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Le protectionnisme entre dans la campagne présidentielle

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Les annonces relatives au soutien de l’économie française et européenne se multiplient. Les pays émergents n’hésitent pas, quant à eux, à protéger leurs secteurs-clefs.

Mais où est donc passé le libéralisme ? Le terme figure parmi les grands absents de la campagne pour l’élection présidentielle. Si le Parti socialiste propose « la taxation des produits aux frontières européennes », l’UMP a décidé de s’affranchir des règles en vigueur dans l’Union européenne en émettant l’idée de réserver une part des marchés publics aux entreprises produisant dans cette zone. Par ailleurs, au débat sur les meilleurs moyens d’attirer les capitaux sur le territoire a désormais succédé une polémique sur le Made in France.

L’envolée du chômage, les nombreuses délocalisations ainsi que les craintes relatives au pouvoir d’achat des salariés expliquent notamment cette forte inflexion du débat politique, qui a surpris nombre d’observateurs.

Les joutes classiques dans l’affrontement gauche/droite portaient sur le temps de travail ; désormais, elles concernent l’ensemble des moyens permettant de maintenir en France les emplois. La compétitivité joue un rôle clef (l’Allemagne est ainsi régulièrement citée en exemple par Nicolas Sarkozy), la politique commerciale aussi.

Pour l’économiste Alexandre Delaigue, qui s’exprime dans Libération, le « Buy european act » proposé par le chef de l’Etat sortant est une fausse bonne idée. « Ce genre de clause a surtout pour conséquence d’accroître le coût de production des infrastructures publiques », explique-t-il sur la base de l’exemple américain brandi par Nicolas Sarkozy. Les surcoûts engendrés par l’achat de services locaux empêchent, selon l’auteur, d’investir ces sommes dans des politiques d’aide à l’emploi.

Les pays émergents en première ligne

Dans bon nombre de pays, l’heure n’est plus à la discussion mais à l’action. L’Organisation mondiale du commerce a ainsi recensé 340 mesures protectionnistes prises en 2011. Ce nombre s’élevait, en 2010, à 220. Les pays émergents figurent parmi les plus prompts à tenter de protéger leur économie, comme en témoignent les exemples de l’Argentine et de la Russie, épinglés par l’ONG suisse Global Trade Alert.

Le papier et le carton sont au cœur des mesures prises par l’Argentine, qui tente notamment de protéger le secteur particulièrement florissant de l’édition. Le taux de plomb des produits importés est règlementé, tandis que les importateurs devront déclarer dix jours à l’avance leurs intentions d’achats. La Chine et le Royaume-Uni figurent par ailleurs dans le viseur des autorités locales. En 2011, la vente d’iPhone avait fait l’objet d’une interdiction de vente dans le pays, le produit étant intégralement fabriqué à l’étranger.

Cette dernière mesure n’est pas sans rappeler la taxe de 30% imposée par le Brésil sur les véhicules dont moins de 65% des pièces émanent du Mercosur. Régime similaire en Russie, où 30% des automobiles produites devront comporter une transmission ou moteur d’origine locale. La décision, qui s’appliquera jusqu’en 2020, fait partie de l’arsenal protectionniste constitué depuis un an ; les denrées alimentaires ont été les premières concernées.

Mathieu Plane, économiste à l’OFCE, estime dans Le Monde que ces mesures ne constituent pas la bonne politique à suivre en Europe, tout comme le « buy european act » défendu  par Nicolas Sarkozy. « Il serait préférable d’éviter les comportements non-coopératifs existant au sein de l’UE », explique-t-il. Les exemples de dumping et d’impôts en tout genre se multipliant entre pays, la menace ne vient pas forcément de là où on l’attend.

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A propos de l'auteur
Journaliste dans la presse professionnelle, j'édite Business & Marchés à titre personnel depuis 2007.
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