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Les Etats doivent-ils tout faire pour sauver les entreprises en difficulté ?

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A débattre. La création du fonds stratégique d’investissement en France est-elle de nature à remettre en cause la dynamique libérale insufflée par le gouvernement ?

« Les entreprises françaises ont besoin d’investisseurs de confiance, d’investisseurs stables, qui ne viennent pas avec des intentions cachées sur leurs technologies, c’est-à-dire racheter pour transférer ailleurs, et qui ne viennent pas non plus avec la seule logique financière du court terme. Elles ont besoin d’investisseurs intéressés à ce que l’entreprise vaudra dans 5 ans ou dans 10 ans et pas simplement dans deux mois. Les entreprises françaises ont besoin de fonds propres pour se développer plutôt que d’effets de levier indécents pour se faire essorer« , a expliqué jeudi dernier Nicolas Sarkozy à l’occasion de l’instauration d’un fonds stratégique d’investissement doté de 20 milliards d’euros.

Présidé par le numéro un de la Caisse des Dépôts Augustin de Romanet , il sera doté d’un conseil d’orientation dirigé par Jean-François Dehecq, PDG de Sanofi-Aventis. La mission de ce « fonds souverain » à la française sera d’aider les entreprises à faire face à d’éventuels investisseurs étrangers dans les secteurs stratégiques ainsi que d’aider les PME en difficulté. Cette forme d’intervention de l’Etat apparaît bénéfique à tout point de vue : les autorités débloquent une somme assez faible comparé aux exemples étrangers, notamment américains, et renforcent leurs firmes dans le but de prémunir le pays contre une diffusion plus large de la crise économique et des approches d’entreprises touchant aux intérêts nationaux (la défense, par exemple). Elle relance cependant le débat sur la question même de cette initiative de l’Etat, à l’heure où les déficits publics ne cessent de s’aggraver.

« Pour des entreprises qui créent de la richesse, de l’innovation et des services nouveaux, si les banques ont aujourd’hui du mal à investir dans ces entreprises, nous, nous le ferons« , s’est justifié le chef de l’Etat, soucieux de mener à bien son action entamée suite aux difficultés pour obtenir un crédit. Afin de garantir le bon fonctionnement du financement de l’économie, un médiateur du crédit avait auparavant été nommé, en la personne de l’expert-comptable René Ricol. Un numéro d’appel et une cellule spécialisée ont été mis en place. Mais, à travers ce fonds, l’Elysée va plus loin que des mesures d’assistance aux entrepreneurs, en se proposant d’entrer au capital de certains structures !

Aux Etats-Unis, une relance par la consommation

L’industrie automobile américaine, exsangue, en appelle pour sa part à l’aide depuis plusieurs mois. Leur rôle est capital dans l’économie du pays : selon une étude du Centre pour la recherche automobile, les constructeurs emploient aux Etats-Unis 820.000 personnes directement et 4,5 millions indirectement. Les difficultés du secteur, additionnées à celles de la finance et à une conjoncture morose pourraient entraîner une remontée, en 2009, du taux de chômage de 6,5 % à 7,5 %. Le plan Paulson de 700 milliards de dollars pourrait, selon certaines sources, se voir vider de sa substance à hauteur de 25 milliards afin d’aider les entreprises automobiles.

Les décisions les plus importantes devraient cependant avoir lieu lors de l’investiture de Barack Obama, le 20 janvier prochain. Un plan de 175 milliards de dollars est d’ores et déjà prévu, avec des baisses d’impôts rétrocactives. Il s’agira avant tout de soutenir la consommation : les ventes de détail ont reculé en octobre de 2,8 %. Pour l’automobile, des prêts ont été proposés par les groupes démocrates au parlement. Une intervention directe au capital des firmes n’a pas, pour l’heure, été envisagée.

L’aide aux entreprises résiderait donc, aux Etats-Unis, dans des mesures de crédit et de soutien de la consommation. En France, l’assistance concernant le crédit et le fonds stratégique d’investissement sont les moyens de lutter contre l’aggravation des défaillances. Si elles ont pour objectif de constituer un rempart contre le chômage, ces interventions remettent cependant en cause le libéralisme au sens économique du terme, compte tenu de la situation politique. Un exemple reste toutefois à méditer: la faillite de Lehman Brothers en octobre dernier, lâchée par les autorités afin de prouver que les banques devaient prendre leurs responsabilités et que les pouvoirs publics ne pouvaient, à eux seuls, régler la crise.

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