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Les fonds souverains préparent la sortie de crise

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Particulièrement frappés par la crise, les fonds souverains réorientent leurs investissements dans l’industrie, et tentent d’améliorer leur respectabilité.

Selon le cabinet de conseil Monitor Group, le nombre d’opérations effectuées par les fonds souverains au cours du premier trimestre a reculé de moitié, atteignant 6,8 milliards de dollars, le plus bas montant atteint depuis fin 2005. Ces chiffres, si médiocres soient-ils, ne semblent toutefois pas empêcher ces investisseurs d’Etat de préparer la sortie de crise, avec une série d’actions destinée à profiter de cours relativement bas sur certaines valeurs, en vue de leur remontée.

C’est le cas du fonds norvégien, alimenté par les ressources tirées du commerce du pétrole et du gaz. Sévèrement affecté par la crise, avec une valorisation en chute de 23,3 % l’an dernier, il affiche une hausse de la valeur de son portefeuille de 14,9 % pour le seul deuxième trimestre. Mieux: il affirme détenir 1 % des actions mondiales et 1,7 % en Europe, des chiffres qui expriment la puissance prise par le fonds. « L’économie a montré des signes évidents de stabilisation au deuxième trimestre et l’incertitude concernant le secteur financier a diminué », justifiait récemment son directeur général, mettant également en avant des critères éthiques d’investissement.

A l’échelle internationale, ce regain de confiance de la part des investisseurs incite les fonds souverains à mutualiser certaines de leurs actions pour maximiser leurs rendements et minimiser les risques, tirant ainsi des leçons de la crise. « En ces temps de crise, une telle coopération leur permet d’acquérir une nouvelle légitimité auprès des marchés où ils n’avaient pas opéré auparavant. Les fonds souverains ont la capacité de stabiliser les entreprises dans lesquelles ils investissent », expliquait courant août à l’agence Reuters Alexander Mirtchev, administrateur du fonds souverain kazakh Samrouk-Maryna.

Partenariats, recentrage et principes

Le Fonds stratégique d’investissement, crée par la France, chercherait à investir dans le secteur des biotechnologies en partenariat avec un fonds d’Abu Dhabi. Fonds d’Abu Dhabi particulièrement convoité, puisqu’il pourrait réaliser des opérations dans le tourisme et l’énergie en Malaisie, avec le fonds souverain local. Le caractère solide et établi des États leur confère une légitimité qui, en période de crise, représente un atout non-négligeable. La majorité des fonds sont situés au Moyen-Orient, région qui devient ainsi un des principaux points névralgiques de la finance.

Les fonds souverains ne sont pas inconnus des spécialistes de la finance. Après le premier choc pétrolier des années 1970, les pays producteurs ont constitué des entités et des fonds de pension destinés à placer cette nouvelle manne de “pétrodollars”. A l’aube des années 2000, c’est la zone asiatique du globe qui a, à son tour, pris part à ce système, croissance économique et flambée des matières premières aidant.

Pour préparer la sortie de crise, leur stratégie d’investissement a été remise à plat: les investissements dans des banques américaines, réalisés au plus fort de la crise et peu fructueux, sont en passe d’être abandonnés. Echaudés par une baisse impressionnante de la valeur de leurs actifs, ils se recentrent aujourd’hui sur l’industrie, notamment automobile, au potentiel plus prometteur. 7 milliards d’euros ont récemment été injectés dans les constructeurs automobiles Volkswagen et Porsche par la Qatar Investment Authority, sur les traces d’Abu Dhabi ayant acquis 9,1 % du capital de Daimler.

Au-delà de ce ménage effectué dans leur portefeuille, les fonds d’Etat appliquent progressivement une liste de principes adoptés à l’automne dernier. Après avoir été décriés, les fonds souverains seraient-ils en train d’acquérir leurs lettres de noblesse  ?

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A propos de l'auteur
Journaliste dans la presse professionnelle, j'édite Business & Marchés à titre personnel depuis 2007.
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