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L’automatisation dans le secteur immobilier, un processus inévitable

4 min de lecture

La start-up belge LeBonBail, qui opère également en France, se positionne sur le créneau des « legal techs » en proposant des modèles de contrats. Son équipe présente les impacts de ce nouveau modèle dans le secteur immobilier.

Tribune. « Alors que l’industrie de l’automatisation juridique, aussi appelée “legal tech”, croît à un rythme soutenu en Europe et dans le monde en général, les secteurs de l’économie commençant à éprouver l’impact de cette nouvelle industrie sur leur activité se font nombreux. L’Europe n’étant pas un marché uniformisé pour les nouveaux entrants que constituent les acteurs de la “legal tech”, il apparaît clairement que l’émergence d’acteurs importants capables d’agir en tant que leaders du marché européen de la “legal tech” n’aura pas lieu d’ici peu, voire jamais. En effet, la perturbation engendrée par les startups de l’automatisation juridique en Europe va suivre une tendance bien plus locale que régionale dans son développement. En effet, même si le droit européen crée une forme d’uniformité juridique à travers l’Union européenne, la vaste majorité des services immobiliers sont directement régis par des normes d’ordre national.

En effet, les régulations concernant le secteur immobilier sont directement supervisées par les politiques nationales et ne verront en conséquence pas l’arrivée d’acteurs de la “legal tech” capables d’agir à l’échelle de l’Union européenne. Il est cependant intéressant de nous demander si les compagnies actuellement présentes dans le secteur immobilier vont être profondément affectées par l’expansion désormais inévitable des nouvelles technologies du droit. La “legal tech” va-t-elle détruire des emplois dans les agences immobilières? Va-t-elle perturber l’état actuel du marché immobilier sur le long terme? Afin de répondre à ces questions, nous devons avant tout nous demander quel type de services les acteurs de la “legal tech” peuvent véritablement fournir au secteur immobilier. A quel degré l’offre fournie par les technologies de l’automatisation juridique est-elle en lien direct avec le coeur de métier des acteurs du secteur immobilier?

Innovation n’est pas forcément synonyme de perturbation, et les nouvelles technologies juridiques peuvent s’avérer être un processus qui ne déstabilise pas les acteurs traditionnels d’une industrie donnée. En effet, certaines start-up “legal tech” créent de nouvelles opportunités commerciales bien plus qu’elles ne détruisent le fonds de commerce d’autres acteurs afin de les remplacer. Il semble que la “legal tech”, au contraire de ce qui lui est bien souvent reproché, peut être une opportunité de création de nouveaux services et de nouveaux business models. Afin de comprendre en quelle mesure une “legal tech” qui ne perturbe pas le marché existant est possible, il n’existe pas de meilleur moyen que de s’attarder un instant sur des cas précis de start-ups qui ont fait usage de la “legal tech” non pas pour affaiblir la compétition, mais pour explorer des nouvelles manières de faire des affaires.

Certains services à valeur ajoutée ne perturbent aucun acteur traditionnel

Si certains voient principalement dans l’émergence de la “legal tech” une menace pour les acteurs traditionnels d’un certain nombre de secteurs, il est néanmoins permis d’y percevoir au contraire un outil permettant de générer de nouveaux business models et d’apporter une nouvelle clientèle aux acteurs anciens.

LeBonBail est une start-up basée à Bruxelles, née en 2015, et qui opère sur les marchés français et belge. Elle fournit un service clé et qui relève de la niche commerciale à ses utilisateurs : un contrat de location en pleine conformité avec la loi qui peut être directement rédigé en ligne et prend en compte toutes les spécificités des dernières régulations en matière de logement. L’usage d’un modèle de bail n’est désormais plus nécessaire.  Voici un bon exemple d’acteur de la “legal tech” qui ne cherche pas à perturber le secteur au sein duquel il taille sa place, parce qu’il n’en a pas besoin.

Dans ce cas précis, l’automatisation juridique est créatrice de nouvelles opportunités de business. L’utilisateur est attiré par la plate-forme car elle propose des services subsidiaires payants en lien avec la location, proposés par le biais d’entreprises partenaires. Assurances, déménagement, diagnostics, location de meubles: si l’utilisateur décide de payer une de ces prestations via la plate-forme, une commission d’apport est versée à LeBonBail par l’entreprise concernée.

Quelles conclusions pour l’industrie de la “legal tech”?

Cette étude de cas montre que les start-ups de la legaltech ne perturbent pas forcément les acteurs classiques pour performer en tant que business. Certains services trouveront leur business model dans des niches qui ne pouvaient pas exister avant étant donné la complexité technologique. Les services d’automatisation juridique ont toujours besoin de beaucoup de capital afin de se développer : cela signifie que les nouveaux entrants européens doivent passer beaucoup de temps à développer des services basiques ou très spécifiques. Ainsi, leur stratégie sera de transformer leur outil d’automatisation juridique en plugin que d’autres sites peuvent intégrer en marque blanche, avant d’acquérir le capital nécessaire pour se transformer en acteur massif d’automatisation de services.

Quand la proposition de valeur n’est pas assez forte pour vendre un produit tel quel, des business models alternatifs peuvent être mis en place pour faire progresser le positionnement de la start-up. Ce schéma d’évolution laissera le temps aux acteurs juridique traditionnels européens pour revoir leur business model actuel et faire le nécessaire afin de faire face aux transformations qui ont lieu dans leur secteur. »

Romain Kepenne

Photo : Model of a house and key ring on a blueprint par Shuterstock/Alexander Raths

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