Société

Crise alimentaire: quels financements ?

2 min de lecture

globe-printLes déclarations et les aides financières se multiplient suite à la mise en exergue du processus de crise alimentaire en cours sur le globe, particulièrement en Afrique. Or, les sources de ces sommes sont à dénicher, et la répartition des aides s’avère bien disparate.

« La flambée des prix des denrées alimentaires risque d’aboutir à ce que les individus formant la frange la plus pauvre de la planète ne soient plus un mais deux milliards« , a expliqué le président de la Banque Mondiale Robert Zoellick afin de justifier l’enveloppe de 1,2 milliard de dollars débloquée par son institution. Parmi cette somme, 200 millions de dollars seront attribués sous forme de dons, en particulier à Djibouti, Haïti et au Liberia. Le graphique ci-dessous, réalisé par les équipes de France 24, démontre l’urgence de la situation.

emeutes-faimCes financements, qui seront alloués lors de l’éventuel déclenchement d’un mécanisme d’approbation accéléré au sein de la Banque Mondiale, trouvent leur source dans les fonds de l’Association internationale de développement, à destination des pays les plus pauvres, et de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement, branche qui s’adresse aux pays émergents. Parallèlement à l’opération décrite ci-dessus, la Banque Mondiale émet le voeu de créer un fonds qui servira à verser des dons d’au maximum 10 millions de dollars aux Etats les plus touchés. Le Fonds Monétaire International (FMI) a pour sa part levé 21,2 millions de dollars pour aider le Mali; après avoir débloqué la semaine dernière 16,5 millions de dollars pour le Kirghizstan. L’objectif est d’aider ces pays à mieux appréhender l’envolée des prix alimentaires et du pétrole.

Il y a plusieurs semaines, Robert Zoellick avait expliqué son souhait de trouver d’autres sources de financement aux aides allouées aux pays en difficulté. Il avait ainsi invité les fonds souverains à investir 1% de leurs actifs en Afrique subsaharienne. Ce fût également une manière d’esquiver les questions sur la responsabilité de la Banque Mondiale dans la crise actuelle. Un rappel des chiffres s’impose: en 1980, les investissements en direction de l’agriculture correspondaient à 30% du portefeuille de la BM, contre 7% aujourd’hui.

Le secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-Moon s’est également prononcé sur le financement de l’agriculture. Il s’en est ainsi récemment pris aux différents systèmes de subventions. « Il est temps pour les nations les plus riches de repenser leurs programmes démodés de subventions agricoles. Elles pénalisent de façon disproportionnée les pays pauvres et contribuent à l’urgence actuelle« , avait-t-il alors indiqué. Le rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l’alimentation, Olivier de Schutter, a quant à lui envoyé une missive en direction de la Banque Mondiale: « Les plans d’ajustement structurel du FMI ont poussé les pays les plus endettés, notamment dans l’Afrique subsaharienne, à développer des cultures d’exportation et à importer la nourriture qu’ils consommaient. Cette libéralisation les a rendus vulnérables à la volatilité des prix« .

Les Etats-Unis, sous l’impulsion de George W.Bush, ont proposé début mai de débloquer 770 millions de dollars supplémentaires pour l’aide alimentaire, amenant à 2,6 milliards de dollars le montant de l’aide sur l’exercice qui débutera en octobre prochain. L’Union européenne a quant à elle réservé 283 millions d’euros d’aide d’urgence supplémentaire pour l’année 2008. Les subventions accordées par les différentes organisations internationales s’avèrent donc hétéroclites et allouées sans véritable concertation. Or, c’est davantage une action coordonnée de fond qui devrait permettre d’apporter un véritable début de répondre à la crise plutôt qu’un agrégat de sommes réparties de manière très dispersées.

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