Deuxième menu autour de la BD au bar Joséphine Mandarin Oriental Lutetia. Le palace propose des twists de cocktails classiques, grâce à la patte de l’équipe d’Angelo Forte.
Rebaptisé Mandarin Oriental Lutetia début mars 2025, le palace du 6ème arrondissement de Paris (184 chambres) poursuit le travail entamé sur l’évolution de l’offre de ses bars. Après avoir donné la touche finale à une trilogie consacrée à la musique au Bar Aristide, son speakeasy, en janvier dernier, le palace poursuit le travail entamé au printemps 2024 au Bar Joséphine, son établissement principal, sous la houlette de l’équipe du chef barman Angelo Forte.
Le nouveau menu reste porté sur le thème de la BD.
Depuis l’an dernier, le majestueux bar, nommé en hommage à Joséphine Baker, met en avant le neuvième art avec un menu pensé comme une ode à la bande dessinée. Après un premier opus illustré par Lucas Harari, Serge Clerc, qui publie des BD depuis l’âge de 17 ans, s’est prêté à l’exercice en imaginant non seulement pas une planche par cocktail (au nombre de dix) mais une histoire d’espionnage qui se joue au sein du Bar Joséphine. Il convient donc de faire défiler les pages dans l’ordre.
Pour les habitués de l’établissement, pas de révolution puisque les ingrédients des précédents cocktails ont été priorisés dans le cadre de la conception des nouvelles recettes : “on ne voulait pas trop changer”, précise Angelo Forte. “Chaque cocktail, tel un chapitre captivant, raconte une histoire unique, où des saveurs audacieuses et sophistiquées se mêlent pour créer une expérience inoubliable alliant la tradition de l’art de la mixologie et la modernité des compositions”, indique-t-il en guise d’introduction.
Des twists de cocktails classiques
Les amateurs de cocktails classiques ne seront pas dépaysés, puisqu’Un soir d’orage, le “welcome drink” qui introduit le menu, constitue un twist de Dark n’stormy avec un cordial gingembre, tandis que le All’una e trentacinque, du nom d’une chanson italienne, est un twist de negroni. 9 semaines ½ consiste en un twist d’un Manhattan. Version low ABV d’un Garibaldi (Campari, jus d’orange), le Baker street poursuit le déroulé du menu, avant la découverte d’un twist d’un Vesper Martini (vodka, gin, Lillet, citron) nommé 006, comme l’arrondissement.
Les amateurs d’old fashioned se tourneront vers le Paris Latino, et ceux des punchs vers La Seine, la scène, la cène (“le cocktail le plus complexe de la carte”). L’Electric Callas empreinte la technique du milk punch (cocktail clarifié à base de lait), avant de céder sa place au Requiem pour un c…, un twist de zombie du nom d’une chanson de Serge Gainsbourg. Le Mexican Radio est, lui, un twist d’une paloma. Le premier et le dernier cocktail sont déclinables sans alcool.
Un soir d’orage · Mexican Radio
Un soir d’orage
Mexican Radio
Un soir d’orage : Vodka Altamura, citronnelle, litchi, gingembre, champagne, verjus. Un long drink floral au nez, porté sur la violette. En bouche : gingembre, frais, doux, floral, onctueux, pour une recette très accessible.
Mexican Radio : un rim composé de beurre salé et d’un mélange de paprika doux et fumé introduit la dégustation, “pour gagner en profondeur” souligne Tim Meunier, barman. Le nez est fumé, marqué par le paprika, avec des notes très osées que l’on a peu l’habitude de retrouver dans un palace. En bouche, le drink (tequila Patron silver, cordial de fruits de la passion et de câpres, amaro Santoni à base de rhubarbe, verjus et soda) est gras, vinaigré, et très cuisiné. Les épices douces se prolongent en bouche.
La Seine, la scène, la cène · Electric Callas
La Seine, la scène, la scène
Electric Callas
La Seine, la scène, la cène : de la vodka Grey Goose est infusée dans du thé genmaicha (avec du riz soufflé), et un cordial d’algues wakame est réalisé avec du citron. Le côté umami de l’algue est recherché. Du vin italien (Marsala) et de l’eau de tomate issue de la préparation du bloody mary sont aussi conviés dans la recette, tout comme du soja pour un apport salé. Au nez, le cocktail est fruité et citronné. En bouche : un drink accessible, gourmand, hyper vanillé, tandis que des arômes iodés arrivent par la suite. L’eau de tomate est davantage présente au nez qu’en bouche.
Electric Callas : gros coup de cœur pour ce cocktail composé de Moutai Gold, de thé rooibos parfumé, d’un sherbet (sirop moins sucré) pomme et yuzu, de raisin et d’un dash de Chartreuse jaune. Une chips de riz est disposée en garnish. Au nez : sec et céréalier. En bouche : très facile d’accès, doux, onctueux et légèrement minéral en finale.
Requiem pour un c… · 9 semaines ½
Requiem pour un c…
9 semaines ½
Requiem pour un c… : “dans les palaces, on ne trouvait pas de cocktail tiki. Il s’agit d’un zombie élégant, préparé en milk punch, mais qui reste bien corsé”, expose Angelo Forte. Les ingrédients : Rhum Bacardi 4 ans, patate douce, rhum agricole Neisson, mangue, ananas et basilic, falernum noix de cajou. Le nez est floral, doux, très (trop) accessible. Des notes de fleurs blanches peuvent être décelées. En bouche, a contrario, c’est une explosion d’arômes, avec la mangue et l’ananas qui arrivent après une attaque franche. La texture rappelle celle de la patate douce. Un tiki “calme” que l’on ne saurait trop recommander !
9 semaines ½ : visuellement, on se rapproche des codes classiques que l’on imagine dans un bar d’hôtel. Bourbon Woodford Reserve, pistache, vermouth rouge Cocchi, fleur de cerisier, bitter maison vanille et chocolat. Au nez, la douceur de la pistache intrigue, à rebours de la puissance attendue du cocktail. En bouche, le drink est incroyablement amer. Le cocktail tourne franchement autour du bourbon, tout en étant très rond in fine, voire moelleux en finale.
006 · Paris Latino
006
Paris Latino
006 : “audacieux, méditerranéen et sec”, avec du gin Bombay Sapphire Premier cru (la carte contient beaucoup de produits Bacardi) infusé à l’olive taggiasche (Italie), de la vodka, du thym, du Lillet blanc ainsi qu’une huile de chlorophylle. Le cocktail est prébatché, et les verres, placés au congélateur, sont rincés (“in/out”) avec un bitter aneth-cardamome fait maison. Des gouttes d’huiles de basilic surplombent le liquide. Au nez, le cocktail est franc et tendu. En bouche, il est puissant, vif, bien dosé, droit, mais il peut être clivant.
Paris Latino : ron Zacapa infusé au palo santo, sirop maison (poivre, anis, cannelle, cardamome, clous de girofle), sherry (vin fortifié espagnol), bitter maison pamplemousse et réglisse. Au nez, des notes de réglisse introduisent la dégustation. En bouche, les arômes boisés sont mis en avant, puis l’on retrouve des saveurs fruitées.
Californian makis au homard
Un bel exercice de style, que l’on conclut avec de délicieux californian makis homard, miso, avocat (32 euros) pour ponctuer ce doux moment.
Cocktails : 28 euros
45 boulevard Raspail, 75006 Paris
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