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Finance: la crise a transformé le marché de l'emploi

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Les fonctions spécialisées sur la gestion du risque et l’éthique nécessitent des profils expérimentés et pointus. Les formations s’adaptent à cette nouvelle donne.

Tous les métiers de la finance n’ont pas résisté à la crise de la même façon. Les turbulences traversées par les établissements bancaires et les marchés financiers ont renforcé le besoin de personnels à même de contrôler et de porter un regard distancié sur les opérations effectuées au sein des entreprises, avec la nécessité de créer un lien entre le personnel et les autorités de tutelle. A cet effet, une profession émerge en parallèle des déontologues, celle de responsable conformité.

Une carte professionnelle est délivrée par l’Autorité des marchés financiers à ces contrôleurs du risque que la crise a propulsé au premier rang des fonctions les plus en vogue au sein des banques. « La crise financière a accru la nécessité de surveiller les activités de manière à diminuer les risques car des erreurs ont été commises et auraient pu être évitées si le contrôle avait été plus important. Mais ce n’est pas la crise qui élabore nos outils, elle détermine des zones qui nécessitent davantage de contrôle », expliquait récemment à L’Agefi Christian Schricke, secrétaire général et responsable de la conformité du Groupe Société générale.

Cette fonction, qui s’adresse davantage à des professionnels du secteur bancaire et du droit confirmés, est une des rares à être en manque de compétences en finance, du moins pour l’instant. Le volume de recrutement a chuté de 20 % depuis le début de l’année chez Robert Walters, tandis qu’Expectra accusait une baisse de 10 % sur les mois de janvier et février, particulièrement difficiles. Dans ce contexte, seuls les cadres tirent leur épingle du jeu: la banque et l’assurance figurent parmi le peu de secteurs à émettre des offres à leur destination. Le besoin d’hommes expérimentés s’est fait sentir durant la crise.

Services, formations: des évolutions

Pourtant, en dépit de ce recentrage sur les profils à haute valeur ajoutée, la finance continue à attirer de nombreux étudiants et jeunes diplômés désireux de s’engager dans une branche réputée pour son prestige, l’étendue de ses missions et la solidité – mise à l’épreuve ces derniers mois – des employeurs. Une enquête TNS Sofres réalisée auprès d’étudiants de 21 écoles de commerce et 30 écoles d’ingénieurs révèle l’attractivité de la banque, première citée parmi les secteurs les plus en vue lors de l’arrivée dans le monde du travail. BNP Paribas et Société générale constituent à cet égard les entreprises les plus spontanément citées.

Les services liés à l’investissement socialement responsable et à l’environnement sont de potentiels viviers d’emplois, mais l’émergence de structures dédiées reste encore un phénomène marginal. Les salariés dévolus à cette activité exercent principalement dans le domaine de la gestion d’actifs, et doivent donc présenter un profil à la fois financier mais aussi scientifique pour les dossiers les plus pointus. « Nous cherchions deux types de candidats : des personnes ayant un parcours financier en corporate finance et en structuration de dette, et d’autres avec un background industriel, connaissant les secteurs des transports, de l’énergie et de l’environnement », confirme à L’Agefi Alain Rauscher, co-fondateur d’Antin Infrastructures Partners.

Pour s’adapter à cette nouvelle donne, les formations en finance évoluent. La décision la plus symbolique concerne l’Université Paris-Dauphine, qui a mis entre parenthèses pendant un an son célèbre master Marchés financiers, marchés des matières premières et gestion des risques, le temps de réorganiser ses enseignements et de redémarrer dans un environnement plus favorable. Les transformations opérées par les établissements concernent le renforcement des liens entre la théorie et la pratique, l’internationalisation des diplômes et leur adaptation à l’actualité (éthique, restructurations).

Signe de ces évolutions du marché du travail en finance, les traders spécialisés sur le crédit, après avoir été emportés par la crise financière, sont de nouveau activement recherchés…

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A propos de l'auteur
Journaliste dans la presse professionnelle, j'édite Business & Marchés à titre personnel depuis 2007.
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