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« En Chine, les entreprises étrangères sont traitées différemment »

3 min de lecture

Entretien avec Stéphane Grand, fondateur d’un cabinet comptable à Shanghai, sur l’entrepreneuriat en Chine et l’implantation des sociétés étrangères.

Stéphane Grand

Stéphane Grand

Thibaud André, expert business Chine, a recontré Stéphane Grand, fondateur du cabinet comptable SJ Grand situé à Shanghai.

Comment la Chine s’est-elle développée en augmentant les investissements étrangers ?

Historiquement, établir une société étrangère en Chine, depuis que la Chine s’est réouverte aux investisseurs étrangers en 1979, a toujours été bien contrôlé. Le gouvernement chinois se méfie des opérations commerciales étrangères, pour des raisons politiques ou économiques.

Des raisons politiques tout d’abord. Le gouvernement chinois ne veut pas voir trop d’étrangers entrant dans des domaines particulièrement sensibles de l’économie chinoise, comme la défense, la télécommunication voire même la production cinématographique et tout ce qu’elle implique en termes de transformation culturelle. Les autorités chinoises ne veulent pas laisser des étrangers apporter des prestations intellectuelles qui ne vont pas rester physiquement en Chine, et ainsi recevoir de l’argent chinois qu’ils vont ensuite sortir hors des frontières de Chine.

Cette volonté de protectionnisme et cette crainte de perdre la valeur créée en Chine, se retrouve dans l’histoire économique de la Chine. Dès le milieu des années 1980, les sociétés étrangères ont été autorisées à produire en Chine, en apportant de la technologie, de l’investissement, des machines, du savoir-faire (ce qui a rapidement fait de la Chine « l’usine du monde »). En revanche, ce n’est qu’au début des années 2000, que des sociétés étrangères ont été autorisées à vendre des services en Chine. Et c’est encore plus tard qu’on a autorisé les sociétés étrangères à gagner de l’argent avec la distribution.

Dans quelle mesure Pékin assure-t-il le contrôle des entreprises étrangères ?

Les entreprises étrangères sont traitées différemment des entreprises chinoises en Chine. Il y a une réglementation pour entreprise étrangère, une réglementation pour entreprise chinoise. Le modèle de la « wholly foreign-owned enterprise » (WFOE), est le seul modèle qui est ouvert à un investisseur étranger qui souhaite détenir 100% du capital ou un consortium d’investisseurs étrangers qui souhaiteraient détenir 100% du capital.

Le catalogue des investissements étrangers, est un document important, pour planifier son investissement. C’est une liste qui est donnée par le gouvernement chinois, des activités qui sont ouvertes aux entreprises étrangères en Chine et qui est remise à jour au gré des changements de situation économique du pays. Certaines activités sont traditionnellement fermées comme l’éducation, la production cinématographique, la défense, les télécoms, etc.

Donc les entreprises qui se trouvent bloquées par cette régulation vont trouver des chemins de traverse. Mais cela conduit toujours à avoir un intermédiaire chinois ; c’est-à-dire soit une société d’Etat, soit un intermédiaire créé pour l’occasion. L’autre modèle principal pour avoir une activité en Chine est le bureau de représentation, qui ne permet pas de facturer, ni de vendre.

Existe-t-il des perspectives d’ouverture ?

Je pense qu’il y a deux phénomènes qui coexistent. Le premier est un resserrement face au laxisme de ces dernières années. Il y a avait un laxisme bienveillant, qui permettait aux étrangers d’opérer en Chine un peu en dehors de la règlementation. C’est en train de disparaître, les choses se resserrent. D’un autre côté, on observe une tendance inverse et qui joue en faveur de cette ouverture, qui est le nombre de domaines autorisés en constante augmentation.

A Shanghai, Thibaud André

Jeune diplômé d’un master en marketing, Thibaud André est expert business Chine au sein du cabinet Daxue Consulting.

Photo : Businessmen handshake par Shutterstock

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