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« Chefs d’entreprise, sécurisez votre capital informationnel numérique! »

4 min de lecture
Mot de passe

La start-up bordelaise Transmitio propose aux chefs d’entreprise de sécuriser, en vue d’une éventuelle transmission, leurs informations numériques vitales.

Transmitio a pour objectif de protéger et de transmettre les informations clefs de l’entreprise, celles qui participent à faire fonctionner l’activité”, explique Benjamin Rosoor, qui répond aux questions de Business & Marchés.  Co-fondateur de cette start-up bordelaise avec Marc Bouguié, il propose un service numérique destiné aux chefs d’entreprise. La société a été créee en août 2014, et le site Web lancé en mars 2015.

Quel constat vous a incité à créer Transmitio?

Il y a presque un an, un ami qui dirige une agence immobilière m’appelle en panique : il n’a plus accès à son site internet, celui sur lequel il publie ses annonces et qui lui rapporte une grosse partie de ses clients. Dans son bureau il m’annonce que son webmaster est mort et que lui seul connaissait les codes et accès au back-office du site et à son hébergement… Il faudra 15 jours à cet ami pour réussir à récupérer les codes et identifiants, 15 jours sans pouvoir passer d’annonces et donc, sans réaliser de chiffre d’affaires.

Quelle réponse avez-vous imaginé?

Nous nous sommes alors dit avec Marc Bouguié, mon associé, qu’avec la transformation numérique et digitale des entreprises, ce capital numérique serait de plus en plus important. Cloud, email, eCRM, facturation, dématérialisation des documents: les données et secrets des entreprises sont désormais sur le Web et les clés pour y accéder sont les identifiants, les mots de passe. Nous avons mené une étude auprès d’un panel de chefs d’entreprise et il ressort qu’en moyenne, le dirigeant français possède une vingtaine de codes et accès. A la façon des assurances “homme clef” qui protègent les personnes les plus importantes de l’entreprise, nous avons crée Transmitio.

Quels sont les enjeux de la transmission du capital numérique de l’entreprise?

Les médias, les chefs d’entreprise, les directeurs marketing parlent beaucoup de la transformation numérique des entreprises. On évoque la révolution des process, la relation clients via les réseaux sociaux, le recours au eCRM, les relais de croissance grâce aux sites transactionnels, mais personne ne parle de la constitution et la gestion du capital numérique qui en découle. Si la maîtrise de l’identité numérique d’un individu est importante, le contrôle et la transmission du capital numérique de l’entreprise est crucial. Ces codes et accès sont des actifs immatériels qui peuvent conduire à la paralysie de l’entreprise en cas de mauvaise gestion.

Chaque année en France, 17.000 PME sont à transmettre et 8.000 disparaissent soit par manque d’anticipation soit en raison du décès du chef d’entreprise.  Les codes et accès aux services clés des entreprises font partie de ce manque de préparation. Si le dirigeant, détenteur principal de ces informations clés n’a rien prévu pour les transmettre, comment accéder au capital numérique de l’entreprise? Gérer et préparer la transmission du capital numérique de l’entreprise est donc un acte de gestion responsable qui permet de garantir la continuité d’activité et préserver des emplois.

Comment peut-on sensibiliser les entrepreneurs à ce sujet tout en leur garantissant un niveau élevé de sécurité?

Nous sommes dans une démarche de co-construction et d’ouverture avec les acteurs publics et les prescripteurs des professionnels. Par exemple, nous participons au projet Open Law avec la DILA (Direction de l’Information Légale et Administrative) afin de faire prendre conscience de la valeur du capital numérique. Nous travaillons également avec la CNIL, le Conseil Supérieur de l’Ordre des Notaires et des avocats spécialistes en droit du numérique (le cabinet 11.100.34). L’actualité joue également en la faveur d’une prise de conscience. La diffusion des mots de passe de TV5Monde dans un reportage télévisé a fait réagir le public. Comment des informations confidentielles et nécessaires à l’activité peuvent-elles être affichées à la vue de tous ?

Peu à peu, les chefs d’entreprises, comme le grand public, comprennent les enjeux et la valeur de leurs codes et identifiants. Personne ne laisse traîner les clés de son bureau, de sa maison n’importe où, pourquoi ferait-on pareil avec ses “clés numériques” ? Avec Transmitio, nous souhaitons accélérer cette prise de conscience, développer au sein des TPE/PME la culture et gestion responsable du capital numérique. Nous aimerions d’ailleurs en discuter avec des sociétés d’assurance et des organismes de prévoyance, la gestion des risques étant leur ADN.

Ciblez-vous uniquement les PME et travailleurs indépendants, ou aussi de plus grandes entreprises?

Le numérique est un vrai relais de croissance pour les TPE/PME, travailleurs indépendants et professions libérales. Mais à la différence des grandes entreprises, ces structures ne disposent souvent pas de DSI ou de compétence en interne, dédiée à la gestion des outils informatiques et web. Nous nous adressons donc en priorité aux entreprises de moins de 50 salariés, pour lesquelles  la gestion et la protection du capital numérique n’a pas de solution.

Quel est votre business model et quels sont vos objectifs de développement?

Transmitio opère sur le secteur de la continuité d’activité et participe à la cyber-sécurité des TPE-PME. Notre business model est basé sur deux modes de commercialisation: la vente directe via notre site Web, et la vente via des partenaires prescripteurs. Le besoin de sécuriser et de transmettre le capital numérique de l’entreprise est commun à tous les entrepreneurs à travers le monde. Le système successoral français sur lequel nous nous appuyons est utilisé dans 89 pays en dehors de la France. Nous visons donc un déploiement international rapide.

Photo : Bad, weak, invalid password on the sticky notes par Shutterstock/Gieraryhir

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A propos de l'auteur
Journaliste dans la presse professionnelle, j'édite Business & Marchés à titre personnel depuis 2007.
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