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« Les femmes doivent saisir les opportunités qui se présentent en entreprise »

3 min de lecture

Entretien avec Valérie Rocoplan, dirigeante du cabinet de coaching Talentis.

rocoplanA la tête de Talentis depuis 2003, Valérie Rocoplan se consacre au développement de compétences ainsi qu’aux carrières féminines. Auteur en 2009 du livre « Oser être la chef », elle présente à Business & Marchés ses convictions sur la place des femmes en entreprise.

Quelles évolutions avez-vous constaté ces dernières années en matière de mixité dans le monde de l’entreprise ?

Je constate une évolution des consciences au sein des entreprises. L’égalité professionnelle s’est imposée comme un objectif partagé par tous, et ce pour des raisons économiques autant que politiques : la lutte politique pour la promotion des femmes s’est trouvée relayée, dans le monde de l’entreprise, par une série d’analyses mettant en évidence la « surperformance » des entreprises en pointe dans la féminisation de leur top management.

De ce point de vue, il faut saluer le travail d’influence accompli dans la durée par certaines associations françaises très actives (PWN Global, HEC au féminin…) sans oublier le succès du Women’s Forum qui se tient chaque année à Deauville. Dans les grands groupes par exemple, des programmes sont mis en place, des « responsables de la diversité » sont nommés, des tableaux de bord et des objectifs chiffrés sont fixés.

Toutefois, la situation ne progresse pas vite. Les stéréotypes sur les femmes et les hommes sont encore trop répandus dans les entreprises et inconsciemment, assignent aux femmes et aux hommes des caractéristiques et des rôles, dans la vie privée comme dans la vie professionnelle. Les femmes continuent de rencontrer des difficultés quand il s’agit d’accéder des postes à responsabilités, à concilier vie professionnelle et vie personnelle, expriment de la culpabilité face à ses enfants ou son conjoint….

D’après vous, ces évolutions doivent-elles faire l’objet de discussions dans les entreprises ou bien passer par un texte de loi, par exemple ?

Les deux ! Discuter dans l’entreprise des problématiques de mixité est primordial. D’une part, pour fixer des objectifs et d’autre part pour tout le travail de pédagogie que vont permettre les discussions et les échanges sur les stéréotypes nocifs au principe de mixité. Les entreprises ont un vrai rôle à jouer et doivent donc se saisir sans attendre de ce sujet. De plus, il ne faut pas oublier que l’engagement des hommes est essentiel. Pour progresser, l’organisation de séminaires ou de conférences internes pour les femmes intégrant les hommes est intéressante. Chacun peut comprendre et être sensibilisé aux étapes critiques que traversent les femmes mais aussi les hommes, à différents moments de leur carrière.

Toutes ces initiatives, et bien d’autres encore, peuvent jouer un rôle utile pour progresser sur la voie d’une meilleure égalité dans l’entreprise, et détruire les stéréotypes existants. Car comment transformer un système si ce n’est de l’intérieur ? La loi est un complément, elle apporte un cadre. Ainsi, la loi Copé-Zimmermann porte peu à peu ses fruits dans les conseils d’administration même si cela prend beaucoup de temps. Idéalement, elle devrait s’appliquer plus bas dans la hiérarchie où beaucoup de choses restent encore à faire.

Vous expliquez que « trop de femmes ont encore tendance à s’auto-limiter, à ne pas assumer fièrement leur projet professionnel »

Les femmes de talent qui sont passionnées par leur métier et qui souhaitent donner toute la mesure de leurs compétences et expériences doivent également se positionner clairement pour favoriser un changement de mentalité et lever quelques préjugés à leur rencontre.

Les femmes doivent saisir les opportunités se présentant aujourd’hui et apprendre à oser sur plusieurs registres. Elles doivent sortir de ce complexe qui fait qu’une femme se retient, par exemple, de postuler à un job si elle ne se sent pas à 100% des compétences. Pour faciliter les démarches, il faut apprendre à déculpabiliser et admettre que l’on ne peut pas être parfaite partout. Et surtout, il faut oser demander de l’aide !

Photo : Gilles Dacquin

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A propos de l'auteur
Journaliste dans la presse professionnelle, j'édite Business & Marchés à titre personnel depuis 2007.
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