AMC Cape Grace achève une saison estivale record. Avec son nouveau catamaran à triple propulsion Samba et cinq bases actives, la compagnie maritime spécialisée dans les excursions touristiques en Méditerranée doit aussi gérer sa forte croissance.
Saison agitée – dans le bon sens – pour AMC Cape Grace. Créée en 2014 et rachetée en 2016, cette compagnie maritime de Saint-Raphaël (Var), spécialisée dans les excursions en maxi-catamarans, a multiplié les nouveautés depuis le début du printemps 2025. En juillet, le chiffre d’affaires a bondi de 90% par rapport au même mois de l’année précédente.
L’entreprise, qui conserve un noyau de 12 salariés durant l’hiver, emploie désormais plus de 60 personnes de mai à octobre, lorsque ses navires sont en exploitation pour différents circuits touristiques, grâce à de nouvelles bases : après sa base historique de Saint-Raphaël, Hyères (Var) s’est ajoutée en 2023, Nice (Alpes-Maritimes) en 2024, et cette année Marina Baie des Anges (à Villeneuve-Loubet, dans les Alpes-Maritimes) et Marseille (Bouches-du-Rhône). “Il a fallu travailler plusieurs mois sur les nouveaux circuits, et évaluer la pertinence de nos offres”, souligne Maurin Coste, le président d’AMC Cape Grace.
Depuis Villeneuve-Loubet, il est possible d’aller jusqu’aux îles de Lérins, au large de Cannes, ou à l’Anse de la Salis, à Antibes, tandis que depuis Marseille, il est possible d’admirer l’archipel du Frioul, ou bien d’entrer dans la zone du Parc national des Calanques. Pour obtenir l’agrément de navigation, AMC Cape Grace a dû faire la preuve de ses engagements environnementaux, tels que la récupération des eaux noires et des eaux grises, et s’appuie surtout sur un nouveau navire baptisé Samba.
A Marseille, un catamaran inédit
Conçu par le cabinet Yacht Concept et le chantier naval de l’Arsenal à La Rochelle, Samba est un maxi-catamaran (23,80 mètres de largeur, 11,20 mètres de longueur) pouvant accueillir jusqu’à 180 passagers. “Il s’agit d’une première mondiale, grâce à sa triple propulsion vélique, thermique et électrique. Nous avons cherché à concevoir le navire le moins carboné possible, avec l’idée d’être un incubateur pour le transport de passagers de demain”, s’enorgueillit Maurin Coste. Le projet a été démarré en janvier 2024, pour une livraison en juin 2025, moyennant un investissement de 3,5 millions d’euros, dont 18% consacrés au volet électrique.
Les trois systèmes sont indépendants; à charge au capitaine de choisir avec quelle énergie il souhaite naviguer. “Nous partons avec une charge donnée, il est donc dans l’ADN du marin d’être économe”, poursuit le dirigeant. Les économies d’énergie peuvent atteindre 90% par rapport à un catamaran ancienne génération. Des panneaux solaires ont également été disposés sur le bateau. Dans l’âme du sandwich de construction, une mousse en polyéthylène recyclé a par ailleurs été incorporée.
Samba s’inscrit dans un programme de renouvellement de la flotte, made in France et hybride pour les quatre maxi-catamarans précédents : Iladora (2021), Felicita (2022), Mayba (2023) et Baila (2024). Autre nouveauté en matière d’environnement, la suppression du plastique à usage unique à bord. 200 000 euros ont été investis pour installer des fontaines à boissons (jus de fruits, limonade, cola) fonctionnant grâce à des concentrés et de l’eau potable. Le punch préparé par les équipes reste, lui, d’actualité.
De nouvelles recrues à intégrer
Parmi les autres enjeux pour AMC Cape Grace, figure celui de l’intégration des équipes. En mai 2025, une semaine de formation a été organisée à cet effet, permettant notamment à 30 membres d’équipage, répartis sur les cinq navires, d’assimiler les codes de la maison : sécurité des passagers, propulsion à voile, présentation de l’entreprise…

Naïma et Florent, matelots, ont rejoint l’entreprise cette année.
A bord de Baïla, lors d’une excursion de quatre heures au large de Saint-Raphaël mi-août, Naima et Florent étaient sur le pont lors de leur première saison comme matelots chez AMC Cape Grace. Ces deux nouvelles recrues avaient déjà un pied en mer. Jusqu’alors steward sur des ferries, Naima a rejoint l’entreprise après une formation, et apprécie d’avoir des missions liées à l’animation ou à la restauration en plus du bon déroulement des excursions. Florent, de son côté, a travaillé durant deux ans comme matelot et deux ans comme capitaine sur les Bateaux Verts, une compagnie maritime de Sainte-Maxime (Var), “plus axée sur le transport” – la dimension touristique est venue s’ajouter à ses compétences.

Après avoir débuté comme matelot, Elliott est désormais second capitaine chez AMC Cape Grace.
Les journées sont intenses, avec trois circuits par jour depuis Saint-Raphaël. A bord du Baïla, on retrouve aussi Elliott, que l’on avait rencontré comme matelot. Après avoir occupé cette fonction durant trois saisons, il est cette année second capitaine, à l’issue d’un hiver passé en formation (radio, mécanique, sécurité…) et de différents temps de navigation obligatoires. “Nous devons être vigilants dans le chenal”, nous explique-t-il tout en manœuvrant le catamaran, et après avoir participé, avec l’équipage et des passagers, à hisser la voile. “On donne beaucoup de responsabilités à nos capitaines”, ajoute Maurin Coste.
L’après-midi en mer, circuit phare
Sur les cinq bases, jusqu’à 1400 clients par jour peuvent être embarqués au pic de la saison estivale. En 2024, plus de 10000 passagers ont été transportés au départ de Hyères, et 1000 depuis Nice.

Le navire Baïla a été mis en service en 2024.
22000 personnes sont montées à Saint-Raphaël, où le produit phare consiste en “L’Après-midi farniente”, un circuit de quatre heures (75 euros par personne) qui fait la part belle à la détente avec une playlist de musiques actuelles et festives concoctée par les marins, ainsi qu’une heure de baignade en mer, avec pour toile de fond le viaduc d’Anthéor, devant le massif de l’Estérel. Un moment particulièrement attendu par les passagers !

Pour hisser la voile, tout le monde met la main à la pâte.

« On navigue au maximum avec la voile », précise Elliott.
“Nous avons plus de familles lors des visites commentées du matin, tandis que l’après-midi et le circuit du coucher de soleil sont plus festifs. Les dîners sont plus tranquilles”, observe Naïma.

Un aperçu de l’ile d’Or.
Durant la croisière, on admire notamment le Lion de Mer, un îlot rocheux de la baie de Saint-Raphaël, ou bien l’Ile d’Or, une propriété privée. Le quartier de Boulouris, le cap Dramont, la baie d’Agay et les calanques de l’Estérel sont également visibles lors de l’aller-retour, placé sous le signe de la détente – nous avons notamment apprécié le fait de pouvoir de déconnecter en pleine mer, même si les places du pont supérieur sont chères !
“Stabiliser l’organisation”

Le Baïla et le Felicita sont rattachés à la base de Saint-Raphaël.
Alors que la période de juillet-août se termine, AMC Cape Grace va pouvoir remettre le turbo sur les événements, particuliers ou professionnels (plus de 15000 passagers transportés sous forme de privatisations en 2024). En 2025, 350 séminaires seront organisés au total.
“Nous devons stabiliser l’ensemble de l’organisation en 2026, avant de repartir sur de nouveaux projets pour les deux années suivantes”, indique Maurin Coste. L’hiver sera mis à profit pour faire le bilan de cette année chargée.