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Conjoncture : le mot en « R » est de retour

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Le terme de « récession », honni par les politiques, est mis en exergue par l’OCDE, plus que jamais pessimiste quant aux perspectives économiques.

« La zone euro semble traverser une légère récession ». La phrase, qui émane de l’OCDE, lève un tabou qui hantait, ces dernières semaines, la sphère politique. La croissance devrait s’élever à 1,6% en 2011 et à 0,2% en 2012, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques, qui a présenté, ce lundi, ses nouvelles prévisions. Le Portugal devrait voir son taux de croissance plonger à -3,2% en 2012, des performances comparables à la Grèce (-3%).

Alors que Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France, émettait l’hypothèse, au début du mois, que la France n’entrerait pas en récession d’ici à la fin de l’année, l’OCDE évoque l’entrée du pays dans une « brève période de récession ». Ce terme, qui constitue un véritable épouvantail pour tout gouvernement, est lâché : la crise s’est installée non seulement dans les esprits, mais aussi de manière tangible. Signe de l’agitation ambiante, La Tribune faisait le relais, ce mardi, de rumeurs – rapidement démenties – selon lesquelles le placement de la note de la France sous surveillance négative par Standard and Poor’s serait imminent.

Ces faits constituent un véritable terrain glissant pour l’exécutif, déjà échaudé par l’annonce d’un taux de chômage au plus haut depuis décembre 1999. L’OCDE prévoit que la barre des 10% sera franchie, dans ce domaine, en 2012. Interrogé par Libération, l’économiste Mathieu Plane, de l’Observatoire français des conjonctures économiques, renvoie à la situation de 2008 : un « scénario de risque récessif s’annonce alors qu’on a pas annulé les stigmates de la première crise, ce qui fait que les nouveaux chômeurs s’ajoutent aux anciens », explique-t-il.

Marges de manœuvre inexistantes

L’annonce de potentielles mesures pour stimuler l’activité économique ne semble pas, faute de fonds, envisageable. L’OCDE prévient pour sa part que l’objectif de retour du déficit public à 4,5% du PIB en 2012 passera par « de nouvelles mesures de consolidation budgétaire », autrement dit un nouveau plan de rigueur, ce à quoi s’est refusé le ministre de l’Economie François Baroin. « Nous ne travaillons pas sur un troisième plan, nous ne sommes pas dans cette logique », a-t-il indiqué, à la volée, ce lundi lors d’un déplacement.

Limiter la casse sans pour autant pouvoir travailler au retour de la croissance : le gouvernement semble pris dans une situation quasi-inextricable à quelques mois de l’élection présidentielle. Rares sont les réactions des autres partis politiques face à cette situation, tant les marges de manœuvre semblent faibles. L’hiver risque donc d’être, tant économiquement que politiquement, particulièrement difficile. La récession « procède de la réaction des politiques économiques dans les différents pays européens, politiques qui sont toutes restrictives », indiquait la semaine dernière dans La Tribune Jean-Paul Fitoussi, directeur de recherche à l’OFCE.

Dans ce contexte, un « pacte » de discipline budgétaire franco-allemand est en préparation. Présenté lors du prochain Conseil européen, le 9 décembre, il vise également davantage de solidarité.

Un rapport du Fonds monétaire international, publié mi-novembre, a fait ressortir le chiffre – peu commenté – de 23 millions de personnes pouvant potentiellement passer sous le seuil de pauvreté si une crise économique dans les pays « riches » survenait, avec pour principale manifestation une récession en Europe. Et si le plus dur était à venir ?

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A propos de l'auteur
Journaliste dans la presse professionnelle, j'édite Business & Marchés à titre personnel depuis 2007.
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