Économie

Vers un baril à 200 dollars ?

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Au-delà des réactions soudaines des marchés face à des événements récents, quels facteurs peuvent-t-ils pousser le prix du baril à la hausse ?

L’analyse que nous proposions en novembre dernier est déjà dépassée, la barre symbolique des 100 dollars ayant été allègrement franchie par le baril de pétrole brut WTI côté à New York. Cela revient à poser clairement la question de nouveaux records eux aussi symptomatiques d’un marché tiraillé entre hausse de la demande, raréfaction de l’offre et ralentissement de la croissance américaine et plus généralement mondiale. L’Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) a d’ores et déjà choisi son camp: celui du statut-quo. « Aujourd’hui, il n’y a aucune raison de s’agiter et de dire ‘nous allons mettre plus de pétrole sur le marché’ car les demandes des pays consommateurs sont probablement motivées par des raisons politiques plutôt que par un besoin fondamental. Toute hausse de la production serait sans incidence sur les prix car il y a un équilibre entre l’offre et la demande. Nous avons augmenté la production l’an dernier, et les prix ont continué leur hausse » a expliqué, un brin provocateur, le président du cartel et ministre saoudien du Pétrole Ali al-Nouaïm.

On s’aperçoit clairement sur le graphique ci-dessus, élaboré par le service des études économiques du Crédit Agricole, que les cours du pétrole connaissent leur véritable envolée depuis le début des années 2000, telle une course effrénée aux records successifs. La chute du dollar étant un événement relativement récent, l’augmentation des prix ne peut être que partiellement imputée à cette cause. La corrélation entre les cours du dollar et ceux du pétrole, sur le WTI et le Brent comme exposé ci-dessus, ne cesse de progresser depuis 2005. Les banques centrales des pays exportateurs de pétrole gèrent différemment leurs réserves de changes depuis quelques années, et ne souhaitent plus détenir uniquement du dollar. Une partie des contrats pétroliers, libellés en dollars, est revendue pour acheter de l’euro et du yen, ce qui exerce une pression sur la devise américaine.

Selon le cercle Energy Watch Group, créé par le député Vert allemand Hans-Josef Fell, le pic pétrolier, à savoir l’instant où la moitié des réserves de brut de la planète ont été épuisées, aurait été atteint en 2006. L’extraction pétrolière diminuerait depuis de 3% par an, un chiffre qui tombe au plus mauvais point. Le dynamisme de la croissance mondiale, située à environ 5%, est poussé par la demande en hausse constante de la part des pays émergents, Chine et Inde en tête. Tandis que les économies développées tentent de trouver des alternatives à l’or noir, ces pays tirent la consommation vers le haut. La crainte d’une production insuffisante pour faire face à la poussée de la demande fait figure de spectre sur les marchés.

Dans ce cadre d’augmentation des prix, les consommateurs font figure d’otages, tout comme les entrepreneurs qui dépendent du carburant pour mener à bien leurs projets. Le kérosène est ainsi devenu le plus cher des produits distillés. « Dans les années 1970, les compagnies pétrolières internationales contrôlaient près de 75% des réserves mondiales de brut et 80% de la production. Aujourd’hui, elles contrôlent seulement 6% des réserves pétrolières et 24% de la production », le reste étant aux mains des compagnies nationales« , a indiqué Paolo Scaroni, le PDG du groupe italien Eni, lors de l’ouverture du Forum International de l’Energie à Rome.

L’hypothèse de nouveaux sommets – 200, 300 dollars ? – est également favorisée par le fait que les matières premières constituent une classe d’actifs attrayante pour les investisseurs, soucieux de rechercher des placements davantage porteurs. Le gestionnaire ETF Securities vient de démontrer que les commodités ont sur-performé au premier trimestre. La spéculation est donc un facteur qui s’ajoute à ceux émunérés précedemment, sources haussières s’installant sur la durée et amplifiées au quotidien par les événements mondiaux à même de perturber la production et l’approvisionnement.

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