Économie

Pourquoi les cours des matières premières agricoles s'emballent

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Les sentiments d’inflation et de hausse des prix alimentaires tels que ressentis par les Français et confirmée par différents indicateurs ne semblent pas prêts de s’arrêter. A moins de rogner sur leurs marges, les industriels spécialisés dans le blé, le riz, le soja ou le café devront répercuter les hausses récemment constatées sauf si un mouvement inverse devait rapidement se produire.

« La tonne de blé cotée sur NYSE Euronext atteint actuellement 284 euros. Il y a deux ans encore, le cours de cette céréale s’établissait autour de 110 euros, le prix garanti par Bruxelles dans le cadre de la politique agricole commune. La demande mondiale a fortement progressé depuis 2006. Elle est tirée par la croissance des pays émergents comme l’Inde ou la Chine, mais aussi par l’essor des biocarburants« , expliquait en février dernier au Journal des Finances Patrick Gentile, chef des matières premières chez NYSE-Euronext, gérant de places boursières en Europe et aux Etats-Unis. Il apparaît donc que le rôle de l’arbitrage que doivent effectuer les agriculteurs entre poursuite de cultures destinées à l’industrie agro-alimentaire et plantations à destinations des producteurs d’énergie joue un rôle de plus en plus important dans cette flambée des cours des matières premières agricoles. « Si l’on veut couvrir 20% du besoin croissant en produits pétroliers avec des biocarburants, comme cela est prévu, il n’y aura plus rien à manger. Accorder d’énormes subventions pour les produire est inacceptable moralement et irresponsable« , indiquait dimanche dernier le patron de Nestlé Peter Brabeck.

Les difficultés de production et d’exportation sont aussi pointées du doigt. Ainsi, le cours de la tonne de riz thai s’est envolé jeudi, passant de 580 à 760 dollars; un fait consécutif à l’annonce par l’Egypte d’arrêter ses exportations, espérant ainsi détendre les prix sur le marché intérieur. Le pays nord-africain suit ainsi l’exemple du Vietnam et de l’inde, respectivement deuxième et troisième exportateurs mondiaux, ainsi que du Cambodge. Or, les réserves mondiales sont à leur plus bas niveau depuis 1976. La faiblesse des stocks est aussi en cause dans l’explosion des cours du café. Son cours, qui n’avait pas été aussi élevé depuis 1996, a été stimulé en fin de semaine dernière par le niveau des réserves mais aussi par la spéculation.

« L’intérêt pour les contrats à terme sur les céréales n’a jamais été aussi fort. En moyenne, 8000 contrats sont échangés chaque jour, contre 6000 en 2007, qui était déjà une année record en termes d’activité. Ces volumes d’échanges peuvent attirer les fonds spéculateurs« , analysait Patrick Gentile. Dans le cas du café, il s’agit là aussi d’une flambée liée à des fonds d’investissement semblant plus attirés par l’appât du gain que par les ressources en elles-même. Kraft Foods (Maxwell) et Procter&Gamble ont d’ores et déjà annoncé un relèvement de leurs tarifs.

Enfin, les conditions climatiques peuvent influer sur le cours des céréales, comme pour le cas du soja dont les vendeurs font faillite les uns à la suite des autres en Indonésie. « La pluie n’a pas cessé ces dernières semaines sur la région du Mato Grosso, au Brésil. En conséquence, pas une graine de soja n’a pu être cueillie jusqu’à présent, alors que d’ordinaire, 15% de la récolte est déjà engrangée au début du mois de février« , analysait fin février dans le Journal des Finances Eric Dalsace, courtier en soja.

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