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Les ménages dépriment, la croissance patine

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La croissance française a été révisée à la baisse au premier trimestre. L’inflation en zone euro est au plus haut. La campagne gouvernementale sur le pouvoir d’achat fait jaser. Dans ce contexte difficile, la consommation des ménages connaît un sérieux ralentissement.

Les dépenses de consommation des ménages stagnent (+0,0 % après +0,5 % au quatrième trimestre de 2007), selon l’Insee. Ces chiffres sont amplifiés par les prévisions pour l’année complète, qui annoncent une hausse peu ou prou supérieure à 1 %. « Les difficultés sur le pouvoir d’achat sont bien plus structurelles que ce qu’on nous dit. […] Jusqu’à présent, le pouvoir d’achat a surtout progressé par la baisse des tarifs : les hypermarchés puis la mondialisation ont diminué les prix des produits électroniques, des vêtements, et de l’alimentaire. Or le renchérissement des matières premières met toutes ces étapes derrière nous », explique à Challenges Robert Rochefort, directeur général du Centre de recherche pour l’observation des conditions de vie (Crédoc).

L’Insee enfonçait le clou la semaine dernière, en mettant en exergue un indice du moral des ménages en net recul. « La dégradation la plus forte concerne l’opinion des ménages sur les perspectives d’évolution du niveau de vie en France. L’opinion sur l’évolution passée du niveau de vie en France se détériore également. Le solde sur l’opportunité de faire des achats importants recule lui aussi », indiquait l’Institut. Les soldes, qui ont débuté il y a quelques jours, apparaissent aux yeux des commerçants comme une opportunité pour rattraper une saison morose. En avril, H&M a vu ses ventes décliner de 10 %, Kiabi de 25 % en mars. Les secteurs non-alimentaires des hypermarchés sont aussi touchés: -6,3 % au premier trimestre chez Casino, -8,8 % chez Carrefour. Dans le domaine alimentaire, Danone, qui table sur des produits à forte valeur ajoutée afin de se prémunir des variations de prix, a enregistré en avril une baisse de 15 % de ses ventes en France.

L’inflation au plus haut, la croissance ralentit

Selon Eurostat, l’inflation a atteint dans la zone euro 4 % en juin, un nouveau record depuis seize ans. En France, en mai, l’indice des prix à la consommation de l’ensemble des ménages s’est accru de 0,5 %; la hausse sur un an s’élève à 3,3 %. « C’est une source de grande préoccupation. Il faut éviter une spirale inflationniste et des effets de second tour », a indiqué le commissaire européen chargé des Affaires économiques Joaquin Almunia. Soucieux de limiter la spirale inflationniste, le président de la BCE Jean-Claude Trichet a déjà mis en garde quant aux mécanismes d’indexation des salaires sur l’inflation, comme en Belgique, et fait part de son souhait de procéder à un relèvement des taux. La décision sera prise jeudi.

Face aux hausses de prix et au ralentissement de la consommation des ménages, la croissance pâtit. Le produit intérieur brut de la France a progressé de 0,5 % au cours du premier semestre, contre une augmentation de 0,6 % initialement prévue. Les investissements des entreprises non financières ont aussi été révisés à la baisse, ramenés de 1,8 % à 1,3 % de hausse. Afin d’affronter un potentiel ralentissement durable de la croissance, « les Etats doivent se concentrer sur trois objectifs : inciter aux économies d’énergie, aider les entreprises à exporter davantage vers les pays émergents (à l’image de l’Allemagne) et enfin, favoriser une croissance plus rapide de la productivité », selon le chef économiste de Natixis Patrick Artus.

Le gouvernement tente malgré tout de redorer son blason: soucieux de mettre en valeur sa politique en faveur du pouvoir d’achat, il vient de lancer une campagne à 4,3 millions d’euros. En pleine période estivale, la mayonnaise risque d’avoir du mal à prendre.

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Journaliste dans la presse professionnelle, j'édite Business & Marchés à titre personnel depuis 2007.
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