D’importantes surfaces disponibles, de nouvelles sources de revenus, une réglementation en mouvement: l’énergie photovoltaïque attire les distributeurs.
« Là où c’est possible, lors de la construction ou de la rénovation de magasins et de centres de distribution, nous plaçons des panneaux solaires sur le toit »: Luc Rogge, directeur général du maxidiscompteur belge Colruyt, a à lui seul résumé, fin juillet, l’état d’esprit de l’ensemble des professionnels de la grande distribution. Une déclaration d’intention qui dépasse les simples paroles: le distributeur est devenu actionnaire d’une firme spécialisée dans les parcs éoliens, et s’apprête à devenir énergétiquement autonome, à base de sources renouvelables.
Si l’exemple de Colruyt consiste à pousser la démarche à son maximum, elle n’en est pas moins déclinable à l’échelle d’un secteur disposant d’importantes surfaces immobilières, avec les toitures qui vont en conséquence. Hypermarchés, centres commerciaux, entrepôts: autant de lieux gourmands en énergie, et qui présentent des caractéristiques idéales pour l’installation de panneaux photovoltaïques. Au-delà de l’objectif d’autosuffisance énergétique et de la démarche environnementale, des critères économiques entrent également en compte à travers la revente du surplus d’électricité.
Casino a récemment crée une filiale dédiée à la gestion des projets et infrastructures photovoltaïques, les enjeux étant multiples pour un groupe implanté sur tout le territoire à travers de multiples surfaces, et des problématiques propres à chaque site. Le distributeur souhaite trouver une nouvelle source de revenus en revendant l’électricité produite en surplus. Chaque kilowattheure photovoltaïque produit est obligatoirement racheté par EDF à un prix compris entre 33 et 60,2 kWh, un prix particulièrement compétitif au vu des tarifs de rachat en vigueur pour les particuliers (de 8 à 15 centimes).
Autre élément majeur dans les décisions d’investissement, l’évolution de la réglementation. En devançant les objectifs fixés par le Grenelle de l’Environnement et en anticipant les évolutions législatives à venir, les entreprises tentent d’éviter d’éventuelles contraintes qui seraient apparues s’il avait fallu réaliser ces installations précipitamment. Avec des parcs immobiliers disparates, aux spécificités particulières et relativement nombreux, entreprendre conjointement plusieurs projets peut poser divers problèmes. Des écueils que les firmes cherchent à éviter.
Des bâtiments déjà prêts
Les exemples ne manquent pas. A Seclin, près de Lille, l’Immobilière Frey a accompagné les besoins de Leclerc, dont les gains d’énergie du nouvel hypermarché peuvent générer jusqu’à 70.000 euros par an sur la facture d’électricité. La foncière, qui a développé une activité spécifique orientée sur les énergies nouvelles, propose un concept de « green center », des centres commerciaux à la consommation en eau et en énergie 70 % inférieure à celle d’infrastructures classiques du même type. Le surcoût de 10 % à 15 % est contrebalancé par les économies réalisées. Deux centres ont déjà vu le jour.
Chez Auchan, c’est le siège qui donne l’exemple en étant doté d’une petite centrale photovoltaïque, dans le Nord. Les futures implantations intègrent d’office les considérations environnementales, avec une batterie d’équipements verts. Lidl, spécialiste du hard-discount, a procédé à l’installation de 10.000 mètres carrés de membranes photovoltaïques sur sa nouvelle base de Béziers-Ouest, et envisage de faire de même pour ses autres bases européennes. Casino vise pour sa part les 70 MW de panneaux photovoltaïques d’ici à 2012.
Malgré les coûts supplémentaires représentés par ces installations, les distributeurs semblent prendre conscience de l’enjeu. « A ces niveaux de budget, il ne s’agit pas d’une simple question d’image », explique à LSA le responsable nouvelles solutions énergétiques d’Auchan France, Yvan Poste.