Actualité socialeSociété

Comment l’économie collaborative bouscule les business models

4 min de lecture

Les industriels et les marques doivent intégrer l’économie collaborative dans leurs business models sous peine de perdre l’adhésion des consommateurs.

Benjamin de Fontgalland, co-fondateur de la plateforme de mise en relation entre particuliers Place de la Loc, estime que l’économie collaborative permet aux consommateurs de « reprendre le pouvoir » sur les marques. Celles-ci doivent s’adapter en conséquence.

Benjamin_de_FontgallandLe saviez-vous ? Une voiture dort 23 heures sur 24. Une perceuse ne sert que 10 minutes par an… 40% des Français ont déjà entendu parler de la consommation collaborative, 80% y sont favorables, et 58% pensent que ce sera le mode de consommation du 21ème siècle.

Bienvenue dans l’économie du partage, désignée par le magazine TIME comme l’une des 10 idées qui vont changer le monde ! Ce marché global de la consommation collaborative au niveau mondial est estimé à 335 milliards de dollars d’ici à 2025, contre 15 milliards de dollars aujourd’hui, selon une étude de PwC.

Concernant précisément le marché de la location d’objets, de voitures, etc. entre particuliers en France, nous pouvons donc l’estimer à plusieurs centaines de millions d’euros dans les prochaines années. En effet, 6% des Français déclarent aujourd’hui avoir déjà loué un objet ou une voiture à un autre particulier (TNS, Novembre 2013) et plus de 30% des Français se déclarent prêts à le faire (Cetelem , 2013)… Un très beau potentiel en perspective, car la démocratisation de ce nouveau comportement ne fait que commencer.

Ce marché devrait voir la naissance d’un grand nombre de nouveaux acteurs avec ce qui en découle, la disparition de certains, le rapprochement d’autres.  L’économie du partage devrait aussi être un nouveau levier de business, de croissance pour les industriels et les marques.

Les industriels et les marques au cœur de cette révolution

La consommation collaborative permet aussi de tester avant d’acheter, de découvrir de nouvelles activités, de nouveaux services mais aussi de se dépanner en cas de besoin, et ce 24h/24 même le week-end ! Un service complet, sécurisé, facile, proche et toujours disponible. Les industriels  auront donc un fort intérêt à avoir des produits, des marques faisant partie des plus loués… Cela sera un gage de qualité, de notoriété, d’image de marque (en particulier le plaisir lié à l’usage et non plus uniquement à la possession).

Deux catégories peuvent être distinguées. D’une part, les industriels et les marques qui ne s’intéressent pas encore à la consommation collaborative et qui sont peut-être en train de perdre un virage crucial en termes de changement de comportement du consommateur. D’autre part, les autres acteurs comme Castorama, Seb, Salomon, etc. qui ne souhaitent pas rater la révolution de l’économie du partage, vont au contraire, apprendre, construire et s’enrichir des bouleversements en cours.

Plusieurs rôles pour les entreprises

1. Ecouter, observer et analyser pour comprendre l’évolution du comportement des consommateurs

Nous sommes en train de passer d’un mode de consommation de la possession à tout prix, « Je possède donc je suis », à un mode de consommation par l’usage : « J’utilise le bien dont j’ai besoin à un moment donné ». Je ne stocke plus, je n’immobilise plus du capital (mes ressources financières) pour des biens qui sont en fait si peu utilisés et qui forcément me coûte soit en terme d’argent (assurances, entretien …), soit en terme de place occupée pour un usage exceptionnel.

2. Apprendre, construire et s’enrichir pour améliorer la qualité des produits proposés

Les marques qui proposent des produits de qualité, vont naturellement bénéficier de ces nouveaux comportements car nous allons contribuer à augmenter le taux d’usage de la plupart des biens. Ceci veut donc dire qu’un plus grand nombre de consommateurs auront accès à des marques qui étaient alors inaccessibles à l’achat ou introuvables car rares …

Elles sont aujourd’hui à portée de main grâce à des sites comme le notre. Nous allons donc contribuer à élargir le nombre d’utilisateurs de ces marques, et ceux-ci souhaiteront peut-être un jour s’acheter ces biens, si l’expérience qu’ils ont vécue a été satisfaisante. Et ça, c’est bien le rôle des industriels et des marques. Nous serons donc bien au final, dans une relation gagnants-gagnants, mais avec un consommateur encore plus central dans ce processus.

Les autres vont peut-être continuer à vendre leurs produits de moindre qualité, que l’on change toutes les X années, mais seront certainement mal notées par les “consommacteurs” surtout pour des questions d’écologie, de développement durable qui deviennent de plus en plus un facteur de choix. Pourquoi acheter un bien “éphémère” quand je peux en louer un de meilleur qualité, pour la durée nécessaire, ni plus, ni moins (ex: un superbe appareil photo pour mes 15 jours de vacances), et en plus à proximité de chez moi ?

Un modèle à repenser

Nous sommes en train de passer du « Business to consumer » au « Human to Human ». Le consommateur veut reprendre du pouvoir et être de plus en plus acteur, avoir le choix et garder sa liberté. Il ne veut plus être contraint de forcément posséder pour exister, mais plutôt d’utiliser à bon escient. On s’oriente donc vers une consommation intelligente.

On le constate sur internet, 26% des Européens pensent que les réseaux sociaux seront les plus influents dans les avis que consulteront les consommateurs avant d’acheter, bien loin devant les conseils des vendeurs (11%) ou les messages publicitaires des marques (8%) (TNS Sofres / Observatoire Cetelem, 2013).

C’est pourquoi les marques doivent dès maintenant repenser leur modèle économique et se poser de nouvelles questions : pourquoi vouloir vendre à tout prix ? Elles doivent proposer d’autres services et les intégrer à leur ADN comme la location, le partage ou tout simplement l’usage d’un bien, afin de garder et en plus enrichir cette relation avec le consommateur.

Benjamin de Fontgalland, co-fondateur de Place de la Loc

Face à ce constat, une nouvelle offre

Nous nous positionnons sur le créneau très prometteur du “peer to peer” (d’égal à égal) qui explose aux Etats-Unis. Place de la Loc est le premier et seul site Internet de location d’objets, de voitures … exclusivement entre particuliers !

Beaucoup de consommateurs ne souhaitent en effet plus passer par des intermédiaires, ceci afin d’éviter les frais parfois excessifs, mais aussi de recréer du lien social et de la proximité. Le « consommacteur », comme on le surnomme souvent est entrain de reprendre le pouvoir. Notre service souhaite mettre en relation les particuliers souhaitant se louer tous types de biens, en toute sécurité avec le paiement en ligne de 100% de la location par le locataire, une assurance automatique, une notation mutuelle, et surtout pas d’échange d’argent entre nos membres.

Photo : Mind Map Team par Shutterstock/Ellagrin

A lire également
ÉconomieEntreprisesIndustrie

La réutilisation des eaux usées traitées est-elle l'avenir de la bière ?

Dans cette tribune, Olivier Raymond, fondateur du cabinet de conseil en innovation et en transformation Sanagi, spécialisé dans l’étude de tendances, revient sur les mutations environnementales de la fabrication de la bière, à travers l’usage d’eaux usées.
Économie

Après la crise, les professionnels des spiritueux doivent s'adapter aux bouleversements de la consommation

La fermeture des cafés-restaurants et la limitation des déplacements a affecté l’activité des producteurs de spiritueux. Ceux-ci cherchent aujourd’hui à coller à une consommation moins fréquente, mais plus attentionnée.
EntreprisesServices

Télétravail, restrictions : les distributeurs automatiques de café et de friandises face à la crise

En janvier 2022, les professionnels de la distribution automatique (55 000 personnes) prévoient une chute de leur chiffre d’affaires de 50%, dans un contexte d’obligation de recours au télétravail et de baisse des déplacements. L’interdiction de la consommation dans les cinémas ou dans les transports s’ajoute à cette situation. Yoann Chuffart, délégué général de la Fédération nationale de vente et services automatiques, revient sur les conséquences de cette situation.

Recevez nos prochains articles par e-mail

Abonnez-vous à notre newsletter