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Japon: quelles conséquences économiques?

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Pénalisée par le ralentissement de la production nippone, l’économie mondiale assiste à la convalescence d’un pays incontournable par son savoir-faire. De la vie quotidienne des Japonais aux usines automobiles, la catastrophe résonne encore.

Selon la Banque mondiale, le coût du séisme et du tsunami survenus au Japon le 11 mars dernier pourrait être compris entre 122 et 235 milliards de dollars, l’archipel payant un lourd tribut, notamment dans la réduction de ses capacités de production. Dans un an, « la perturbation des réseaux de production, en particulier dans les industries automobile et électronique, pourrait continuer à poser problème », estime l’institution, qui souligne le caractère essentiel des exportations pour le pays.

Les économistes du Crédit Agricole tablent, dans l’immédiat, sur l’amputation des chiffres de croissance de 0,6% au premier trimestre et de 1,5% au deuxième trimestre, la migration des populations consécutive à l’incertitude provoquée par le nuage radioactif étant également à prendre en compte. Les dépenses générées par la reconstruction devraient néanmoins contribuer – même si les dégâts matériels et humains sont immenses – à soutenir l’économie nippone. Le budget y étant affecté pourrait représenter jusqu’à 3% du PIB. Pour Barclays Capital, cette part correspond également aux pertes économiques.

L’affectation de la vie quotidienne dans les régions de Fukushima et de Tokyo devrait jouer un rôle dans cette dégradation du contexte économique, les transports en commun fonctionnant au ralenti en raison de l’approvisionnement difficile en électricité, les capacités de production ayant été touchées. De nombreuses stations-service rationnent l’essence. Les commerces de proximité ont été dévalisés. A moyen terme, ce sont les investissements étrangers qui devraient faire défaut, compte tenu des difficultés posées à l’implantation, par exemple, même si la reconstruction devrait constituer un moteur favorable.

« Si la production industrielle est actuellement à l’arrêt et pénalise la croissance, il ne faut pas oublier que plus de 70 % du PIB du Japon est lié aux services et que ce secteur peut faciliter la relance du pays », expliquait récemment au Monde.fr Nicolas Minvelle, professeur à Audiencia, rappelant qu’historiquement, l’économie nippone a toujours été capable de se relever suite à une catastrophe naturelle, l’activité du BTP y contribuant fortement.

Des conséquences mondiales pour l’industrie

L’affectation des activités industrielles ne pénalise pas seulement le Japon, mais également ses clients, au premier rang desquels l’industrie. En témoigne le ralentissement de la production liée à l’électronique ou à la mécanique, notamment dans l’automobile, aux quatre coins du globe, comme en témoigne PSA, qui recourt au chômage technique face à l’incapacité de son-sous traitant, affecté par le séisme, à lui fournir des débimètres d’air. L’approvisionnement en boîtes de vitesse et en moteurs affecte quand à lui Renault.

La production de nombreux produits télécoms est également touchée, de nombreux composants électroniques étant l’apanage des industriels nippons, qui évoluent principalement sur des activités à forte valeur ajoutée – R&D et commercialisation de produits spécifiques -, l’assemblage étant davantage du ressort de certains de ses voisins, comme la Chine. 20% des pièces électroniques mondiales émanent de l’archipel, Sony ayant confié songer, en cas de prolongation de ces difficultés, à délocaliser une partie de la production.

Du point de vue de la distribution, malgré sa faible part d’exportations (3%) de vêtements, le Japon « occupe néanmoins une place centrale dans la stratégie de développement international des entreprises françaises », rappelle l’Institut français de la mode, observant la propension des firmes hexagonales, avant la catastrophe, à vouloir exporter leur savoir-faire.

De la rapidité avec laquelle le Japon se relèvera dépendra donc une partie de la santé de l’économie mondiale, l’enjeu étant d’assurer un redémarrage de la production tout en intégrant les conséquences sociales et financières de cette catastrophe.

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Journaliste dans la presse professionnelle, j'édite Business & Marchés à titre personnel depuis 2007.
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