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8 nouvelles pistes pour réformer le secteur public

3 min de lecture

De la coopération inter-administrations à la data, focus sur 8 idées fortes pour réformer en profondeur le secteur public.

A l’heure où la plupart des gouvernements européens sont engagés dans des politiques de réforme, le cabinet de conseil BearingPoint distingue huit « impératifs » pour transformer le secteur public. Celui-ci, qui représente un quart des emplois totaux des pays de l’Union européenne, doit s’adapter au travail collaboratif et engager une meilleure coopération avec le privé au moyen d’un référent unique.

1 : Mieux partager les compétences

Le décloisonnement du secteur public constitue le point phare du premier des « impératifs » de réformes. Sans surprise, le cabinet conseille de faire la chasse aux surcoûts inutiles ainsi qu’aux doublons, et de reprendre la main sur l’innovation en matière d’informatique. Jon Abele, associé secteur public à Hambourg, déplore notamment que les 28 pays et 99 régions de l’Union européenne appliquent séparément les règlements sans concertation, quand bien même celle-ci leur aurait permis de gagner en efficacité.

2 : Aller vers une gestion plus collective

Des fiascos tels que le nouvel aéroport de Berlin, construit mais toujours pas ouvert, ou la philharmonie d’Hambourg, dont les coûts ont explosé comme à Paris, auraient pu être évités si leur gestion avait été davantage collégiale, estime Kai Waechter, associé à Berlin. Sollicités de toutes parts, les élus ne parviennent pas forcément à gérer seuls les projets dont ils ont la charge, tandis que les pouvoirs publics « surestiment » parfois leurs compétences en la matière. BearingPoint recommande notamment de gagner en transparence dans les processus de décision.

3 : Passer au numérique

Andrew Montgomery et Stefan Pechardscheck, associés à Dublin et à Berlin, suggèrent pour leur part de miser sur les technologies numériques pour disposer d’un service public plus efficace et répondant davantage aux attentes des citoyens, souvent frustrés face à des standards téléphoniques saturés ou des guichets fermés. Le recrutement de spécialistes du digital et la duplication de bonnes pratiques constatées dans le privé peuvent constituer un premier pas. La thématique de la « ville intelligente », au sein de laquelle les poubelles ou les lampadaires sont équipés de capteurs, peut aussi être explorée.

4 : Anticiper le vieillissement et les besoins de formation des agents

En France, 30% des employés du secteur public ont plus de 50 ans. De plus, l’externalisation de certains services a provoqué, localement, des fuites de compétences. Les responsables du secteur public doivent donc anticiper le vieillissement de leur personnel et les besoins de formation de ceux-ci, en identifiant les compétences-clefs nécessaires aux évolutions de leur métier. L’élaboration d’un plan stratégique des ressources humaines constitue une nécessité, indique André Estignard, associé à Paris.

5 : Mieux responsabiliser les administrations

Il n’y a pas que le secteur privé qui puisse booster le PIB ! « Dans bien des cas, nous constatons que les administrations publiques répugnent à assumer leurs responsabilités », explique Alexander Schmid, associé à Berlin. En cause, des ministères ou des services qui se marchent dessus, par exemple entre les transports et l’environnement. La coopération avec le secteur privé doit être encouragée, tandis que le secteur public doit, en interne, responsabiliser davantage ses services.

6 : Penser en termes financiers

Les coûts augmentent au lieu de diminuer, constate François Lanquetot, associé au bureau parisien de BearingPoint. Les administrations doivent par conséquent évaluer financièrement leurs prestations, en distinguant celles qu’elles sont en mesure d’accomplir des autres. Les termes de « rentabilité » et de « valeur ajoutée » ne doivent plus être des mots tabous, mais bien des moteurs du service public.

7 : Simplifier les réglementations

Simplifier ! Le mot est sur toutes les lèvres. Pour Jérôme de Badereau, associé à Paris, les réglementations peuvent complexifier la mise en œuvre de projets, voire inciter à les contourner comme dans le cas de « l’optimisation fiscale ». Les formulations ambiguës dans les textes doivent être évités, tandis qu’il convient de tendre vers un objectif d’harmonisation des réglementations à long terme entre les différents pays. Le pouvoir des instances de régulation peut aussi être renforcé.

8 : Mieux protéger les informations sensibles

La culture de la gestion des données doit obligatoirement se diffuser dans le secteur public, conclut Hughes Verdier, associé à Paris. « L’échange de données est devenu, semblable à quelque nouveau pétrole, une ressource vitale », estime-t-il. Les données collectées dans les transports ou dans le domaine de la santé constituent une mine d’or qu’il convient certes de mieux exploiter, mais aussi de mieux protéger. Un risque potentiel est de voir des investisseurs privés talonner le secteur public sur son propre terrain.

Photo : Back view of businessman reading documents in hand par Shutterstock/Sergey Nivens

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A propos de l'auteur
Journaliste dans la presse professionnelle, j'édite Business & Marchés à titre personnel depuis 2007.
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