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Fed/BCE, je t'aime moi non plus

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Alors que les taux fixés par la Réserve fédérale américaine ont chuté de manière sensible depuis le déclenchement de la crise financière, boursière et bancaire initiée au début de l’été, la Banque centrale européenne s’est appliquée à agir avec plus de parcimonie, l’institution présidée par Jean-Claude Trichet mettant en avant une stratégie de long terme davantage basée sur la lutte contre l’inflation, une de ses missions, que sur les réactions immédiates à la conjoncture et aux variations des marchés. « Lors des périodes de turbulences sur les marchés, la responsabilité de la Banque centrale est d’ancrer solidement les anticipations d’inflation« , a fait valoir devant le Parlement européen l’ancien gouverneur de la Banque de France.

La menace d’une récession aux Etats-Unis, la menace de l’inflation en Europe

Les deux banques centrales doivent avant tout faire face à deux problèmes de nature a priori différente: Ben Bernanke doit pouvoir être en mesure de soutenir une croissance dont la brutale décélération en décembre montre encore les limites de l’économie américaine actuellement, tandis que Jean-Claude Trichet ne cesse de réaffirmer son inquiétude contre une hausse généralisée et durable du niveau des prix, ce qui l’amène selon lui à devoir se montrer moins réactif face à l’actualité. A noter à la décharge de la BCE que l’ampleur de la crise financière n’est pas la même outre-Atlantique, où un grand nombre de banques a été sévérement touché secteur des crédits en crise face à des impossibilités de remboursement, tandis que les établissements du Vieux Continent s’avèrent moins affectés par les risques tirés des subprimes.

Une accumulation des critiques se dessine également sur le front des deux institutions. La Fed s’est vue reprocher par certains spécialistes sa trop grande propension à céder à la panique et à remettre en cause leur crédibilité pour éviter de trop fortes chutes en Bourse, comme en témoigne l’intervention de Ben Bernanke une heure avant l’ouverture de Wall Street le 22 janvier dernier, au lendemain d’un lundi « noir » pour les places boursières mondiales. La BCE se voit quant à elle attaquée pour sa lenteur, les conséquences d’une baisse des taux d’intêret étant difficilement persceptibles avant plusieurs trimestres. Sur le plan des appuis politiques, tandis que Ben Bernanke n’en réfère qu’à George W. Bush, Jean-Claude Trichet doit échanger avec 27 chefs d’Etat. Tandis que Bush a annoncé il y a quelques semaines un plan de relance d’un montant de près de 140 milliards de dollars, quelle action concertée pourrait être enclenchée en Europe ?

Si les intentions des deux établissements s’avèrent différentes sur la forme, elles restent cependant communes sur le fond: superviser la création de monnaie, la politique monétaire et veiller au bon fonctionnement des banques.

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