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Investissement: la Chine ou la complexité des pays émergents

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Avec un fort taux de croissance mais un climat socio-économique changeant, l’Empire du Milieu fait office d’exemple dans le cadre du décryptage de la stratégie des pays émergents avant toute décision d’investissement. Leurs performances boursières exigent notamment un décryptage approfondi.

« La crise marque une étape importante, en accentuant la différence de dynamisme entre pays émergents et pays déjà industrialisés », indiquait récemment au Monde Yves Zlotowski, économiste en chef chez Coface. Cette évolution de la donne économique mondiale se répercute dans la sphère financière, le marché primaire actions (phase de mise sur le marché des titres) étant désormais composé, au niveau mondial, fin août, à hauteur de 30% par les BRIC (Brésil – Russie – Inde – Chine). La position de ce groupe de quatre pays émergents caractérise la place prise par ces derniers, la place des BRIC sur le primaire actions s’élevant à « seulement » 11% un an auparavant.

La Chine s’est hissée, dans le courant de l’été, au rang de seconde économie mondiale, derrière les Etats-Unis mais devançant le Japon. Côté Bourse, les analystes interrogés par l’agence Reuters tablaient sur une hausse de 6,7% de l’indice Nikkei à la fin de l’année ; ils parient désormais sur un recul – significatif – de l’ordre de 12%. « Le Japon avait l’habitude d’exporter vers les pays riches. Maintenant, l’action est ailleurs », analyse The Economist, expliquant que les pays émergents constituent un débouché d’avenir pour le pays du Soleil Levant.  D’ici 2050, 80% de la croissance mondiale pourrait provenir de ces marchés.

L’analyse des performances des places boursières de ces pays permet de mieux appréhender la situation actuelle : si certains chiffres frappent d’emblée les investisseurs, séduits par certaines telles prouesses,  leurs récents exploits s’expliquent , au-delà de taux de croissance insolents, par l’ampleur de la crise qu’elles avaient subi il y a deux ans, suite à la faillite de Lehman Brothers.  L’année 2010 s’avère en revanche plus difficile que prévu : ainsi, l’indice composite de la Bourse de Shanghaï a grimpé de 80% en 2009 avant d’accuser un recul d’environ 20% depuis janvier. En Russie, le gain de 33% escompté par les analystes sondés par Reuters s’annonce incertain, l’instabilité du marché pétrolier étant en ligne de mire.

La Chine entre développement soutenu et risques sociaux

L’actualité économique récente est, par conséquent, à décrypter de manière abondante avant toute décision d’investissement. « Le salut des pays développés ne dépend plus que très partiellement de nous-mêmes mais de décisions prises très loin de chez nous », rappelait en juillet dernier Frédéric Leroux, gérant chez Carmignac Gestion. Les conditions d’octroi de crédit ont ainsi été resserrées de manière drastique en Chine, afin d’éviter une surchauffe brutale de l’économie. Ce qui ne semble pas empêcher la progression de la consommation des ménages de se poursuivre – elle est exceptionnelle, de 15% à 20% en rythme annuel. Malgré un taux de croissance estimé à 8%, un plan de relance avait été jugé nécessaire par les autorités : la Chine n’a pas échappé aux conséquences du ralentissement économique mondial.

Des problèmes de fond jettent également le doute sur les opportunités d’investissement dans des pays émergents : le climat social, notamment en Chine et en Inde, est en train de changer. L’urbanisation et l’industrialisation rapide de ces pays au sein de quelques villes ont mis en exergue le fossé qui s’est creusé entre les classes populaires et plus aisées, l’émergence d’une véritable classe moyenne étant encore difficile à quantifier.

A quelques centres les investissements, à une majorité de la population les conditions de vie difficiles : nul doute que la situation sera suivie de près dans les prochains mois. Le salaire minimum vient d’être relevé dans de nombreuses provinces chinoises, l’affaire Foxconn ayant permis d’éclairer les difficiles conditions dans lesquelles s’effectue la production dans de nombreuses usines.

Malgré ces récents événements, les pays émergents, au premier rang desquels la Chine, conservent la confiance des multinationales, qui tablent plus de jamais sur ces nouveaux marchés pour prendre le relais de leurs marchés domestiques. HSBC (Hongkong Shanghaï Banking Corporation) vient ainsi de déplacer son siège mondial de Londres à Hongkong. PSA y a pour sa part nommé un de ses quatre directeurs généraux. Schneider Electric et Bosch développent leurs nouvelles offres en Chine, premier pays mondial pour les investissements énergétiques.

Si, pour les investisseurs, les pays émergents sont synonymes de moindre volatilité, pour les entreprises, ils se distinguent par une relative stabilité financière et d’importants taux de croissance. Chacun voit midi à sa porte.

Fusions-acquisitions : l’Europe à la peine

Selon les chiffres dévoilés par Thomson Reuters, les montants d’opérations en matière de fusions-acquisitions ont pour la première fois, sur la période s’étendant de juillet à septembre, été plus élevés dans les pays émergents que sur le marché européen. Les volumes d’opérations sont, en Europe, en recul sur un an. Dans le secteur de l’énergie, qui représente 20% du marché mondial, le rapprochement entre GDF Suez et le britannique International Power est toutefois à signaler.

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A propos de l'auteur
Journaliste dans la presse professionnelle, j'édite Business & Marchés à titre personnel depuis 2007.
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