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3 questions sur la bière artisanale

3 min de lecture

La bière artisanale (ou craft beer) est devenue un véritable phénomène de société. 3 questions pour en comprendre les enjeux.

Vous ne pourrez sans doute pas passer à travers du phénomène : les bières dites « artisanales » ont le vent en poupe. Le concept se diffuse à toute vitesse, créant de nombreuses confusions. Vous en viendrez rapidement à vous demander si la bière que vous dégustez est vraiment une bière « artisanale »…

Qu’est-ce qu’une bière artisanale ?

Dans un monde idéal, la définition d’une bière artisanale est une bière brassée avec passion. On entend par là que la priorité du brasseur est le goût de sa bière.

L’industriel produit de la bière en masse. Il utilise des matières premières traditionnelles (malts, houblons, levures…) et des substituts qui lui permettent de réduire ses coûts (le maïs et le riz sont souvent utilisés pour remplacer le malt d’orge). Notez cependant que pour être appelée « bière » une boisson doit détenir un minimum de 50% de malt de céréales.

Comprenons bien qu’il est impossible, lorsqu’on nous présente un produit inconnu, de savoir s’il est brassé « avec passion » ou même bien compliqué de savoir qu’il est produit avec « 100% de malt de céréales ». Parce qu’après tout, ce que l’on cherche en tant que consommateur, c’est de boire une bière qui a du goût, la notion de « bière artisanale » semble être un cachet de qualité mais rien n’empêche un brasseur artisanal de brasser sa bière avec 50% de maïs.

Qu’est-ce qu’un artisan brasseur ?

Gageons tout de même qu’un producteur dit « artisanal » produit ses bières scrupuleusement. Comment définir avec rigueur ce qu’est un artisan-brasseur afin que de guider les consommateurs vers le bon produit ?

En France, il existe deux mondes. Le monde « humain » où l’artisan est considéré comme un indépendant au savoir-faire riche souvent ancré localement. C’est ce que le commun des mortels appellera un artisan-brasseur produisant de ce fait des bières artisanales. En parallèle, juridiquement, une entreprise artisanale est constituée de moins de 10 salariés, créée par un artisan (on entend un métier permanent du répertoire des métiers). Il s’agit d’une entreprise immatriculée au registre des métiers et dont le chef d’entreprise dispose d’un diplôme ou d’une pratique du métier depuis plus de six ans.

La plupart des produits que nous appelons « bières artisanales » ne peuvent donc être considérés comme « artisanales » aux yeux de la loi. Un brasseur qui étiquetterait « bière artisanale » sans répondre aux conditions ci-dessous, pourrait être condamné à fermer son établissement. Les Français aiment l’artisanat car il contribue à l’économie locale, au patrimoine régional et surtout au lien social.

Qu’est-ce qu’une « craft beer » aux États-Unis ?

Pendant ce temps, de l’autre côté de l’Atlantique, le même marché est devenu démentiel, poussé par la même notion d’artisanat avec une vision sociologiquement bien différente de la notre. Ce phénomène, qui représente aujourd’hui aux Etats-Unis 7% du marché de la bière, a commencé dans les années 1980.

Dans les années 1970, de nombreux brasseurs amateurs produisaient leur bière chez eux. Poussés par cette passion de créer les meilleures bières possibles, ces brasseurs sont devenus professionnels au début de la décennie suivante avec un objectif en tête : fabriquer la meilleure bière possible. Cette façon de penser guide depuis le mouvement international. Elle détermine également ce qu’est une brasserie artisanale aux États-Unis.

Aux Etats-Unis, point de protection spécifique du terme « craft » comme en France. En revanche, le marché y est plus mature ; et de nombreuses organisations concourent à le structurer. C’est le rôle de la Brewers Association, qui possède sa propre définition d’une « craft beer ». Il s’agit d’une brasserie de petite taille (maximum 7,2 millions d’hectolitres), indépendante (moins de 25% de l’entreprise doit appartenir à un grand groupe) et appliquant des méthodes de fabrication traditionnelles (la moitié de la production doit être 100% malt).

Soit, voici une comparaison qui illustre à merveille la différence entre deux mondes bien différents, entre deux économies bien distinctes, entre deux cultures sociales fondamentalement opposées. A vous de décider si pour vous, les notions de lien social et d’économie locale font parties itinérantes du concept de bière artisanale ou si le goût de la bière prime ad vitam æternam.

Une question de chiffres…

En France, une brasserie artisanale pourrait être définie comme étant indépendante d’un grand groupe. Elle fabrique des bières à base de malts de céréales à 95%, compte moins de 10 salariés et produit moins de 20.000 hectolitres par an. Comparé aux 7,2 millions d’hectolitres américains, le chiffre prête à sourire !

Thomas Barbera, Happy Beer Time

Happy Beer Time

Photo : Beer Flight par Shutterstock/MaxyM

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