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Bourse: des investisseurs inquiets face à la crise de la dette

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Des indices en baisse, des Etats qui peinent à rééquilibrer leur budget, un marché des IPO atone : l’été quasi-meurtrier se poursuit en Bourse.

La séance boursière de ce lundi témoigne de la nervosité des investisseurs, qui peinent à entrevoir des signaux positifs pour l’économie. A Paris, le CAC 40 est passé sous la barre des 3.000 points, du jamais vu depuis février 2009. En baisse de 4,74%, l’indice parisien, qui s’apprête à évoluer, reflète la situation délicate des marchés. Francfort, Londres, Milan et Madrid ont également dévissé.

Cette journée, qui n’est pas sans rappeler ce mois d’août compliqué en Bourse, s’inscrit dans un mouvement se dessinant face à de multiples inquiétudes relatives à la santé des Etats et des entreprises. Le secteur bancaire, pris en grippe par les investisseurs, se hisse dans le peloton de ces motifs d’incertitude. « Tant que les gouvernements européens n’auront pas trouvé une solution pérenne à la crise de la dette souveraine, la confiance des investisseurs ne se rétablira pas », expliquait fin août aux Echos Kinner Lakhani, analyste financier chez Citigroup.

Les banques, dont la question de la recapitalisation fait débat depuis la publication de stress-tests – « On sait bien quelles sont les recapitalisations qui sont nécessaires, éventuellement avec le soutien des gouvernements », a indiqué ce lundi le président de la Banque Centrale Européenne, Jean-Claude Trichet – sont donc observées pour leur attitude face à la crise de la dette et notamment les problèmes grecs, dont le dérapage, malgré un plan d’aide acté au début de l’été au niveau européen, provoque un malaise général parmi les bailleurs de fonds. Le déficit public, qui s’est élevé à 15,4% en 2009, pourrait être compris entre 8% et 9% en 2011, un niveau qui semble encore trop important pour de nombreux acteurs.

Trois Etats dans le viseur

Evangélos Vénizélos, ministre grec des Finances, a confirmé le non-respect, par son pays, des objectifs de réduction du déficit public. Malgré un programme de privatisations, de collecte renforcée d’impôts et de révision des salaires des fonctionnaires, les finances peinent à se remettre en ordre de marche, notamment en raison de la difficile application de ces mesures mais également de la récession, la chute du PIB étant estimée par Eurostat à 5% cette année, après deux années également négatives.

Trois autres pays européens figurent au cœur de la tourmente, toujours pour des motifs budgétaires : l’Italie, le Portugal et l’Irlande. Le plan de rigueur adopté par l’Italie début août, d’un montant total de 45,5 milliards d’euros, est en proie à un détricotage d’ampleur, de nature à alarmer Jean-Claude Trichet, qui a fermement rappelé à l’ordre le gouvernement de Silvio Berlusconi. Les retraites ainsi que la « taxe de solidarité » devant affecter les plus importantes fortunes transalpines figurent parmi les deux premiers éléments consentis de volte-face, l’intensification de la lutte contre la fraude fiscale devant permettre de compenser le manque à gagner.

Au Portugal, l’objectif est de renouer avec le chemin de la croissance dès 2013. L’aide financière accordée par l’Union européenne et le Fonds monétaire international, d’un montant de 78 milliards d’euros, est fonction d’un plan d’austérité déclenché par le gouvernement. Alors que troisième tranche de ce financement est fermement attendue, certaines mesures de rigueur sont sujettes à polémique. Le gel des salaires et des retraites des fonctionnaires est concerné, tout comme la taxation supplémentaire de 3% sur le bénéfice imposable, à partir de 1,5 million d’euros. Les efforts irlandais de rééquilibrage du budget sont pour leur part salués par le FMI, qui a débloqué 1,48 milliard supplémentaire dans le cadre de son plan d’aide, bien que les difficultés persistent.

Dans ce contexte pour le moins délicat, les différents acteurs économiques prennent leurs dispositions. L’automobile, la chimie et les minerais et métaux sont ainsi boudés par les investisseurs. « Ce sont des segments très sensibles aux inquiétudes sur la croissance. Un ralentissement, voire une récession, pourrait affecter directement la demande », indique aux Echos Philippe-Henri Burlisson, de Groupama Asset Management. Les entreprises s’adaptent également, en multipliant les programmes de rachat d’actions. Les reports d’introductions en Bourse ont, pour leur part, toujours le vent en poupe. Jusqu’à quand ?

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A propos de l'auteur
Journaliste dans la presse professionnelle, j'édite Business & Marchés à titre personnel depuis 2007.
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