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Télévision : les économies affectent aussi les programmes

3 min de lecture

TF1 et France Télévisions réduisent leurs coûts.

Du 14 juillet au 15 août, les journaux diffusés le week-end sur LCI seront tout en images, tandis que les bulletins météo passeront à la trappe. La chaîne d’information en continu, filiale du groupe TF1, réduit la voilure durant cette période creuse pour mieux rebondir à la rentrée, où elle devra tenter de se distinguer dans un marché fortement concurrentiel sur lequel elle n’est toujours pas rentable – elle a été créée en 1994 – et n’est diffusée que sur les réseaux payants.

Cet exemple est un des éléments les plus visibles des plans d’économies en cours dans l’audiovisuel, en proie à un contexte économique difficile. TF1 devrait réduire son budget « taxis », imposer la classe économique pour l’ensemble des déplacements et rapatrier ses séminaires au siège, selon Les Echos. A l’antenne, la chaîne a laissé échapper la Ligue des Champions à BeIn Sport au profit d’une économie de 25 millions d’euros par an. La Formule 1, qui affichait des audiences en baisse malgré une dépense annuelle de 31 millions d’euros pour les droits, est diffusée depuis peu sur Canal+. D’ici à la fin 2014, TF1 compte ainsi réduire ses coûts à hauteur de 85 millions d’euros.

France Télévisions rationalise ses programmes culturels…

Pour France Télévisions, l’enjeu est différent – son actionnariat est public – mais la finalité est identique. Alors que les audiences de quatre de ses cinq chaînes TNT ont de nouveau reculé en mai, à l’instar des antennes TF1 et M6, le groupe doit économiser 150 millions d’euros tout en respectant le cahier des charges lui étant fixé. L’offre de programmes culturels, aux audiences peu flatteuses, sera rationalisée dès la rentrée : alors que l’émission littéraire Des mots de minuit ne sera pas remplacée, Taratata, Hebdo Musique mag et le programme court CD Aujourd’hui quittent la grille de France 2 au profit d’un unique rendez-vous musical hebdomadaire.

L’une des conséquences les plus fortes sur l’offre de programmes pourrait consister en la perte des droits de retransmission du tournoi de Roland Garros, dont l’édition 2013 a permis à France 2 et France 3 d’atteindre leurs meilleurs audiences de l’année. La Fédération française de tennis souhaite réévaluer le montant des droits à la hausse : environ 16 millions d’euros étaient jusqu’alors mis sur la table par le groupe public, tandis que son homologue britannique (la BBC) débourse l’équivalent de 52 millions d’euros pour Wimbledon. BeIn Sport et Canal+, qui n’ont pas pris la parole pour le moment, se tiennent en embuscade.

… et souhaite accroître ses recettes publicitaires

Désormais organisée comme une entreprise unique, France Télévisions a lancé une campagne active de lobbying pour tenter de retrouver le droit de diffuser des spots publicitaires en soirée. Une poignée de films publicitaires diffusés avant 21 heures permettraient, selon Rémy Pfimlin, de drainer des annonceurs dont les investissements pourraient ensuite rejaillir sur la journée, sans pour autant déséquilibrer le paysage. Sa ministre de tutelle, Aurélie Filippetti, y est opposée. « La suppression de la publicité s’est donc traduite par une diminution de nos ressources », s’est récemment ému le président du groupe public.

Pour l’ensemble des acteurs, d’importants moyens seront néanmoins mobilisés dans la consolidation ou la relance de leurs tranches d’avant-soirée, stratégiques sur le plan publicitaire. France 2 proposera un talk-show à 18 heures – une case sur laquelle elle est historiquement en difficulté – puis un ou plusieurs jeux à 19 heures, en fonction du succès des tests menés durant l’été. Il s’agit de la dernière case horaire de la journée où la chaîne peut diffuser des annonces commerciales.

M6, dont l’access prime-time a perdu 10,6 % de téléspectateurs par rapport à la saison 2011/2012, envisagerait pour sa part de remplacer temporairement son Dîner presque parfait par d’autres concepts. Sur Canal+, Le Grand journal fera l’objet d’une nouvelle formule, sans Michel Denisot. Le succès fulgurant de sa filiale D8 avec Touche pas à mon poste l’a pris de court. TMC (filiale de TF1) se lancera quant à elle dans la bataille, avec Julien Courbet dans une émission aux contours encore indéfinis. Affaires à suivre…

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A propos de l'auteur
Journaliste dans la presse professionnelle, j'édite Business & Marchés à titre personnel depuis 2007.
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