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Salaires: la crise perdure, la grogne monte

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Faute de pouvoir retrouver une situation financière favorable, de nombreuses firmes rechignent à augmenter les salaires. Les syndicats organisent la contestation.

La question d’une réévaluation des salaires, étroitement liée au sujet sensible qu’est le pouvoir d’achat, semble s’éloigner avec la crise. « C’est donc très difficile pour les entreprises et les salariés. Les marges de manoeuvre sont tellement faibles que les progressions de salaires dans beaucoup de secteur sont très faibles, parfois même il n’y a pas de progression », a ainsi expliqué la présidente du Medef Laurence Parisot, insistant sur la durée de ces difficultés (trois ans de crise financière et économique).

Le récent accord conclu en Allemagne entre le syndicat de la métallurgie IG Metall et la fédération patronale Gesamtmetall enfonce le clou : cette année, priorité sera donnée à l’emploi, et ce au détriment des salaires, qui ne feront l’objet d’aucune hausse. Seule une prime de 320 euros sera concédée aux salariés du secteur, durement frappé par la crise. L’absence de salaire minimum outre-Rhin, où des salaires à cinq euros de l’heure ont déjà été recensés, agit comme un élément permettant de tirer à la baisse les rémunérations. Même deal chez Wolkswagen : le constructeur automobile n’accordera pas de hausse salariale d’ici à 2014 et exige une hausse de la productivité de 10 % en échange de la garantie de l’emploi pour les 95.000 employés.

Les prémisses d’une potentielle reprise économique sont donc à prendre avec des pincettes : même si les carnets de commandes commencent tout juste à se remplir de nouveau, la prudence reste de mise. 30 % des chefs d’entreprise français ne prévoient pas d’augmenter les salaires de leurs employés cette année, selon une étude du cabinet Grant Thorton. Cette proportion est plus modérée que sur l’ensemble de l’Europe (36 %), ou que pour l’Amérique du Nord, où 48 % des dirigeants ne prévoient pas de procéder à un accroissement des salaires. En Irlande, ce taux grimpe à 68 % !

Priorité est donc donnée à l’emploi en vue de préparer la reprise plutôt que des licenciements risquant de grever la compétitivité des firmes. « Les coûts de personnel faisant partie des charges les plus importantes, les dirigeants préfèrent rester attentistes et conserver leurs employés, même sans les augmenter, plutôt que de les licencier », indique Jean-Jacques Pichon, associé du cabinet d’audit et de conseil. De nombreuses entreprises se fixent comme premier objectif d’assainir leur situation financière avant de procéder à une série d’augmentations.

Le mécontentement s’amplifie

Cette période de disette a provoqué l’émergence de nombreux conflits sociaux aussi bien dans les PME que dans les grandes entreprises, plus exposées aux revendications compte tenu de leur poids économique. Chez Renault, la direction maintient le chiffre de 1,3 % de hausse pour les ouvriers et les techniciens et une prime exceptionnelle de 500 euros pour l’ensemble des salariés malgré les mouvements de contestation.

Danone Produits laitiers, touché le 9 mars par un important mouvement de grève dans ses sites de production et ses bases logistiques, est passée de 1 % à 2 % de hausse en termes de proposition, un effort trop timide pour la CGT qui met en avant le bénéfice de la branche produits frais (173 millions d’euros).

Même son de cloche chez Safran, où la CFDT note « le refus des salariés d’une politique salariale inférieure à 2009 dans le même temps où le dividende versé aux actionnaires progresse de 53 % et où la participation baisse de 47 % ». La mise en exergue d’un système à deux vitesses s’est répandue ces derniers mois parmi de nombreuses organisations syndicales.

Selon le ministère du Travail, les salaires ont globalement augmenté de 1,9 % sur an. Une légère hausse qui ne parvient pas à calmer les ardeurs… dont l’intensité devrait rester vive jusqu’au véritable redémarrage de l’activité économique.

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Journaliste dans la presse professionnelle, j'édite Business & Marchés à titre personnel depuis 2007.
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