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Les marchés financiers toujours dans la tourmente

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On pensait en avoir fini avec la crise financière entamée à l’été dernier par le biais de la crise des subprimes, ces prêts hypothécaires américains source de défaillances et de faillites en chaîne, sur fond de crise de confiance. Il n’en est rien; ce soir, le bilan de la journée sur les places boursières mondiales le confirme. -1,40% pour le Cac40 parisien, -2,4% pour Shanghai, -3,3% à Tokyo et une chute de 4,8% à Hong Kong: les investisseurs, en particulier asiatiques, ont exprimé leurs inquiétudes.

Plusieurs facteurs sont à-même d’expliquer ces dégringolades. D’une part, le fonds d’investissement américain Carlyle Capital Corporation, filiale du groupe d’investissement Carlyle, a indiqué hier soir qu’il ne pouvait plus rembourser ses 16,6 milliards de dollars de dettes. Avec environ 670 millions de dollars de fonds propres ­émanant des marchés financiers pour 345,5 millions de dollars et d’un placement privé pour le solde, Caryle avait constitué un portefeuille de 21,7 milliards de dollars, soit 32 fois la mise de départ. L’effondrement des titres qu’il avait accumulé, des créances titrisées d’immobilier résidentiel américain sponsorisées par le gouvernement, a rendu vulnérable le fonds. Près de 10 millions d’Américains ont désormais une dette d’un montant supérieure au prix de leur maison. A force de devoir accumuler les dépôts de garantie auprès de ses prêteurs, le fonds d’investissement immobilier a épuisé ses réserves de liquidités.

D’autre part, les records successifs de baisse du dollar face à l’euro et au yen attisent les inquiétudes sur les marchés. Ce jeudi, l’euro a atteint jusqu’à 1,5625 dollar. Depuis 2002, le billet vert a glissé de plus de 40% par rapport à l’euro. En cause dans cet effondrement: les finances américaines. Le déficit courant des Etats-Unis s’élève à 5,5% du PIB, en dépit d’un redressement des exportations. Une consommation excessive et un manque d’épargne concourent à la chute du billet vert. Il apparaît aussi un doute quant à la politique que mèneront des pays tels que la Chine ou l’Arabie Saoudite, détentrices d’importantes réserves en dollar. De plus, la crise du crédit a précipité l’effondrement de la devise américaine. Auparavant considérées comme des valeurs refuges, les obligations d’Etat américaines sont moins prisées des banques centrales de pays émergents.

Enfin, les records sans cesse battus des prix du pétrole à la hausse pimentent ce cocktail que semblent réfûter les investisseurs. Le prix du baril de pétrole brut (West Texas intermediate) côté à New York a atteint 110,94 dollars ce jeudi. L’agence américaine de l’énergie incrimine notamment le fait que les stocks de l’OCDE se situent bien en-dessous de leur moyenne des cinq dernières années. L’or noir fait par ailleurs figure de rempart face à la baisse du dollar; les autorités européennes s’en sont émus à plusieurs reprises. Depuis le début de l’année, les volumes d’échange à Nex York ont progressé de 12%.

Les autorités américaines souhaitent s’emparer du problème

George W.Bush s’est pour la première fois inquiété du faible niveau du billet vert. Il a déclaré vouloir « absolument » voir un dollar plus fort, ajoutant que les chiffres actuels « ne sont pas des bonnes nouvelles« . « Une des raisons pour lesquelles je suis favorable à un dollar fort, c’est parce que […] je crois que cela aide les gens à faire face à l’inflation. L’affaiblissement du dollar a affecté notre capacité à acheter de l’énergie« , a indiqué le président américain, ajoutant que le « dollar ne permet plus d’acheter autant de barils de pétrole qu’avant, et cela fait plus cher pour les Américains« .

Le secrétaire d’Etat américain au Trésor Henry Paulson a pour sa part présenté une profonde réforme du système financier. « Nous essayons de sortir de la période actuelle de turbulences des marchés tout en minimisant l’impact sur l’économie. La réglementation doit se maintenir au niveau de l’innovation et aider à restaurer la confiance des investisseurs, sans aller tellement loin qu’elle créerait de nouveaux problèmes, rendrait nos marchés moins efficaces ou priverait de crédit ceux qui en ont besoin« . Les mesures, qui se voudront donc modérées, s’articulent autour de quatre points forts: la réduction de la rémunération des actionnaires des banques, l’accroîssement de la transparence sur les actifs titrisés, le renforcement de la supervision des courtiers et l’obligation pour les agences de notation à signaler les conflits d’intérêt, les entreprises pouvant être tentées d’influer sur les notes qu’elles commandent. De plus, Paulson semble lui aussi prendre la mesure du problème monétaire: « Un dollar fort est l’intérêt » de la nation, selon le secrétaire.

A noter qu’une note d’espoir se dessine sous la plume de l’agence de notation Standard and Poor’s. La fin des dépréciations financières semble en vue, selon S&P. L’agence estime cependant le  montant des pertes des banques et autres courtiers consécutives à la crise financière à 285 milliards de dollars, soit 183,03 milliards d’euros.

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