du Nord et pays du Sud

Cette « opposition » entre pays du Nord et pays du Sud a été au cœur des discussions, entrainant de facto des difficultés dans l’avancée des négociations. Les bases de travail ont largement été amendées par les Etats participants, rendant délicat l’existence d’un véritable consensus. Le Brésil, l’Inde et la Chine se disent prêts à atténuer de façon importante leurs émissions de gaz à effet de serre si les pays développés entament en premier ce processus. La délégation indienne a notamment abordé la question des moyens qui seront mis en œuvre par ces derniers, en conditionnant ses efforts au soutien des pays en développement. En plein sommet des Bric, les pays émergents s’affirment.

Les Etats-Unis préféreraient pour leur part engager au préalable un plan national en faveur du climat avant de s’exprimer au niveau international. L’année 2010 étant marquée par des élections, la crainte est de voir ce projet de nouveau reporté. La délégation américaine aura toutefois l’occasion d’exprimer ses intentions lors des prochaines rencontres qui se tiendront au Mexique fin juin, en août également à Bonn, à Bangkok en septembre et à Barcelone en novembre. Le fait que les émissions américaines de gaz à effet de serre aient progressé de 9% entre 1990 et 2007, tout comme pour le Japon, n’est pas non plus innocent à ce scénario. La première économie mondiale prévoit de ramener, à l’horizon 2020, ses émissions au niveau de 1990, soit un recul de 14 % quand la Chine en réclame 40 % : des désaccords majeurs sont réapparus lors des négociations.

L’enjeu est par ailleurs d’établir une nouvelle classification des pays. Une note interne européenne, dévoilée par Euractiv, proposait au début de l’année quatre critères, à savoir le PIB par habitant, les émissions par unité de PIB, les tendances des émissions entre 1990 et 2005 et les tendances démographiques entre 1990 et 2005. La question de la place occupée par le produit intérieur brut prête encore à débat entre les Etats.

Pour de nombreux observateurs, ces divisions rendent quasi-impossible un accord à Copenhague. Ils rappellent que l’essentiel du protocole de Kyoto avait été mis en place quatre ans plus tard. Le charisme de leaders qui réussiraient à faire dépasser les considérations nationales serait un atout dans ces négociations, mais hormis les représentants de l’Union européenne et de l’ONU, ils semblent bien absents…

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A propos de l'auteur
Journaliste dans la presse professionnelle, j'édite Business & Marchés à titre personnel depuis 2007.
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