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Fusions-acquisitions: les leçons de la crise

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La crise financière et économique a particulièrement affecté le marché des fusions-acquisitions. Bilan de ces turbulences.

Selon une étude publiée au début de l’été par Mergermarket, les fusions-acquisitions ont reculé de 46 % en valeur et de 52 % en volume au cours du premier semestre, malgré un contexte économique en train de se détendre. L’Europe a particulièrement été affectée, avec une chute de 56 % des transactions en valeur. Ces chiffres témoignent de la détérioration du climat économique, ainsi que des difficultés persistantes des entrepreneurs à pouvoir mener leurs projets.

Le marché mondial des fusions-acquisitions, même s’il reste marqué par une prédominance des secteurs bancaires et miniers, avec des rapprochements effectués à la suite de la tempête financière et des forts mouvements sur les cours des matières premières, est en passe de se transformer. Les établissements financiers américains ont connu une phase de consolidation après la faillite de Lehman Brothers, et les clauses de protection s’etoffent au sein des contrats. Ces points font partie des événements les plus marquants de la crise en matière de fusions-acquisitions.

  • Un marché meurtri par la crise

Les opérations de fusions-acquisitions de sociétés ont été frappées par la crise: au cours du premier semestre, elles ont totalisé, selon les calculs de Thomson-Reuters, 751,6 milliards de dollars. Au cours des six premiers mois de 2008, ce montant s’élevait à 1.200 milliards de dollars. Cette chute des transactions n’est pas sans rappeler les difficultés qui avaient surgi après l’éclatement de la bulle internet et NTIC au début des années 2000. Les commissions des banques spécialisées sur ce marché souffrent de cette désaffection.

  • Les grandes entreprises concernées

Les grandes entreprises n’ont pas été épargnées par la chute des opérations en matière de fusions-acquisitions. Ainsi, des firmes aussi renommées que l’énergéticien EDF ou le brasseur belgo-brésilien ABInBev ont exprimé des difficultés à financer les transactions sur lesquelles elles travaillaient, les contraignant la plupart du temps à reporter leurs projets, voire à les annuler. Tous les secteurs ont été touchés par cette frilosité (dans le domaine du tourisme, des projets contrariés chez TUI).

  • Des transactions rendues nécessaires par le contexte économique

Les quelques grandes opérations qui se sont déroulées depuis un an ont été rendues nécessaires par le changement brutal des conditions économiques et financières. La banque belgo-néerlandaise Fortis a été découpée en plusieurs ensembles, dont un est revenu, à la rentrée 2008, à BNP Paribas. Barclays et la banque japonaise Nomura ont, pour leur part, repris des activités de Lehman Brothers. A noter également, le renforcement de Wolkswagen par une prise de participation dans Porsche. Dans le secteur automobile, les équipementiers et constructeurs chinois exercent par ailleurs un poids non-négligeable, désireux de s’imposer au niveau international.

  • Des valorisations plus modestes

Depuis un an, les valorisations des entreprises ont reculé de plus de 30 % en Europe: cette donnée est essentielle pour appréhender les mutations du marché des fusions-acquisitions. Les télécoms et l’énergie affichent une certaine résistance, un îlot en baisse mais moins affecté que les firmes du secteur financier. Les multiples de transactions (ratio valeur d’entreprise sur excédent brut d’exploitation), témoignent de ce recul.

  • Des transactions plus longues et mieux encadrées

La période allouées aux audits et aux négociations tend à s’allonger à la faveur de la crise, avec un passage au crible des entreprises dont la nécessité est plus que jamais affirmée. Les acquéreurs souhaitent, dans leur grande majorité, un renforcement du cadre juridique des contrats, imposant des clauses de protection particulièrement restrictives. Le rapport de force entre vendeurs et acheteurs s’exprime à travers la forme prise par les contrats.

Dans ce contexte, seule une catégorie d’investisseurs émerge du lot: les fonds de private equity (prises de participation dans des sociétés non-cotées) font part de capacités financières inégalées. Les récentes opérations ou tentatives (Kraft/Cadbury, Disney/Marvel…) constituent également des signes positifs pour la reprise.

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A propos de l'auteur
Journaliste dans la presse professionnelle, j'édite Business & Marchés à titre personnel depuis 2007.
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