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L'économie russe en difficulté

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Troubles financiers en Russie: la Bourse de Moscou a dévissé de 50 % depuis le mois de mai, mettant à mal une économie déjà fragile. « Les investissements étrangers pourraient chuter cette année à 45 ou 50 milliards de dollars contre 80 milliards de dollars en 2007« , a reconnu Vladimir Poutine, cité par le Financial Times. Il exclut tout lien entre l’intervention en Géorgie de cet été et les difficultés économiques. La Russie doit également faire face à un manque de liquidités et à une chute du rouble.

L’économie russe semble notamment payer les conséquences d’un trop grand interventionnisme de la part du pouvoir politique. La récente baisse de la Bourse fait suite à l’instauration de taxes sur le charbon et à des pressions sur le patron de TNK-BP, qui a dû quitter son poste. Le pétrolier BP et ses partenaires russes sont en bisbille à propos de TNK-BP, leur co-entreprise: la gestion de la moitié du capital, détenue par des oligarques russes, pose problème. « Des responsables de l’Etat sont clairement intervenus » dans ce conflit, indique le Financial Times. L’administration a refusé des visas de travail à plusieurs hauts responsables britanniques de TNK-BP.

Par ailleurs, le Premier ministre russe a émis fin août de vives critiques quant à la politique tarifaire du premier producteur de charbon et d’acier, Mertel. Il est reproché à la firme de vendre sa production à des prix inférieurs de 50 % à l’étranger. Vladimir Poutine a également accusé le métallurgiste de contrevenir aux lois russes sur l’exploitation des gisements de charbon, brandissant la menace de taxes à l’exportation. Les cours de l’indice phare de la Bourse moscovite avaient alors reculé.

La menace de l’inflation

La baisse des cours du pétrole entame également la confiance des investisseurs dans l’économie. « La Russie continuera de profiter de sa manne pétrolière tant que les cours des matières premières resteront élevés. […] Le budget russe serait en déséquilibre si le prix pétrole descendait en dessous de 62 dollars », expliquait récemment au Journal des Finances Juan Carlos Rocado, spécialiste des marchés d’Europe centrale et orientale chez Natixis. Entre 2001 et 2004, 70 % de la croissance de sa production industrielle émanait du secteur des ressources naturelles, le secteur pétrolier représentant à lui seul près de 45 %.

L’inflation, qui a conduit les autorités à relever les taux d’intérêt, nuit aux consommateurs et la valorisation du rouble engendrée par cette décision s’effectue au détriment des industriels. Le développement de la classe moyenne et des prix a déjà commencé à peser sur les chefs d’entreprise, sous pression à propos d’un potentiel relèvement des salaires.

Par rapport à la crise de 1998 qui avait conduit à la dévalution du rouble, « les fondamentaux de l’économie russe sont bien plus sains« , selon Juan Carlos Rocado. Toutefois, pour faire face aux difficultés économiques, le vice Premier ministre et ministre des Finances Alexeï Koudrine a fait part d’un recours aux fonds de retraite et à un fonds de richesse nationale, tandis que la Banque centrale de Russie s’est dit prête à injecter 1.000 milliards de roubles dans le circuit. Le projet du président Dmitri Medvedev (photo) de faire de Moscou un centre financier international est également remis sur la table. Les efforts du gouvernement sur la recherche de nouveaux centres de profits, comme les nanotechnologies, sont également mis en avant par les autorités, mais tarderont à montrer leurs effets.

Minée par ces éléments, l’économie russe pourrait redorer son blason à travers ses bons résultats à l’échelon international: les banques russes n’ont pas été contaminées par la crise, et la croissance du PIB s’affiche à 7,5 % et de 10 % pour l’industrie manufacturière quand les pays d’Europe occidentale craignent une récession.

 

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