A Paris, le bar de nuit Isadora cultive son tropisme mixo avec “Forever 27”, un menu pensé en hommage à des artistes décédés à l’âge de 27 ans.
Maxime Caillet, que l’on a connu au Moonshiner puis chez Boubalé, a rejoint Charly Clain aux commandes d’Isadora. On retrouve également Axel Araba comme barman. Situé dans le 1er arrondissement de Paris, Jean-Jacques Rousseau, depuis 2017, ce bar à cocktails taillé pour les oiseaux de nuit, puisqu’il ouvre jusqu’à 3 heures en semaine et jusqu’à 5 heures du jeudi au samedi, a entièrement renouvelé, en juin 2025, son menu.
“Cette nouvelle carte marque une nouvelle étape dans le développement d’Isadora, avec une ambition claire : s’affirmer comme un acteur référent de la scène cocktail”, annonce l’équipe du bar, qui a travaillé autour du thème du “Club des 27”. Le “Club des 27”? Des artistes, issus de plusieurs industries culturelles, qui sont morts à l’âge de 27 ans. Des vies brisées en pleine carrière. “Bienvenue au cœur de la nuit, là où les étoiles ne meurent jamais vraiment”, annoncent les bartenders, qui ont mené des recherches sur l’univers de chaque personnalité, dont le parcours est retracé la fin du beau carnet rouge présentant le menu.
Le livret est très élégamment illustré. Des pages blanches sont destinées à être griffonnées au fur-et-à-mesure de chaque soirée. Neuf cocktails sont proposés (15 euros chacun). Isadora signe ici une carte ambitieuse, alliant hommage artistique, techniques mixologiques pointues et dimension émotionnelle. Au-delà d’un cocktail, chaque verre est un fragment d’histoire “arty” et poétiquement rock.
Des inspirations multiples

Me and the Devil

Pearl
Parmi les cocktails, Me and the devil (Bourbon Buffalo Trace, crème de poire, foin, immortelle, eau de coco, tonka, poivre long de Java) est un drink épicé, résolument frais en bouche. La poire apporte de l’onctuosité. Au nez, on la retrouve en premier plan. Pour les amateurs d’old fashioned, le Pearl (Tequila 1800, cerise, vanille, graines de tournesol, épices) est tout trouvé. “Plus fruité, plus floral qu’un old fashioned traditionnel, pour coller à la personnalité de l’artiste”, la chanteuse américaine Janis Joplin (1943-1970) en l’occurrence. Le tournesol apporte de la rondeur, derrière une attaque singulièrement relevée. Les arômes de cerise sont discrets.
Très surprenante est la recette du Back to black, déclinable sans alcool : amontillado, gentiane, fraise, vinaigre d’IPA, zaatar gazéifié. De la bière India Pale Ale a été travaillée sous forme de vinaigre, un ingrédient qui ressort immédiatement lors de la dégustation. Il y a beaucoup de mâche, tandis que la gentiane apporte de la fraîcheur. L’ensemble est finement herbacé.

Purple Haze
Des paillettes d’or ornent le verre du Purple Haze (rhum Santiago de Cuba 8 ans, Fair passion, vermouth, myrtille, fino, absinthe, bitter fleur d’atoumo). “On met de la myrtille, des clous de girofle ou bien de la vanille dans le vermouth”, précise Charly Clain. Le cocktail est moins facile à appréhender qu’il n’y paraît, grâce à une attaque franche, portée sur le vermouth, avant de retomber sur une touche de douceur en finale avec la myrtille.
Autre suggestion, le Same old shit (Cognac Hennessy, Rhum Santiago de Cuba carta Blanca, champagne, melon, citron, coriandre), clarifié au lait de soja. “Il nous fallait un champagne cocktail, nous sommes un bar de nuit”, précise Maxime Caillet. Un drink frais, long et sucré, résolument festif mais très doux, avant de se tourner vers le Pennyroyal Tea, au distillat de menthe pouliot réalisé par la microdistillerie parisienne Baccae. De la nepita, une plante corse, ainsi qu’une infusion d’algue entrent dans la recette, tout comme de la liqueur herbacée signée NordicEtOH. Un kick de fraîcheur!
Des artistes à retrouver au fil de la carte
Me and the Devil — Robert Johnson : bourbon, poire, foin, poivre
No Jones, No Stones — Brian Jones : gin, olive, mangue, rhum agricole ; notes salines et fruitées
Purple Haze — Jimi Hendrix : rhum cubain, myrtille, vermouth, absinthe
Pearl — Janis Joplin : tequila, cerise, vanille, graines de tournesol
King Lizard — Jim Morrison : whisky, figue de barbarie, rhubarbe, sauge
Same Old Shit — Jean-Michel Basquiat : cognac, rhum, champagne, melon, coriandre
Pennyroyal Tea — Kurt Cobain : distillat mentholé de pennyroyal, liqueur nordique
Back to Black — Amy Winehouse : gentiane, fraise, amontillado, vinaigre d’IPA gazéifié
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération.