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Les entreprises face à la corruption

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Près de 800 sociétés viennent d’être passées au crible en matière de lutte contre la corruption. De nombreux efforts restent à faire, même si certaines voix se font entendre.

Passe-droits, avantages obtenus illégalement : les symptômes de la corruption affectent les entreprises mondiales de manière plus répandue qu’on ne le croît. La loyauté des échanges commerciaux et la qualité du développement économique dépendent d’un système où chaque acteur accède en toute transparence, sans monnayer quelle personne ou quelque organisme que ce soit, à ses droits de manière légitime et dans les délais prévus. Il n’en reste pas moins que cette théorie, si parfaite soit-elle, ne trouve pas vraiment d’application concrète.

Une étude menée par le cabinet Vigeo permet d’aborder cette question passée sous silence par les firmes. Un panel de 772 sociétés cotées à New York, représentant 20 pays et 28 secteurs, a servi de base à cette société spécialisée dans la notation extra-financière, sert de base à cette enquête. La moyenne générale attribuée à l’ensemble des firmes en matière d’efforts contre la corruption plafonne à 4,7 sur 10, les notes les plus hautes revenant à BHP Biliton (exploitation minière) et Allianz (assurances).

Les firmes évoluant dans l’univers des matières premières constituent les plus exposées à des actes de corruption, l’octroi de marchés constituant un élément particulièrement sensible au niveau étatique dans de nombreux pays. Des fonctionnaires isolés qui tentent d’arrondir leurs fins de mois aux véritables actions politiques, nombreux sont les obstacles qui se posent aux entreprises. Le pétrole, le gaz, les métaux ou les mines sont de plus en plus la chasse gardée des Etats, de récents exemples de nationalisations suffisant à s’en convaincre.

L’informatique et le commerce aussi affectés

Moins sensible mais amené à être toujours plus exposé en raison de son importance grandissante, le secteur IT fait l’objet d’une attention particulière. Deux branches ont été étudiées par Vigeo : les logiciels et services, d’une part, obtenant une note globale de 45 sur 100 dans les efforts fournis, et les matériels et équipements informatiques d’autre part, doté d’une note de 53 sur 100.

Les cadeaux d’affaires figurent parmi les marques les plus visibles de la corruption en matière d’informatique, mais pas seulement. Pour se prémunir contre ce risque, la SSII (société de services en ingénierie informatique) française Steria a mis en place un système d’alerte éthique, permettant notamment à chaque salarié de rapporter des faits de divulgation d’informations confidentielles ou de délits d’intitié.

Les pratiques ayant cours dans de nombreux pays sont timidement dénoncées, les entreprises risquant de perdre leurs positions ou des problèmes avec les services fiscaux dans leur pays d’origine. En Russie, Etat classé au 146ème rang du classement dressé par l’ONG Transparency International (sur 180 pays), une voix détonne toutefois, celle du géant du meuble Ikea. L’enseigne y a gelé ses projets de développement compte tenu des difficultés administratives éprouvées, mais elle semble bien seule. Selon le groupe, les comptes de ses établissements auraient été trafiqués faute d’avoir versé des pots-de-vin. 11 magasins y ont été implantés en l’espace de dix ans.

L’expansion de ces pratiques masque l’activisme de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) dans ce domaine, une Convention destinée à lutter contre la corruption dans les entreprises transfrontalières ayant été ratifiée en 1999. 38 Etats l’ont aujourd’hui adopté, dont huit pays non-membres de l’institution. Ce document affirme l’interdiction de la corruption d’un fonctionnaire étranger, et ce même si la firme était la mieux positionnée pour décrocher un contrat.

Un enjeu de taille : les marchés publics représentent entre 10 % et 15 % de l’activité économique de la majorité des pays de l’OCDE.

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A propos de l'auteur
Journaliste dans la presse professionnelle, j'édite Business & Marchés à titre personnel depuis 2007.
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