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Audiovisuel public: la loi qui cristallise les tensions

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Un important mouvement de grève a accompagné l’ouverture des débats sur la réforme de l’audiovisuel public, initiée par le chef de l’Etat.

En moins d’un an, le paysage audiovisuel français aura durablement été bouleversé par les multiples annonces du chef de l’Etat, qui se concrétisent actuellement à l’Assemblée nationale à travers l’examen d’un projet de loi majeur. L’audiovisuel public est essentiellement concerné par ce texte, avec une réforme affectant France Télévisions tant au niveau de son cahier des charges que de sa structure. Le point le plus médiatisé est la suppression totale, d’ici à 2011, de la publicité sur les chaînes du groupe.

Selon le Conseil des ministres, le projet de loi « libère la télévision publique de la pression de l’audience, qui résulte principalement de la commercialisation d’espaces publicitaires au sein de ses programmes. Il garantit expressément le financement pérenne de France Télévisions. Pour donner au budget de l’Etat les moyens de cette compensation, sont instituées deux taxes sur le chiffre d’affaires des opérateurs du secteur de la communication audiovisuelle et du secteur des communications électronique« . Le 8 janvier dernier, Nicolas Sarkozy avait crée la surprise en remettant au goût du jour une mesure maintes fois préconisée à gauche et qui redistribue les cartes entre opérateurs de télévision privés et publics.

450 millions d’euros seront versés chaque année pendant les trois ans à venir par l’Etat afin de compenser la baisse des revenus de France Télévisions. Les inquiétudes sur le financement se font entendre depuis plusieurs mois, et constituent encore le principal facteur d’interrogations. « L’Etat a pris un engagement précis, c’est 3 milliards d’euros pour l’audiovisuel public pour les trois années qui viennent, dont 450 millions d’euros de compensation pour la publicité supprimée pour 2009, 2010, 2011, quoiqu’il arrive« , a tenté de rassurer la ministre de la Culture et de la Communication, Christine Albanel. Conséquence de l’arrêt progressif des plages publicitaires (excepté RFO), les premières parties de soirée commenceront entre 20 heures 35 et 20 heures 45, un point mentionné dans le futur cahier des charges qui ne va pas être sans conséquences sur la concurrence.

Une télé aux mains du pouvoir ?

Des réformes structurelles constituent également la colonne vertébrale du texte actuellement débattu. Principal point d’achoppement, la nomination du président de France Télévisions. Jusqu’alors effectuée par le Conseil supérieur de l’audiovisuel, cette tâche incombera désormais au gouvernement, via un décret. Le Conseil des ministres souligne l’instauration d’un « nouveau modèle de gouvernance qui aboutit à transformer France Télévisions en une entreprise unique et conduit l’État actionnaire à reprendre la responsabilité de la nomination de son président ». Pour la fraîchement désignée première secrétaire du PS Martine Aubry, ces nouveautés s’apparentent à une « mise sous tutelle de l’audiovisuel et la fin de l’indépendance, par l’absence de moyens au profit de télévisions privées« .

Jusqu’alors éclatée en une myriade de sociétés juriquement indépendantes, France Télévisions va légalement prendre sous son aile les chaînes dont elle a la responsabilité. « Mr. de Carolis prévoit d’ouvrir un guichet de départs volontaires à la retraite pour 900 salariés du groupe« , indiquait le groupe dans un communiqué début novembre. « Les gens qui partent à la retraite, il y en a beaucoup qu’il ne faudra pas remplacer« , avait alors expliqué le porte-parole de l’UMP Frédéric Lefebvre. Nombre de voix se sont élevées dans la majorité pour exprimer des réflexions quant aux dépenses engagées par France Télévisions. Afin de rationaliser ces dernières, la commission présidée par Jean-François Copé avait proposé en juin dernier de regrouper les unités de programmes (fiction, information…) à l’échelle du groupe. Le département jeunesse vient de s’y conformer.

Le projet de loi suscite des inquiétudes. Hier, on dénombrait 43,6 % de grévistes à France Télévisions. En cette période de crise, certains députés, tant à gauche qu’à droite, ont fait part de leur sceptiscisme quant à l’éventualité de lever d’importantes sommes en direction du secteur de l’audiovisuel, appelant à une redéfinition des priorités. « Aller supprimer la publicité qui est un moteur de la consommation au moment où la croissance bat de l’aile, c’est économiquement discutable« , a par ailleurs indiqué l’UMP Gilles Carrez, rapporteur général de la commission des Finances de l’Assemblée nationale.

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