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Bourse: un emballement prématuré ?

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Le rebond engagé sur de nombreuses places boursières reste fragile: rien n’indique que la sortie de crise est imminente. Passage en revue des menaces qui pèsent sur les marchés.

L’optimisme des investisseurs est-il trop fort et prématuré ? Nombre d’observateurs mettent en garde face au rebond engagé depuis deux mois sur les marchés. Entre le 9 mars – date où le CAC 40 a atteint un plus-bas depuis l’automne 2007, début de la crise – et le 5 mai dernier, l’indice parisien s’est apprécié de 27,68 %. A Tokyo, c’est une hausse de 27,25 % qui s’est emparée du Nikkei 225, et de 47,55 % pour l’indice MSCI des marchés émergents : quelques signaux positifs ont suffi pour amorcer un retournement de tendance, dont la durabilité est encore en question.

« Il y a une pression très forte qui s’exerce sur les politiques pour qu’ils viennent au secours des entreprises pour éviter les faillites, qui ont des conséquences graves en terme d’emploi », explique à l’AFP Gunther Capelle-Blancard, professeur à Paris-I. Les secteurs automobiles et bancaires sont les premiers à bénéficier de cet activisme de la part des gouvernants, qui s’est traduit par de multiples mesures depuis le début de la crise jusqu’à sa propagation à l’économie réelle. Les valeurs de ces deux secteurs, malmenées, présentent de forts potentiels de rebond, et font donc l’actualité actuellement. Mais une sortie de crise définitive ne semble toujours pas en vue, comme le rappellent de nombreuses menaces qui pèsent encore sur les marchés.

Stress tests : remises en question. C’est une double remise en question qui se pose suite à la publication des tests de résistance orchestrés sur les principaux établissements bancaires américains. D’une part, les résultats de plusieurs banques présentent un aspect inquiétant : Bank of America doit lever 34 milliards de dollars de capitaux en plus du prêt de 45 milliards déjà alloué par les autorités, Wells Fargo 15 milliards de dollars, Citigroup 5 milliards, et GMAC (l’ancienne filiale de crédit de General Motors) 11,5 milliards pour ne citer que ces établissements parmi les dix-neuf passés au crible. D’autre part, les résultats de ces tests viennent d’être remis en cause par la presse américaine, qui a indiqué que certaines banques auraient négocié pour que les autorités revoient à la baisse les montants de capital jugés nécessaires.

→ Une brusque remontée du pétrole. En repassant la barre des 60 dollars, le baril de light sweet crude (WTI) touche ce seuil pour la première fois depuis six mois. L’idée d’une reprise rapide de l’économie, propagée par des statistiques encourageantes principalement publiées aux Etats-Unis, pousse les cours du baril à la hausse en dépit de stocks importants. Le tassement du dollar permet par ailleurs aux investisseurs munis d’autres devises de miser sur l’or noir à moindres frais. Si cette envolée se poursuit de manière démesurée, la sortie de crise risque d’être douloureuse pour les pays consommateurs : les 150 dollars atteints l’été dernier restent encore dans les esprits.

→ Le problème quasi-insoluble des actifs toxiques. « Nous devons trouver rapidement une solution pour les actifs toxiques des banques et refinancer les banques si nécessaires », déclarait la semaine dernière le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Joaquin Almunia. En préconisant davantage d’identification et de transparence, la Commission européenne ne s’est jusque là pas aventurée sur le terrain des remèdes à apporter pour résoudre ce problème. Le Fonds monétaire international estime à 4.000 milliards de dollars le montant des actifs toxiques des banques et des compagnies d’assurances, et doit faire face à des divergences quant à la résolution de ce problème : les Etats-Unis ont crée une structure alliant public et privé tandis que d’autres pays rejettent l’idée de « bad banks » qui jetteraient l’opprobre sur leur système bancaire. C’est en revanche l’option vers laquelle s’oriente l’Allemagne, le ministère des Finances et la cour des comptes examinant un projet de ce type.

→ Des risques-crédit toujours présents. Le mois dernier, l’assureur-crédit Coface a dégradé la note de 47 pays, parmi lesquels le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne. La solidité des entreprises et le niveau de risque inhérent à chaque pays ont été examinés et ont conduit à ces arbitrages, qui font la part belle au Brésil, un Etat où les marchés connaissent par ailleurs une remontée spectaculaire. L’Inde « reste portée par sa demande interne et est peu touchée par la crise via le canal du commerce international », tandis que la Chine a elle aussi vu sa note maintenue. Elle maintient sa confiance envers les pays émergents, mais Coface incite à la prudence en Europe : les défaillances ont explosé l’an passé de 70 % en Irlande, de 36 % en Italie et de 130 % en Espagne.

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Journaliste dans la presse professionnelle, j'édite Business & Marchés à titre personnel depuis 2007.
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