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« OfficeRiders casse les codes du coworking »

4 min de lecture
Office Riders

Lancé cette semaine, OfficeRiders réinvente le coworking en mettant en relation des indépendants et des particuliers. Son CEO, Florian Delifer, revient sur le développement de la plateforme.

Avant-première. Où se situe le plus vaste espace de coworking en France ? Chez les particuliers ! Fort de ce constat, OfficeRiders se lance officiellement cette semaine. Ce nouveau service vise à faire converger les besoins des travailleurs nomades ou des entrepreneurs ayant des besoins immobiliers ponctuels avec ceux des propriétaires d’espaces inoccupés durant la journée. Business & Marchés a interrogé son co-fondateur et CEO, Florian Delifer.

Comment est née l’idée d’OfficeRiders ?

Alors que nous développions déjà une start-up avec mes deux associés (LittleBigCity), nous avons été confrontés, à San Francisco, à des problématiques liées aux espaces de travail. La personne qui nous accueillait avait transformé son appartement en lieu de coworking. Lorsque nous sommes rentrés en France, en juin 2014, nous avons souhaité tester le marché sur l’idée d’une plateforme qui s’appuierait sur ce principe de travail chez les particuliers : nous avons eu de très bons retours et de nombreux échos suite au salon Futur en Seine, qui nous a servi de tremplin. Toutefois, OfficeRiders ne se lance réellement qu’aujourd’hui car il a fallu, entre temps, développer la plateforme, rencontrer des hébergeurs, établir une liste, organiser une phase de tests… en parallèle du travail effectué pour notre start-up.

Comment OfficeRiders se différenciera-t-il sur le marché de l’immobilier tertiaire ?

La location d’un espace de coworking coûte environ 350 euros par mois, une somme plutôt élevée pour des travailleurs indépendants, auto-entrepreneurs ou créateurs de start-up, par exemple. En cassant les codes du secteur, nous souhaitons diviser par deux les prix du marché. Le particulier qui loue son appartement ou sa maison vide durant la journée ne sera que peu affecté par cette activité, dans la mesure où la location s’effectue durant son absence. Il pourra en tirer des revenus supplémentaires. En revanche, les indépendants sont très réceptifs à l’idée de disposer de tiers-lieux, et attachés à la dimension sociale d’une plateforme telle que la notre : rencontrer d’autres coworkers, recréer du lien social…

Comment a évolué votre projet entre l’idée et le lancement effectif du service ?

Nous avons pensé en premier lieu à un public d’indépendants, de travailleurs nomades et de startuppers. Au fur et à mesure, nous avons pris conscience de la diversité des publics et des usages auxquels pouvait répondre Office Riders : réunions, présentations, événements, showrooms, voire pop-up stores. Les start-up et le coworking demeurent toutefois au cœur de notre projet. Nous avons notamment identifié le besoin de convivialité exprimé par ces cibles : des travailleurs indépendants qui disposent de chaises vides peuvent convier des confrères à passer la journée avec eux, ou élargir leur réseau.

Comment s’effectue la mise en relation entre les riders et les hébergeurs ?

Les locataires (appelés riders) peuvent identifier les lieux disponibles au moyen de filtres (capacité, types d’usages, prix…), tandis que les hébergeurs peuvent échanger avec leurs futurs utilisateurs au moyen d’une messagerie. Même si les tarifs sont fixés par les propriétaires, nous suggérons des fourchettes de prix afin d’être positionnés à environ 50% du prix du marché.

Les nombreux exemples tirés de l’économie collaborative, tels qu’Airbnb ou BlaBlaCar, nous ont aidé : ces entreprises ont défriché le terrain, fait connaitre ce mode de fonctionnement entre internautes, et ont rencontré des difficultés sur des thématiques similaires à celles auxquelles nous avons affaire. Nous proposons une assurance, nous vérifions les profils au moyen de réseaux sociaux tiers, tels que LinkedIn par exemple, et nous permettons d’avoir une visibilité sur les autres riders. Nous gérons les transactions et ne délivrons l’argent qu’après la prestation. Il est certes recommandé aux propriétaires d’être présents sur place le premier jour, mais nous avons aussi établi un partenariat avec une société de conciergerie pour les arrivées et les départs.

Quel bilan tirez-vous de la phase de tests pré-lancement ?

Nous avons identifié des usages professionnels sur lesquels OfficeRiders peut être utile, tels que les réunions ou les pop-up stores, mais en demeurant toujours moins chers que les offres existantes. Certains équipements sont indispensables au travail des riders, tels que le wifi ou l’imprimante, tandis que d’autres nous ont surpris : la présence d’une machine à laver est ainsi très appréciée !  Il s’agit, d’autant plus, d’un équipement qui n’est habituellement pas utilisé durant la journée. Nous disposons aujourd’hui d’une belle diversité d’appartements, du studio au 250m², et de quelques maisons, principalement situées à Paris – ville où nous avons commencé par communiquer – mais aussi à Lyon ou à Nice, par exemple. Des journées de free-ride (location gratuite) et la réalisation de photos ont également été au programme de cette phase.

Quel est votre business model et quelles sont vos perspectives de développement ?

A l’instar d’autres plateformes collaboratives, nous nous rémunérons sur la base d’une commission prélevée sur les transactions, de 3% pour les riders et de 6% pour les hébergeurs. Nous favorisons délibérément les locataires, dans la mesure où ils constituent notre cœur de cible et ont besoin d’avoir accès à cette offre dans le cadre de leur activité. Les propriétaires sont pour leur part dans une logique de soutien à l’activité des start-up, notamment. Si ce système est un frein, nous nous réservons la possibilité de faire évoluer le modèle sur la base de forfaits ou de services annexes.

Les grandes villes sont au centre de notre stratégie, en France et à l’international : nous recevons beaucoup de demandes depuis Berlin, et nous avons déjà entamé des démarches à San Francisco, la ville où le projet a démarré.

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A propos de l'auteur
Journaliste dans la presse professionnelle, j'édite Business & Marchés à titre personnel depuis 2007.
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