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Télévision : les grandes chaînes innovent, les « petites » se consolident

5 min de lecture

Les chaînes de la TNT font preuve d’une certaine stabilité, tandis que les antennes « historiques » lancent de nombreuses nouveautés en cette rentrée.

En cette rentrée, les chaînes de télévision qui prennent le plus de risques ne sont pas celles que l’on croît. Les chaînes TNT ayant commencé à émettre en 2005 ou plus récemment font preuve d’une certaine frilosité, tandis que leurs consœurs « historiques » mettent à l’antenne de nombreuses nouveautés et font davantage preuve d’innovation. Tandis que les premières tentent de consolider leur audience, les secondes s’efforcent de limiter l’hémorragie en créant (davantage) l’évènement.

En access, France 2 joue son va-tout

Malgré un contexte économique difficile, France Télévisions a ainsi engagé de nombreux chantiers, dont certains ne seront aboutis qu’en janvier avec la refonte de France 4, qui s’adressera à un jeune public en journée et fera la part belle aux « nouvelles écritures » en soirée. Enjeu financier majeur, l’access prime-time de France 2 (compris entre 17h30 et 20h) fait l’objet d’une refonte totale afin de maximiser les revenus publicitaires sur le créneau le plus puissant pour la chaîne.

Si la chaîne joue la carte de la sécurité en faisant de nouveau appel au jeu de Nagui N’oubliez pas les paroles en remplacement des deux jeux testés cet été et de Mot de passe , elle est en revanche partie d’une page blanche pour ses autres programmes. A 17h30, le pâtissier Christophe Michalak propose d’entrer Dans la peau d’un chef. L’émission peine à profiter de l’engouement des téléspectateurs pour la cuisine (vérifié au cours des précédentes saisons par le Dîner presque parfait de M6 au même horaire) avec une part de marché s’élevant à 3,5 %.

Avant 20 heures, la fiction Y a pas d’âge ! doit constituer la rampe de lancement du journal et, surtout, du dernier écran publicitaire de la journée. Notamment incarnée par Claude Brasseur et Arielle Dombasle, elle peine également à fédérer les téléspectateurs. Le pari le plus audacieux réside néanmoins dans le talk-show de 18 heures, Jusqu’ici tout va bien. Présenté par l’humoriste Sophia Aram après une longue phase au cours de laquelle de (très) nombreux noms ont été évoqués, il aura pour objet de revenir avec humour sur l’actualité… A une semaine du lancement, le scepticisme est de mise quant aux chances de succès de l’émission.

Canal+, TF1 et M6 mêlent la nouveauté à la sécurité

En access prime-time, Canal+ a rappelé Antoine de Caunes pour reprendre les rênes du Grand Journal, dont les audiences s’effritaient. L’animateur promet une émission faisant la part belle à la surprise et à la parole, en réduisant la cadence des interventions qui s’enchaînaient jusqu’alors à une vitesse effrénée, laissant in fine peu de temps d’expression aux invités. Le Before du Grand Journal, diffusé à 18 heures, devra pour sa part capter un public plus jeune.

TF1 a pour sa part lancé cet été avec succès le programme court Peps dans son carrefour du 20h30-21h, où se succèdent plusieurs modules (dont la météo et Nicolas Canteloup) et de nombreux écrans publicitaires. Six nouvelles séries seront mises cette année à l’antenne, illustrant la volonté de renouvellement de la fiction américaine représentée par les déclinaisons des Experts, Mentalist ou bien encore Esprits criminels. Le divertissement d’Arthur sera programmé de manière plus régulière. M6 ressuscitera pour sa part des programmes d’éducation (Les Nannies, dès ce soir, et une nouvelle version du Pensionnat).

Sur la TNT, peu de nouveautés

Face à cette avalanche de nouveautés, les chaînes de la TNT font pâle figure. Il s’agit d’une stratégie délibérée pour D8, lancée en octobre 2012. « C’est très difficile de lancer de nouvelles marques, nous voulons d’abord pérenniser celles que nous avons crées », explique au Monde le directeur général du pôle gratuit du groupe Canal+, Ara Aprikian.

Echaudée par les échecs d’Amazing Race, de Popstars, et des séries Rome et The Borgias, la chaîne mise avant tout sur Touche pas à mon poste, En quête d’actualité, et son offre cinéma. Les journaux passent de deux à une seule édition. Seule nouveauté notable, la création d’un nouveau magazine quotidien, Est-ce que ça marche ?, en fin d’après-midi.

NRJ 12 a pour sa part déjà fait une croix sur la seule nouveauté de sa grille, un magazine sur l’actualité des médias confié à Jean-Marc Morandini. « L’émission n’était pas très en phase avec le reste des programmes. L’année dernière, cette émission était portée par les succès des Anges de la télé-réalité », indique le PDG du groupe, Jean-Paul Baudecroux, pour expliquer la déprogrammation éclair de l’émission, au bout de seulement deux semaines d’antenne. Avec huit fois moins de téléspectateurs que D8 à 19 heures, la chaîne a vite réagi et misera ultérieurement sur… de la télé-réalité.

Les nouveautés seront également distillées avec parcimonie sur les chaînes en haute définition, lancées en décembre dernier. RMC Découverte introduira dans le courant de l’année de nouvelles séries documentaires pour étoffer son offre, et mettra à l’antenne ses premières productions, conformément à son plan de charge. Numéro 23 a pour sa part renoncé au débat mené par Christophe Hondelatte pour tester de nouveaux formats de magazines.

Gulli se relance

Les seules nouveautés conséquentes en cette rentrée seront, pour la TNT, à trouver du côté de Gulli. La chaîne jeunesse est passée en quelques mois de 1,9 % à 1,5 % de part d’audience mensuelle. Ses résultats financiers sont également en recul, un cas atypique dans son univers de diffusion : le chiffre d’affaires est passé, selon BFM Business, de 44 millions d’euros en 2011 à 43,2 millions en 2012.

Face à cette situation, la chaîne a remanié son organigramme en nommant une nouvelle direction, modifié son habillage, et pris un virage en direction des 4/10 ans, à l’encontre de la programmation davantage orientée vers la famille au sens large proposée ces dernières années. Une émission de plateau est désormais diffusée le mercredi, les tranches phares de la chaîne (matin, midi, sorties d’école) sont mieux identifiées, et les soirées seront organisées sous forme de rendez-vous hebdomadaires (cinéma le mardi et Fort Boyard le samedi).

Benjamin Castaldi et l’humoriste Willy Rovelli rejoignent par ailleurs Gulli, qui occupe une place prépondérante chez Lagardère, dont il s’agit de la seule chaîne gratuite et au capital de laquelle le groupe pourrait prochainement monter en remplacement de France Télévisions. Ce chantier d’importance se distingue dans la relative stabilité dont font preuve les « nouvelles » chaînes, qui aspirent à devenir aussi identifiées que les « grandes », en offrant davantage de repères à leurs téléspectateurs.

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A propos de l'auteur
Journaliste dans la presse professionnelle, j'édite Business & Marchés à titre personnel depuis 2007.
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